Parmi les 462 naufragés français du Costa Concordia, un groupe de touristes venu de la Réunion est sorti indemne de la tragédie. A l'heure où l'on recherche encore des disparus, les conséquences économiques du drame sont encore difficiles à mesurer, sinon à appréhender.
Pour le tourisme de croisière, il y aura un "avant" et un "après". Par delà la tragédie humaine, qui a fait 6 morts, 40 blessés, dont certains grièvement et, selon les sources, entre 15 et 17 disparus, l'image du Costa Concordia gîtant sur un rocher de l'île de San Giglio, dans le sud de la Toscane, a marqué tous les esprits. La croisière avait, jusque là, le vent en poupe, notamment sous l'influence des campagnes de promotion des grandes compagnies comme Costa Croisières, leader européen qui détient plus de la moitié du marché français et lui-même filiale du groupe américain Carnival, numéro 1 mondial de la croisière. Plus personne ne doute que ce produit sera dorénavant plus difficile à vendre, et que son image de "voyage tout compris sans souci" est ternie pour longtemps.
Il est trop tôt, alors que le bilan humain du naufrage n'est même pas définitif, pour en mesurer l'impact économique. A la Réunion, l'agence Muta Voyages, de Saint-Pierre est soulagée. Elle avait vendu la croisière à un groupe de 31 personnes, parties le 5 janvier de l'île Bourbon pour embarquer le 8 janvier, à Marseille, sur le Costa Concordia. Tous sont rentrés sains et saufs ce lundi 16 janvier. Marie-Andrée Nioubé, agent de réservation, loue le sang froid du responsable du groupe qui avait organisé ce voyage. Il a été régulièrement en contact avec le bureau de Saint-Pierre et s'est chargé de trouver des solutions aux problèmes urgents qui se posaient. A l'agence,"Nous avons dû intervenir auprès de la compagnie aérienne pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de difficultés au retour liées à la perte des papiers d'identité", explique l'agent de voyages réunionnaise. "Nous avons aussi pris contact avec le plateau assurance, pour régler l'hôtel au cas où Costa ne le ferait pas". Le croisiériste, qui a mobilisé tous ses moyens pour faire face au drame et organiser le rapatriement des naufragés, n'a toutefois pas contacté l'agence de Saint-Pierre... qui a géré la situation directement avec son client, responsable du groupe.
Les clients de l'agence Muta Voyages partent assez régulièrement en croisière, surtout dans l'océan Indien, sur des paquebots de Costa Croisières. En fin de matinée, aucune annulation n'avait été enregistrée à l'agence de Saint-Pierre. Des clients individuels ont prévu de partir en croisière fin janvier. Marie-Andrée Nioubé s'attend à devoir rassurer dorénavant sa clientèle, mais elle n'a pas à ce jour d'élément particulier d'information sur la sécurité à bord des navires. Costa Croisières, qui met à présent en cause son commandant, assure qu'elle "opère ses activités dans le plus grand respect de toutes les normes relatives à la sécurité". Elle insiste sur la formation de son personnel à cette réglementation et à ses procédures. Au regard des témoignages des survivants de la tragédie, cet élément, comme tant d'autres aberrations relevées à l'occasion de ce naufrage, sera sans doute vérifié. Il reste que l'état psychologique de plus de 4 200 personnes à bord d'un navire en détresse ne supporte guère le rationnel, aussi encadré soit-il.