Le réseau urbain du Grand Poitiers, géré par la régie de transport public Vitalis, poursuit sa transition énergétique. Dotée d’un solide parc de bus roulant au GNV, l’agglomération a mis en service une navette électrique de six places pour desservir le centre-ville.
Un exemple. Le réseau du Grand Poitiers a investi cette année 6 M€ pour l’achat de six bus au GNV, tout en prolongeant son contrat avec la société qui fournit le gaz compressé à Vitalis, la régie délégataire de service public qui assure la gestion du réseau de transport public. « La station de compression peut accueillir 63 bus au GNV. Vitalis en fait rouler 58. Si nous faisons l’acquisition de nouveaux bus GNV, la décision aura aussi des répercussions sur la station de compression », annonçait au printemps Anne Girard, l’adjointe au maire en charge des transports.
Pour le moment, l’agglomération du Grand Poitiers, qui va prendre la forme d’une communauté urbaine dès le 1er janvier 2017 – rassemblant 42 communes, contre 13 actuellement dans l’agglomération, pour 200 000 habitants – n’a pas encore penché vers le tout électrique pour sa flotte d’autobus, en raison du coût des véhicules et de la topographie de la ville qui ne se prête pas vraiment à cette technologie.
Cependant, une navette électrique Geco de six places, équipée d’un coffre pouvant accueillir les chariots de courses et avec un gabarit qui lui permet d’emprunter les voies étroites, parcourt cinq jours sur sept le centre-ville. « Quand nous avons été élus en 2015, nous avions annoncé notre volonté de doubler les espaces piétons du centre, raconte Anne Girard, Mais en parallèle, nous avons entendu une forte demande des personnes âgées et des personnes à mobilité réduite, notamment pour une solution de transport pour traverser le cœur de Poitiers, là où les bus ne passent plus. En avril 2015, nous avons donc expérimenté une petite navette que nous avons d’abord louée. »
Depuis plus d’un an, cette nouvelle offre de transport de complément, plus connue à Poitiers sous le nom de La Citadine, est proposée aux riverains pour un tarif d’un euro par personne et par jour. Les abonnés du réseau Vitalis bénéficient même gratuitement du service de la petite navette, accessible « du mardi au samedi, sur simple interpellation des usagers », précise Émilie Mondon du service communication de l’agglomération
Définitivement convaincue, Anne Girard, également conseillère régionale de la Nouvelle-Aquitaine, a donc enclenché la vitesse supérieure. À l’été 2015, elle a demandé aux services techniques du réseau de transport urbain d’acquérir un véhicule léger électrique. Thierry Wischnewski, le directeur de Vitalis, s’est inspiré de l’expérience d’Ajaccio
Le choix d’un véhicule propre et électrique s’imposait comme une évidence. « Notre parc étant constitué pour plus de la moitié de bus au GNV, nous n’allions pas opter pour un véhicule diesel », dit en souriant Anne Girard. « Le parcours circulaire de La Citadine, étant tracé sur un plateau, l’électrique était la solution parfaite qui nous permettait de poursuivre notre transition énergétique. »
L’offre sera pérennisée sans être densifiée, alors que le réseau poursuivra sa mue en septembre: « Nous allons continuer à l’optimiser autour de nos trois lignes structurantes », annonce l’élue, insistant sur le fait que La Citadine doit rester une offre de complément. Quant à l’avenir, il semble acquis que Poitiers ne cèdera sans doute jamais à la tentation du tramway, trop coûteux et pas adapté à la topographie de cette ville médiévale. Mais, pour achever sa mutation écologique, l’agglomération travaille à la construction de sa propre station de méthanisation « qui valoriserait des déchets produits localement » et alimenterait sa flotte d’autobus.
(1) En pratique, le minibus circule du mardi au samedi de 9 heures à 12 heures et de 15 heures à 17 h 40. Le départ se fait depuis le parc de Blossac, dans les contrebas de Poitiers, pour effectuer une boucle et desservir la rue de la Tranchée, Carnot, la place Leclerc, puis les rues de la Marne et Gambetta, la place Lepetit, la rue de la Regratterie, la place de Gaulle, les rues du Marché, du Puygarreau, de Magenta et d’Alsace-Lorraine. Aucun arrêt n’est défini sur la ligne: c’est donc l’usager qui demande au chauffeur de s’arrêter où il le souhaite.
(2) En Corse, la communauté d’agglomération du pays ajaccien (Capa) s’est équipée de quatre minibus électriques Geco de six places, afin d’assurer des rotations quotidiennes et gratuites dans son centre historique. Depuis sa mise en service, environ 60 000 usagers ont emprunté cette nouvelle offre de transport gratuite. La collectivité locale avait préalablement expérimenté ces véhicules durant les étés 2014 et 2015. Selon elle, ce service gratuit a attiré quelque 60 000 usagers l’an passé. Le modèle de petit gabarit Geco est « particulièrement adapté au centre-ville et en zone piétonne », assure la communauté d’agglomération corse. Adaptés au transport de personnes à mobilité réduite, ces véhicules sont une réponse à la loi Handicap de février 2005. L’un des quatre véhicules a été équipé pour l’accueil des UFR (unité fauteuil roulant).
Long de 283 kilomètres, le réseau urbain du Grand Poitiers géré par la régie Vitalis (340 salariés) comporte 1 100 points d’arrêts, dont près de 350 sont dotés d’un abribus, pour 26 lignes régulières, sans oublier les lignes scolaires et particulières telles que Handibus ou Flex’e-bus.
Le parc de véhicules est composé de 122 autobus, dont 13 articulés, de minibus et de véhicules destinés au transport à la demande (TAD). Vitalis exploite 62 bus au gaz naturel et un bus hybride diesel-électrique. En 2014, 15 millions de voyageurs ont été transportés sur le réseau.
