Réuni à Bonn, ancienne capitale de l'Allemagne de l'Ouest, jusqu'à demain, 8 juillet, le comité du patrimoine mondial de l'Unesco a classé sur sa fameuse liste 24 nouveaux sites, dont deux en France, et étendu l'inscription de trois autres lieux.
Le patrimoine mondial de l'Humanité s'est enrichi de 24 nouveaux sites à l'occasion de la réunion qui s'achèvera demain, 8 juillet, du comité ad hoc de l'Unesco à Bonn, en Allemagne. Au cours de cette session, 36 candidatures ont été examinées et les deux tiers acceptées. Beaucoup de biens d'Asie et d'Europe, un peu d'Amérique et aucun d'Afrique, à l'exception d'une modification, ont rejoint la fameuse Liste du patrimoine mondial de l'Humanité, gage de notoriété et d'attrait touristique amplifié.
Bourgogne et Champagne!
En Europe, huit sites ont été retenus, dont deux en France se rapportant aux vignobles de Bourgogne et de Champagne.
En Côte d'or, "les climats du vignoble de Bourgogne" sont dorénavant sur la Liste de l'Unesco. "Ces parcelles de vignes précisément délimitées sur les pentes de la côte de Nuits et de Beaune, au sud de Dijon [...] se distinguent les unes des autres par leurs conditions naturelles spécifiques qui ont été façonnées par le travail humain et peu à peu identifiées par rapport au vin qu'elles produisent", explique l'Unesco qui inclut dans cette inscription outre les vignes et des villages alentours, la ville de Beaune et le centre historique de Dijon "qui matérialise l'impulsion politique donnée à la formation du système des climats" développé depuis le haut Moyen-Age.
Les coteaux, maisons et caves de Champagne font leur entrée au patrimoine mondial de l'Humanité, particulièrement les lieux historiques où fut développée la méthode champenoise, du côté d'Hautvilliers, Aÿ, Mareuil-sur-Aÿ, de la colline Saint-Nicaise à Reims, de l'avenue de Champagne et du Fort Chabrol à Epernay.
Danemark, deux points, Italie un point
Deux sites ont également été retenus au Danemark, portant à huit le nombre de biens classés par l'Unesco dans le pays. La colonie de l'Eglise morave de Christianfeld, dans le sud du Jutland, et l'habitat caractéristique de cette communauté d'obédience luthérienne, avec ses maisons aux façades jaunes et aux toits de tuiles rouges, organisées de manière particulière, rejoint lest autres sites classés du pays. Tout aussi structuré, le "paysage de chasse par force de la Zélande du Nord", à 30 km de Copenhague, appartient désormais au patrimoine mondial de l'Humanité avec ses forêts et paysages caractéristiques où les anciens monarques danois aimaient pratiquer la chasse à courre.
En Italie, l'Unesco s'est arrêtée sur le patrirmoine arabo-normand de Palerme, en Sicile. Le comité a classé deux palais, trois églises, une cathédrale et un pont dans la capitale sicilienne ainsi que les cathédrales de Cefalu et Monreale sur la côte nord de l'île comme témoignages de l'époque du royaume normand de Sicile mais aussi de la synthèse entre les cultures, arts et traditions du pourtour de la Méditerranée.
Patrimoine industriel remarquable
La Norvège s'est enrichie d'un huitième site classé par l'Unesco avec le patrimoine industricel de Rjukan-Notodden. Ce site associe dans un paysage de montagnes et de vallée tant la production hydro-électrique que la fabrication d'engrais chimiques et l'habitat ouvrier et les institutions sociales des deux villes distantes de 75 km situées à l'ouest d'Oslo.
Le pont ferroviaire du Forth, qui enjambe l'estuaire du même nom, en Ecosse entre au patrimoine mondial de l'Humanité. Ouvert en 1890, il a toutes les caractéristiques des ouvrages de l'époque de la Révolution industrielle tout en ayant une esthétique qui lui est très particulière.
En Allemagne, l'Unesco a retenu les entrepôts et les immeubles administratifs de Hambourg dédiés au commerce avec le monde. La Speicherstadt et le quartier Kontorhaus avec la Chilehaus sont des témoignages importants du développement rapide des échanges mondiaux en lien direct avec l'activité portuaire de la cité hanséatique.
Forteresse, nécropole, archéologie
Aux Proche et Moyen-Orient, sept sites ont été retenus par le comité du patrimoine mondial, dont deux en Turquie et deux en Iran. Le "paysage culturel de la forteresse de Diyarbakir et les jardins de Hevsel" entrent au patrimoine de l'Humanité, notamment pour les remparts de plus de 5,8 km de long et le système de fortification et d'alimentation en eau de la cité du sud-est de l'Anatolie considérée par les Kurdes de Turquie comme leur capitale. L'Unesco a également classé Ephèse, ville d'une grande richesse patrimoniale depuis l'Antiquité.
En Jordanie, le site du baptême "Béthanie au-delà du Jourdain" a été classé au patrimoine mondial pour son intérêt religieux, particulièrement pour les chrétiens qui situent là le lieu le plus probable du baptême de Jésus de Nazareth. Deux zones archéologiques, celle de la colline d'Elie et celle des églises Saint-Jean-Baptiste font ainsi leur entrée sur la liste de l'Unesco.
Religion également avec la nécropole de Bet She'arim, située au sud-est d'Haïfa, en Israël, qui rejoint le patrimoine mondial pour son réseau de catacombes qui constituent "un trésor d'œuvres d'art et d'inscriptions en grec, araméen et hébreu" et un"haut lieu du renouveau juif" d'après l'an 135.
Art rupestre et modes de vie
L'art rupestre de la région de Hail en Arabie saoudite a été classé par le comité du patrimoine mondial sur deux sites au paysage désertique du nord de la péninsule : le djebel Umm Sinman et les djebels al-Manjor et Raat. Près de 10 000 ans d'histoire humaine sont ainsi reconnus.
Le paysage culturel de Maymand, en Iran, fait désormais partie du patrimoine mondial de l'Humanité. L'Unesco s'intéresse particulièrement au mode de vie semi-nomade des populations locales vivant une partie de l'année dans des maisons troglodytes au bout d'une vallée désertique du centre du pays. Dans le sud-ouest, c'est l'ensemble archéologique de Suse et le palais d'Ardeshir de part et d'autre de la rivière Chaour qui portent à 19 le nombre de sites iraniens classés.
Patrimoine asiatique
En Extrême-Orient, cinq biens ont été inscrits lors de la 39e session du comité du patrimoine mondial, en Mongolie, en Chine, en Corée du Sud, au Japon et à Singapour.
En Mongolie, le patrimoine sacré devient la quatrième entrée du pays sur la Liste de l'Unesco. La grande montagne Burkhan Khaldun et son paysage sacré environnant dans la partie centrale des monts Khentii font remonter jusqu'à la naissance de Gengis Khan. En Corée du Sud, des sites archéologiques, palais, temples, forteresses, remparts du Ve au VIIe siècles rappelant les grandes heures du royaume Baekje sont dorénavant classés. Ces aires historiques de Baekje sont situées dans le sud-ouest de la péninsule coréenne.
Le patrimoine mondial a fait sien les sites industriels japonais datant de l'époque Meiji. La transformation rapide d'un Japon rural et féodal en un empire industriel est illustrée par onze sites d'extraction houillère, de construction navale et de transformation sidérurgique du sud-ouest de l'île de Honshu.
Un tout autre genre de témoignage historique a été retenu en Chine où les sites du tusi éclairent la gouvernance dynastique exercée sous les époques Yuan et Ming dans la région de Laosicheng, de Tangya et de la forteresse de Hailongtun, au centre de l'empire, entre le XIIIe siècle et le début du XXe siècle.
Avec le jardin botanique de Singapour, l'Unesco classe la transformation d'un parc botanique d'origine coloniale en un jardin moderne au service du public et de la science.
Amériques et Caraïbes
En Amérique, quatre sites sont dorénavant sur la Liste du patrimoine mondial, dont l'un à double titre en Jamaïque.
Dans cette île des Caraïbes, le site des Montagnes bleues et des monts John Crow est retenu pour deux raisons, à la fois pour son témoignage historique, notamment au regard de l'esclavage et de la résistance au système colonial, et pour sa contribution à la biodiversité des Caraïbes. C'est le premier site jamaïcain à être classé au patrimoine mondial de l'Humanité.
L'aqueduc de Padre Templeque construit au XVIe siècle sur le plateau central mexicain a été retenu notamment pour ses arches dont l'une est considérée comme la plus haute jamais construite d'un seul niveau sur un ouvrage de ce type. En Uruguay, c'est le paysage culturel industriel de Fray Bentos, avec son environnement de production de viande et son habitat social particuliers qui appartient dorénavant au patrimoine mondial.
Les missions religieuses autour du fleuve San Antonio au Texas ont été classées pour leur architecture et leur urbanisme, de même qu'un ranch à proximité.
Des sites en expansion
En Afrique, les propositions du Kenya et de l'Ouganda n'ont pas été sélectionnées au cours de la 39e session, mais une extension a été enregistrée d'un site sud-africain déjà classé en 2004. A l'extrémité sud-ouest de l'Afrique du Sud, dans la région du Cap, l'aire protégée a été élargie à de nouvelles réserves naturelles et parcs nationaux, forêts et bassins versants, ajoutant un nombre considérable d'espèce de plantes à cette aire reconnue comme l'un des plus grands centres au monde de la biodiversité terrestre.
Deux autres modifications ont également été apportées à des sites classés en Espagne et au Viet Nam. En Espagne, c'est le réseau des chemins de pèlerinage de Saint-jacques de Compostelle qui est concerné par ce changement avec l'ajout, aux 1500 km de parcours déjà reconnus depuis 1993, des premiers chemins autour de la cité abritant le tombeau attribué à l'apôtre Jacques le Majeur.
Au Viet Nam, le parc national de PHong Nha-Ke Bang a vu sa superficie s'agrandir de 46 %. Cette extension justifie le changement apporté par le comité du patrimoine mondial qui juge ainsi ce site naturel composé de plateaux karstiques et de forêts tropicales encore plus cohérent depuis son agrandissement.