L’ouverture de nouvelles liaisons entre Paris et l’aéroport de Beauvais-Tillé fait l’objet d’une âpre bataille depuis des mois. Deux transporteurs, Fréthelle et FlixBus, sont désormais autorisés à commercialiser leurs propres liaisons vers l’aéroport « parisien » de Ryanair. Mais rien n’est réglé pour autant.
La desserte de l’aéroport de Beauvais-Tillé est en jeu. Pour le moment, seules les navettes exploitées par l’aéroport permettent de rallier la capitale, porte Maillot. Dès la libéralisation des liaisons par autocar, des demandes avaient été adressées à l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), car la desserte est subventionnée. Depuis 2007, la plate-forme est la propriété du Syndicat mixte de l’aéroport de Beauvais-Tillé, qui réunit le département de l’Oise, la région Picardie (intégrée dans les Hauts-de-France) et la communauté d’agglomération du Beauvaisis. La Sageb, concessionnaire de l’aéroport, est détenue par la CCI de l’Oise (51 %) et Transdev (49 %).
Les décisions de l’Arafer, intervenues les 1er et 29 mars, autorisent désormais deux nouvelles dessertes, dont les points de départ sont éloignés d’une dizaine de kilomètres de la porte Maillot. De ce fait, elles ne constituent pas une « atteinte à l’équilibre économique du contrat de service public de transport concerné ». Une demi-victoire pour les transporteurs Fréthelle et FlixBus, qui ne sont cependant pas prêts à démarrer leur service. « Cette ligne ne pourra être lancée que si l’ensemble des conditions d’accès à l’aéroport est garantie et équitable pour tous: du tarif de la gare routière à la vente de billets sur site », déclare Yvan Lefranc-Morin, directeur général de FlixBus.
Et, en effet, le doute est permis. « L’aéroport de Beauvais me demande 90 euros pour accoster, avec un créneau horaire précis et des pénalités de 250 euros en cas de dépassement! Pour comparaison, l’accès à Roissy m’est facturé 2,75 euros par passage sans horaire imposé ni limitation de durée, témoigne Mostapha Ould Allal, patron de Fréthelle. De plus, à Roissy, mes conducteurs disposent d’un local de repos, et j’ai une borne de vente de tickets. Rien de tout cela n’est prévu à Beauvais. » À la demande de Fréthelle, l’Arafer a d’ailleurs engagé une procédure en manquement dès juin 2016. Mostapha Ould Allal a même établi un comparatif des tarifs appliqués par les dix premiers aéroports français. À Nice, par exemple, l’accès est facturé 8 euros par passage; à Nantes, le transporteur acquitte un droit de 52,62 euros… pour l’année.
L’Arafer rendra sa décision au plus tôt à la rentrée 2017. « Nous prenons le temps nécessaire car c’est le premier test de régulation des gares routières pour l’Arafer. L’enjeu est d’élaborer une doctrine générale pour la régulation de toutes les gares routières », explique le régulateur. In fine, le gestionnaire de l’aéroport de Beauvais, qui n’a pas répondu aux demandes de Bus& Car, pourrait se voir mis en demeure de modifier ses règles d’accès. « Cela peut aller jusqu’à une procédure de sanction », précise l’Arafer. Pendant ce temps, les transporteurs concurrents rongent leur frein. Ils ont un an pour mettre leur service en place.
