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Transport à la demande. Thibault Lécuyer-Weber répond à Eric Ritter

Thibault Lécuyer-Weber, PADAM

Crédit photo Thibault Lécuyer-Weber, PADAM

 

Pouvoir d’achat, report modal, décarbonation des transports…Les thèmes se sont peu à peu imposés dans le débat sur les mobilités. Puis sont intervenus les services express régionaux métropolitains, les ex-RER métropolitains, venus rebooster ce débat, avec leurs perspectives de part accrue du rail, grâce à la fréquence, le maître mot des services réguliers de transport, qu’ils soient ferroviaires ou routiers, avec les cars express.

Mais qu’en est-il lorsqu’il n’y a pas d’offre? Christophe Béchu, alors seul aux commandes, avait insisté sur la nécessité de proposer du covoiturage, par exemple, sujet à la mode. Qu’en sera-t-il de Patrice Vergriete, ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé des Transports ? Pas sûr que la desserte des zones peu denses soit le premier sujet de préoccupation de cet ancien élu local, maire puis président de la communauté urbaine de Dunkerque. Les JO, le modèle économique des concessions autoroutières, le climat social à la RATP et à la SNCF, les dossiers ne manquent pas sur son bureau, avant qu’il ne soit contraint de répondre aux demandes en matière de financement, des autorités organisatrices, régions en tête.

Qu’en est-il du transport à la demande (TàD)? Ces dernières années, l’offre a été renouvelée avec le TàD dynamique. De quoi s’agit-il? De rationaliser le transport public en adaptant plus finement l'offre à la demande. On est loin maintenant d’un service pour les besoins spécifiques des usagers les plus fragiles; si cela demeure évidemment indispensable, il pourrait s’agir aussi d’une offre de service toujours plus ambitieuse, de nature à réduire les parts de marché de la voiture particulière. Des algorithmes performants recalculent les trajets en temps réel pour les optimiser. Au lieu de suivre des itinéraires et des horaires fixes, les véhicules suivent les réservations des usagers. C’est toute la différence avec les services réguliers. C’est devenu un des atouts de la proposition de service de PADAM.

A l’occasion du fonds vert (*), Thibault Lécuyer-Weber, CEO de Padam Mobility nous en dit un peu plus.

Eric Ritter. Annoncé le 27 août 2022 par la Première ministre Elisabeth Borne et effectif depuis janvier 2023, le fonds vert est un dispositif jugé comme inédit pour accélérer la transition écologique dans les territoires. Concrètement, les populations qui y vivent n’ont souvent pas de solution de mobilité alternative à leur propre voiture, quand elles ont en une, quand elles peuvent se payer la seconde voiture. D’un autre côté, les collectivités sont à la recherche de solutions à leur offrir; elles sont sollicitées pour proposer rapidement des alternatives à la voiture particulière. Que leur proposez vous?

Thibault Lécuyer-Weber. Couteau suisse du transport public, le Transport à la Demande a la force de pouvoir être implanté partout où des lignes de transport fixes seraient beaucoup trop onéreuses pour les collectivités. Nous avons observé que plus de 10% de nos usagers se sont séparés d'un véhicule depuis qu'ils ont accès au TàD. En ce sens, le fonds vert est une opportunité formidable pour les zones rurales qui souhaitent à la fois permettre à leurs administrés de se passer de la voiture, tout en maîtrisant les coûts d'exploitation. Il est déployable rapidement, et peut répondre en partie à la grogne rurale actuelle. Je parle de ce sentiment justifié d'injustice face à la répartition des services publics sur notre territoire. Les ruraux sont dans les faits des citoyens de seconde zone concernant le droit à la mobilité pour tous. Nous permettons aux élus de changer cela.

ER. Certains considèrent que l’essentiel a été fait pour les agglomérations, les hyper centres (sachant qu’il faut maintenant se concentrer sur le périurbain ou les zones rurales), qu’est elle votre avis? En quoi les solutions proposées par Padam Mobility révisent-elles le transport à la demande? Il a très tôt été mis en place à titre complémentaire…Qu’est-ce qui caractérise vos solutions, en quoi sont elles plus efficaces que la version old school?

TLW.Depuis une petite dizaine d'années, le Transport à la Demande est devenu "dynamique" grâce à la révolution numérique. Les nouvelles technologies permettent de mieux calculer les itinéraires pour mieux remplir les véhicules, et donc rendre le TàD beaucoup plus efficace économiquement. De taxi public coûtant une fortune, il est devenu la solution la plus abordable pour offrir du transport en commun partout où la demande est peu dense.

ER. Sur certains axes, pour certains territoires, on avance de plus en plus la solution du covoiturage…A l’aune de toutes ces solutions (elles incluent aussi l’autopartage, la complémentarité des modes dans un parcours sans couture), comment voyez vous l’évolution de la mobilité en France? Quels sont les exemples que vous avez à l’étranger, pour des besoins similaires? Et avant tout, ne considérez vous pas qu’il y a urgence à répondre aux besoins de nos concitoyens. On leur parle du climat, de sobriété (« fin de l’abondance »), et en même temps les services publics semblent reculer quand ce ne sont pas les grands projets qui retiennent l’attention.

TLW.Dans un monde idéal et possiblement proche en réalité, l'usager ne se préoccupera pas de savoir s' il prendra un covoit, un TàD, ou une voiture partagée. Il tapera son itinéraire, et choisira parmi toutes ces options celle qui lui convient. Il pourra se rendre au travail le matin en TàD, puis revenir en Covoit, et avoir tout réservé sur une seule application de son mobile. L'Asie est un bon exemple en ce sens. Deux choses à retenir selon moi : d'abord, lorsqu'il s'agit de décarbonation, il n'y a pas de concurrence entre les solutions. Ensuite, c'est la qualité de l'expérience usager qui fera le changement de pratiques, pas la coercition. Ils ne sont pas si nombreux ceux qui aiment tant que cela la voiture en réalité. Beaucoup de ménages rêvent de n'avoir plus qu'une voiture, voire une voiture partagée. De plus en plus de nos citoyens préfèrent se faire conduire que conduire, et c'est tant mieux.

Par ailleurs, dès qu'on essaie d'opposer fin du monde et fin du mois, ça grogne, et c'est entendable. Le TàD, mais aussi le covoiturage, sont des outils considérables pour une politique gagnant-gagnant d'invitation, et non de coercition. On dit au citoyen "voici des solutions qui conviennent à ton besoin spécifique sur ton territoire, tu peux maintenant te passer de ton plein d'essence à 100 euros", plutôt que de lui dire "tu pollues, on va augmenter le plein d'essence pour que tu restes chez toi". Pour le politique, c'est l'effet kiss-cool : décarbonation et satisfaction des électeurs.

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Avec 13,3 millions de Français en situation de précarité mobilité1, le gouvernement encourage le développement de solutions de mobilités dans les territoires ruraux avec Le Fonds Vert Axe 3. Un axe qui vise à améliorer le quotidien des habitants des territoires ruraux avec plusieurs solutions de mobilité durable dont le service Transport à la Demande.

Le Fonds Vert a été mis en place par le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires afin de soutenir le développement des mobilités durables en zones rurales de 90M€ sur trois ans. A travers cette mesure, le fonds vise à accompagner les autorités organisatrices de la mobilité locale et leurs partenaires dans le déploiement d’une offre de mobilité durable, innovante et solidaire.

Aujourd’hui, 80% des habitants des zones rurales sont dépendants de la voiture. Face à cet enjeu, les solutions de Transport à la Demande (TàD) s'avèrent être une alternative pertinente pour dynamiser les zones rurales. Comme le covoiturage, le Transport à la Demande constitue le seul moyen de réduire drastiquement l’autosolisme et la précarité-mobilité et de garantir une offre de transport public sur tous les territoires peu denses de façon abordable.

Auteur

  • Eric Ritter
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