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Développement

Nouveaux Autocars de Provence, histoire d’une croissance express

PME familiale, NAP connaît un essor fulgurant. Réalisant 64 % de son activité dans l’exploitation de lignes régulières de voyageurs, elle s’est hissée au second rang des transporteurs indépendants de la région Paca. Son ambition? Devenir une entreprise de taille intermédiaire d’ici à cinq ans.

Le soleil dissipe peu à peu la brume matinale accrochée au massif du Garlaban. Au pays de Marcel Pagnol se trouve le siège social du deuxième autocariste indépendant de la région Paca. Le plan cadastral de l’entreprise s’étale largement sur le bureau du président fondateur Leonel de Abreu. « Hier, j’ai fait l’acquisition de deux parcelles de terrain, soit 5 000 m2 supplémentaires contigus à notre site de 15 000 m2. Si nous remportons de nouveaux appels d’offres, cette extension permettra le stationnement de 53 autocars supplémentaires. Nous connaissons un fort développement et nous avons besoin de foncier », explique, affable, Leonel de Abreu. À la tête d’une flotte de 150 véhicules et également tour-opérateur et agent de voyages, l’homme a le pied sur l’accélérateur. Son moteur? La croissance et le développement de son entreprise.

Entrée au capital de Connect

Le 28 février 2017 fera date dans l’histoire de cette jeune PME familiale, Nouveaux Autocars de Provence ayant cédé ce jour-là 54 % de ses parts au fonds d’investissement régional Connect. BNP Paribas Développement et Bpifrance participent au tour de table afin d’accompagner l’entreprise dans sa stratégie de conquête des lignes régulières urbaines et périurbaines. « En seulement quinze ans, nous avons réalisé ce que les autres font en deux générations. L’entreprise enregistre chaque année une croissance à deux chiffres. Nous sommes dans le Top 25 des entreprises françaises indépendantes. Cette activité nécessite des capitaux, un car coûtant environ 200 000 euros pour une faible rentabilité. J’ai investi 17 millions d’euros dans le matériel en quatre ans. Le taux d’endettement devenait élevé. J’avais deux solutions, soit je faisais un break pour réduire mon taux d’endettement, soit je continuais à investir grâce à l’arrivée d’un investisseur », détaille Leonel de Abreu. L’entrepreneur choisit donc la seconde option. Son capital désormais dilué à 35 %, via la holding familiale Sud Invest, le dirigeant précise qu’il conserve néanmoins la direction opérationnelle de l’entreprise au côté de Thierry Pourchon, nommé en 2016 directeur général du groupe, qui détient 10 % des parts.

De 17 à 32 M€ de chiffre d’affaires en cinq ans

Les nouveaux actionnaires se donnent comme objectif de faire grimper le chiffre d’affaires de 17,3 millions d’euros en 2016 à 32 millions d’euros en 2022. « Notre ambition consiste à faire passer NAP du statut de PME à celui d’ETI en misant sur trois créneaux porteurs: le transport routier de voyageurs (NAP Tourisme), son rôle de tour-opérateur (NAP Voyages) et sa nouvelle activité de tourisme réceptif (NAP Provence) », commente Franck Paoli, associé fondateur de Connect.

« NAP entend se positionner sur de nouveaux appels d’offres et être un acteur majeur de l’Agenda de la mobilité que la métropole Aix-Marseille Provence vient d’adopter. Le réseau de transports métropolitains est l’un des problèmes majeurs du développement économique et environnemental des Provençaux et nous souhaitons que NAP participe à son amélioration. Nous nous appuierons sur des opérations de croissance externe dans la région ou dans les départements limitrophes », annonce Rémy Garello, directeur général associé de Connect. Depuis 2004, les autocars NAP circulent sur de très nombreux axes routiers et autoroutiers des Bouches-du-Rhône: Marseille-Cassis, La Ciotat-Gémenos, l’est marseillais et, plus à l’ouest, les lignes de la Côte bleue, Salon, Pélissanne, Port-de-Bouc. En 2015, NAP a fait l’acquisition de 49 autocars neufs pour assurer les liaisons Salon-Aéroport Marseille-Provence et Salon–Aix-en-Provence. L’entreprise roule sous les couleurs du Conseil général avec les autocars Cartreize.

Le challenge des lignes du pays d’Aix

Les lignes régulières de transport de voyageurs pour le compte des collectivités génèrent 64 % de l’activité du groupe. Un maillage de plus en plus dense qui a incité NAP à multiplier ses parcs de stationnement. Outre le site aubagnais adossé à un atelier de 1 000 m2, l’entreprise exploite deux autres parcs. « Nous possédons depuis deux ans un site de 16 000 m2 à Lançon, avec 350 m2 de bureaux et de locaux sociaux et 200 m2 d’ateliers. Soixante autocars sont stationnés avec une possibilité d’aligner 30 autocars supplémentaires. Nous disposons également de 7 000 m2 au Rove [nord de Marseille, ndlr] », détaille Leonel de Abreu.

L’entreprise nourrit également l’ambition d’ouvrir un dépôt dans le pays aixois. Ce projet, tout comme l’achat de nouveaux autocars, reste suspendu pour l’heure aux choix de la Communauté du pays d’Aix, le Conseil de territoire ayant lancé un appel d’offres portant sur l’exploitation des lignes interurbaines. « Nous avons postulé sur plusieurs lignes. Nous nous préparons à acheter jusqu’à 250 autocars. Nous avons l’appui de nos partenaires financiers et la confiance de nos fournisseurs (MAN, Mercedes…). Il faut être capable de mobiliser entre 30 et 40 millions d’euros », ajoute Leonel de Abreu. L’annonce, en début d’année, du président de Région de vouloir développer la desserte régionale en autocar pour compenser la mauvaise qualité du service ferroviaire régional, assuré par les TER, devrait également permettre à NAP de se positionner.

Interrogé sur l’impact des cars Macron et sur leur popularité grandissante, le patron de NAP y voit un bénéfice en termes d’image, avec un rajeunissement de la clientèle. « Désormais, les autocars sont synonymes de confort et de fiabilité. En raison de la vague d’attaques terroristes, les gens redoutent de fréquenter les gares ferroviaires et les aéroports. L’autocar constitue un moyen de transport sûr », précise le PDG.

Quatre agences de voyages et un réseau de partenaires

Afin de sensibiliser ses 50 agences de voyages partenaires dans les Bouches-du-Rhône et le Var, le dirigeant entend organiser des éductours. Adhérent depuis 2009 du réseau Sélectour, NAP a regroupé en 2014 ses activités voyage au sein de la société Wavao. En août dernier, l’entreprise a repris, à la barre du tribunal de commerce, les agences Voyages Bouscarle de Plan-de-Campagne et de Gardanne. « Nous avons quatre agences de voyages. Celles d’Aubagne et de Lançon-de-Provence sont spécialisées dans la vente de circuits en autocars et les agences de Plan-de-Campagne et de Gardanne vendent tous types de voyages », détaille Leonel de Abreu. Chaque année, NAP Voyages édite un catalogue de voyages en autocar en Europe distribué dans les agences. « Nous sommes tour-opérateur et producteur de voyages », souligne le dirigeant. L’entreprise a développé, en 2013, une activité tournée vers le réceptif en lançant la marque Visit Provence. En parallèle, le groupe a diversifié sa flotte de véhicules pour s’adapter à tous les groupes. « Nous accueillons les touristes au pied des paquebots, à l’aéroport, dans les gares et nous organisons des excursions dans la région. En 2012, nous avons lancé les City tour pour une découverte de Marseille », détaille le gérant.

Opérations spéciales

NAP se positionne également sur d’importantes opérations ponctuelles. En 2014, le congrès des notaires avait rassemblé 4 500 professionnels dans la cité phocéenne. Une belle opération pour l’autocariste. NAP a également participé, pour la deuxième année, à la commémoration des victimes du crash de la Germanwings. Le 23 mars dernier, quelque 500 personnes, venues du monde entier, étaient présentes lors de la cérémonie officielle. « Nous avons mobilisé 17 autocars, une dizaine de vans et des voitures de luxe pour acheminer les familles et les personnalités depuis les aéroports jusque dans les Alpes-de-Haute-Provence. Nous disposons d’une assistance 24h/24 et durant cette opération nous avons été fortement sollicités », détaillent Leonel de Abreu et Thierry Pourchon.

Le transport occasionnel représente 17 % de l’activité de NAP, qui s’est aussi diversifiée dans la desserte des entreprises (Sartorius, Airbus Helicopters, SFR Futur Telecom) et des zones d’activités (Vallée Verte).

NAP en chiffres

• 50 véhicules

• 3 dépôts: Aubagne, Lançon et Le Rove

• 200 salariés

• 4 agences de voyages

• 17,3 M€ de CA en 2016

Quand le motard s’arrête devant la Comett…

Originaire du Portugal, Leonel de Abreu grandit en Haute-Saône. À 23 ans, ce jeune motard s’offre une décapotable et décide de rouler sous le soleil de Marseille. Il trouve un premier job dans l’agroalimentaire. Et c’est par hasard qu’il passe devant le siège de la Comett, filiale de Via GTI, le plus gros transporteur de voyageurs de l’époque, qui donnera naissance à Keolis lors de la fusion avec Cariane. « J’entre en 1981 comme conducteur, j’avais passé mes permis à l’armée », se souvient-il. Il gravit très vite les échelons. Agent d’exploitation puis agent commercial, il développe une activité occasionnelle de tourisme avant de devenir responsable d’exploitation et responsable commercial. Dix-huit ans plus tard, alors qu’il siège au comité de direction de Comett, il quitte le groupe en 1999 lors de la fusion avec Cariane, ses désirs de s’installer dans le bassin d’Arcachon étant contrariés.

Consultant, il s’apprête à racheter une entreprise bordelaise de transport de voyageurs. Tentative avortée qu’il réitérera avec les autocars Giraudo, alors en dépôt de bilan. Il reprend les dix autocars de cette société basée à La Penne-sur-Huveaune (à proximité du siège actuel) et s’associe avec les filles de l’ancien dirigeant en 2001. Ainsi naît la Sarl Nouveaux Autocars Pennois. Très vite, il se retrouve seul aux commandes de l’entreprise, rebaptisée Nouveaux Autocars de Provence. « Les fournisseurs étaient méfiants et réclamaient un paiement comptant. Au bout d’un an et demi, j’ai gagné en crédibilité et obtenu leur confiance. J’ai démarré sur deux métiers: le transport occasionnel et la location d’autocars pour les associations, les groupes, les scolaires. J’ai inondé la moitié de la ville de Marseille en mailings! », plaisante Leonel de Abreu, désormais à la tête d’une équipe de 200 salariés.

Vers une transmission de l’entreprise

Thierry Pourchon est un homme du sérail. Après vingt et un ans chez Transdev et quatre ans à la Régie départementale des voyageurs, il rejoint NAP en 2016 pour asseoir le développement commercial du groupe. Aujourd’hui, il est appelé à succéder à Leonel de Abreu à la présidence de l’entreprise. À 59 ans, le dirigeant aspire à découvrir de nouveaux horizons, NAP étant désormais sur de bons rails. « Je continuerai à siéger au Comité d’orientation stratégique, je resterai actionnaire, mais j’ai envie de bâtir autre chose. J’ai des idées », lâche-t-il, volontairement laconique. Pour Bpifrance, associée au capital, il s’agit « d’une opération de développement et de transmission d’entreprise. Nous investissons car nous sommes convaincus que NAP bénéficie d’un fort potentiel de croissance », explique Pierre Villefranque, directeur régional Paca de Bpifrance. La filiale de la Caisse des Dépôts entend s’engager également en direct dans les travaux d’infrastructures inscrits dans l’agenda de la mobilité métropolitaine.

Croisières: un discours « hypocrite » de la part des élus

NAP, positionné ces dernières années sur le créneau des croisières, a fait marche arrière, cédant peu à peu du terrain à ses concurrents au point de réduire cette activité à 2 % de son chiffre d’affaires. « Il y a dix ans, nous étions leader sur ce segment. Nous avions une trentaine de cars les week-ends pour Costa Croisières et MSC. À présent, nous n’en avons que six à dix. Les autocaristes se sont rués sur ce marché gage de régularité, délaissant la clientèle traditionnelle, les clubs et les associations. La concurrence effrénée tire les prix vers le bas. Les tarifs sont inchangés depuis dix ans. Pour être 40 % moins chers, ils exploitent des autocars vétustes aux normes Euro II. Je dénonce l’hypocrisie des élus. Marseille dit vouloir réduire les émissions de gaz à effet de serre mais laisse circuler ces véhicules polluants. La ville devrait exiger que les autocaristes soient équipés de flottes aux normes Euro V », s’emporte Leonel de Abreu. L’entreprise possède une des flottes les plus jeunes de France, de 3,6 ans d’âge moyen contre 8 ans au niveau national. Environ 90 % du parc de l’entreprise est composé d’autocars aux normes Euro V (54 %) et Euro VI (36 %). En 2015, NAP a signé la charte Objectif CO2 en s’engageant à réduire de 15 % sa consommation de carburant sur trois ans, soit l’équivalent de 82 tonnes de CO2. Cette démarche a été soutenue par la Dreal, l’Ademe, le Conseil régional Paca en collaboration avec les syndicats professionnels, FNTV et Unostra Voyageurs, que dirige Leonel de Abreu.

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Auteur

  • Nathalie Bureau Du Colombier
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