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Le tourisme en Ukraine, prisonnier du conflit entre Kiev et Moscou

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Enjeux politique, diplomatique et militaire d'un conflit qui la concerne directement et la dépasse tout autant, l'Ukraine ne peut plus tenir aujourd'hui les promesses que son potentiel touristique et un début d'engouement l'an dernier laissaient entrevoir. Le tourisme en Russie pourrait-il aussi en faire les frais?

Personne ne peut aujourd'hui prédire l'évolution de la crise entre l'Ukraine et la Russie. Seule certitude, le tourisme est d'ores et déjà affecté. En Ukraine pour l'instant, en Russie peut-être demain. Cette tourmente survient au moment où la destination commençait à prendre vraiment son envol auprès de la clientèle française.

L'an dernier, l'Ukraine s'est hissée au 7e rang des destinations les plus prisées proposées par Amslav. Ces bons résultats ont poussé ce tour-opérateur spécialiste de l'Europe centrale et de l'Europe de l'Est à "étoffer sa production en 2014" vers ce pays. Il a notamment créé un circuit "De Kiev à la mer Noire", et deux offres "à la carte". Le bruit des bottes a eu raison de ces espérances. "Plusieurs groupes ont annulé leur voyage", confirme Géraldine Chachourine, responsable de la production chez Amslav. Ils devaient partir ce printemps. Même constat chez Pouchkine Tours : Olga Trineeva, responsable de cette marque orientée vers les pays de l'Est et du centre de l'Europe du groupe Salaün Holidays, considère qu'il est bien compréhensible que "les événements en Ukraine aient, à ce jour, un grand impact sur les inscriptions pour des voyages vers ce pays".

Peau de chagrin

Tout dépendra aussi de la durée de cette crise en pleine Europe. "L'Ukraine se vend en haute saison surtout", remarque Géraldine Chachourine, ce qui peut laisser quelques possibilités de rattrapage. Mais la clientèle groupes n'aime ni les incertitudes ni les réservations de dernière-minute. Les demandes à venir sur ce segment risquent fort de se réduire comme peau de chagrin.

Demi-soulagement pour Amslav, le TO n'avait pas pris d'engagements pour accompagner le renforcement de son offre vers l'Ukraine, ce qui limite le préjudice potentiel. En revanche, Géraldine Chachourine s'inquiète pour les partenaires d'Amslav sur place qui ont parié sur l'engouement de la clientèle française pour la destination pour investir et développer leurs prestations. "Le pays a fait d’énormes efforts dans le développement du tourisme, relève aussi Olga Trineeva, et il serait très dommage de perdre ces acquis".

La Crimée, passage obligé du touriste

Effectivement, l'Ukraine, a investi en 2012, conjointement avec la Pologne, dans l'organisation du championnat d'Europe de football. Elle a réussi l'an dernier à faire inscrire deux sites du pays sur la liste du Patrimoine mondial de l'Humanité : la cité antique de Chersonèse Taurique et sa chôra et, avec la Pologne toujours, ses églises en bois, les tserkvas des Carpates.

Elle dispose de bien d'autres trésors pour le tourisme, notamment dans la péninsule de Crimée, celle-là même qui semble être l'épicentre géographique de la crise diplomatique et militaire d'aujourd'hui, et que le ministère français des Affaires étrangères recommande d'éviter, sauf impératif, ou de quitter. Si le pays est bien plus vaste que la France, il n'empêche que,"concernant l'Ukraine, 90 % des demandes reçues par Amslav incluaient la Crimée", indique Géraldine Chachourine. Sébastopol, Yalta, Kazantip sont autant de noms de lieux ou d'événements qui ont un écho au-delà de la Crimée.

Avantage et fragilité à la fois, le tourisme ukrainien est porté, dans le pays même, par les initiatives privées et, à l'étranger, par les tour-opérateurs, notamment français, qui ont dû structurer l'offre, fournir la documentation, mettre en avant la destination. De même, la compagnie aérienne Ukraine International s'efforce, à son niveau, de promouvoir le pays dont elle porte les couleurs et le nom.

Ricochet en Russie?

Ce ne sont pas les seules couleurs qui pourraient subir un préjudice du fait de la situation ukrainienne. L'image de la Russie, telle qu'elle est véhiculée par les médias à travers les prises de position du président Vladimir Poutine, peut s'en trouver écornée, amenant certains clients à reporter leur désir de Russie à des jours meilleurs. La responsable de Pouchkine Tours n'y croit guère : la Russie reste toujours "un pays où l'on peut voyager en toute sécurité" et qui propose "de magnifiques découvertes". Géraldine Chachourine ne ressent pas d'inquiétudes particulières des clients à propos de la Russie. "La demande est toujours là", assure la responsable production d'Amslav qui dit avoir "fait deux très bons premiers mois en 2014 sur la Russie", première destination du TO l'an dernier.

Des clients finaux s'inquiètent en revanche des restrictions qui pourraient être imposées à la délivrance de visas si les protagonistes se lançaient dans une politique de sanctions. Géraldine Chachourine a déposé tout récemment une trentaine de passeports au bureau des visas sans qu'aucune allusion ne soit faite à la situation. Eric Collange, directeur commercial de CroisiEurope qui propose des croisières en Ukraine, sur le Dniepr, et en Russie, sur la Volga, estime en outre que les voyageurs sont de mieux en mieux informés, et qu'ils voient bien les distances géographiques qui séparent les hauts lieux touristiques de Russie et la péninsule de Crimée. Comme quoi, la géographie ne sert pas seulement à faire la guerre, comme l'affirmait le géographe Yves Lacoste, elle sert aussi à faire du tourisme.

 

 

 

 

 

Auteur

  • Stéphane Jarre
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