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Prend l’oseille et…

L’État est-il un bon capitaine d’industrie? Les esprits les plus chagrins, ou les plus affûtés, considèreront bien entendu que poser la question est une réponse en soi. Le cas Alstom, qui préoccupe aujourd’hui le petit Landerneau politico-médiatique, est une fois de plus emblématique d’une situation quasi ubuesque. Car de quoi s’agit-il exactement? L’État, fort dans ce cas de ses seuls droits de vote minoritaires, gonfle la poitrine en s’élevant contre une décision stratégique prise par un conseil d’administration où il est censé siéger… Si je suis bien en peine de juger de la pertinence de cette fermeture du site de Belfort aux fins de sauvegarder le groupe Alstom, qui peut croire encore que Matignon ou l’Élysée n’ont pas été alertés de ce choix bien avant son annonce?

De deux choses l’une, ou ils savaient et nous sommes dans la mascarade, ou ils l’ignoraient et l’État est clairement un très mauvais administrateur. La vérité est sans doute installée au beau milieu du gué, car il serait politiquement impensable que le gouvernement valide cette fermeture sans gesticulations. D’aucuns auraient tout de même aimé que la session passée de la branche énergie du groupe à General Electric ait été analysée avec un peu plus de finesse par les grands stratèges qui nous dirigent. En effet, les difficultés actuelles de l’inventeur de notre TGV national sont sans doute l’une des conséquences prévisibles de son changement de statut. Passer de celui de conglomérat international à celui d’entreprise spécialisée n’est effectivement pas sans implications. Quand le carnet de commandes des trains, tramways ou métros est vide, aucune autre activité ne peut compenser ce passage à vide. Quant à la pertinence d’abandonner à un groupe étranger le savoir-faire d’un fleuron de l’industrie nationale en matière de production d’énergie (sans nul doute l’un des enjeux du siècle à venir), disons qu’elle témoigne simplement d’une capacité d’analyse à très, très, courte vue.

Non, l’État français n’est pas un capitaine d’industrie, car en dehors de prendre des dividendes quand il le peut pour les jeter promptement dans le gouffre du déficit public, ses interventions confinent le plus clair du temps à de la gesticulation médiatique, ou à l’accumulation de bourdes stratégiques. Ainsi, plutôt que de forcer la SNCF ou la RATP à acheter des locomotives Alstom, en oubliant au passage le concept même d’appel d’offres, sans doute devrait-il mieux aider ces deux autres fleurons à bien se préparer à l’avenir, c’est-à-dire à la concurrence…

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Auteur

  • Pierre Cossard
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