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Interview d’Allan Alaküla, directeur du Bureau de Tallinn pour l’Union européenne, à Bruxelles

Bus&Car | Connexion: Tallinn est la première grande ville européenne à mettre en place la gratuité des transports en commun, alors que cette politique est principalement mise en œuvre à l’échelle de collectivités de moins de 100 000 habitants. Pouvez-vous expliquer ce qui a motivé cette décision?

Allan Alaküla: Il s’agissait tout d’abord d’une urgence sociale pour permettre à tous de se déplacer dans la ville, dont ceux qui ont des petits revenus. Bien que les déplacements étaient déjà gratuits pour les personnes âgées de plus de 65 ans et pour les étudiants, les personnes qui ont de faibles revenus en Estonie sont nombreuses. Ensuite, nous voulions stimuler l’économie locale. Enfin, nous avions un objectif de réduction de la part modale automobile.

BCC: Quelles actions avez-vous mises en place?

A. A.: Nous avons commencé par créer des voies dédiées aux bus et aux taxis dans le centre de la ville, et par augmenter les tarifs des parkings qui sont aujourd’hui de six euros par heure, soit l’un des tarifs les plus chers d’Europe. Puis nous avons lancé la gratuité des transports dans l’ensemble de la ville en 2013. Elle concerne les 63 lignes de bus, les quatre lignes de tramways, les neuf lignes de trolleybus, mais aussi tous les trains qui circulent en ville grâce à un partenariat que nous avons monté avec l’opérateur ferroviaire. La gratuité est uniquement proposée aux résidents. Ils bénéficient d’une carte et doivent la valider lorsqu’ils rentrent dans le bus. Cela nous permet de mesurer la fréquentation.

BCC: Comment financez-vous la gratuité?

A. A.: Nous la finançons fiscalement. Quand nous avons instauré la gratuité, nous avons incité les résidents qui ne l’avaient pas fait à s’enregistrer formellement en tant qu’habitants de Tallinn. Nous en sommes maintenant à 30 000 habitants supplémentaires enregistrés depuis la mise en place de la mesure. En conséquence, nous collectons leurs impôts locaux, qui correspondent à une somme comprise entre 20 et 25 millions d’euros chaque année, soit environ le double de ce que nous coûte la gratuité, à savoir 12 millions d’euros annuellement.

BCC: Quelles conséquences avez-vous constatées?

A. A.: Tout d’abord, les personnes réticentes à la mise en place de la gratuité lors du référendum de mars 2013 se montrent aujourd’hui pleinement satisfaites dans les études de satisfaction, et nous n’avons constaté aucune opposition une fois le système mis en place. Ensuite, nous avons augmenté la fréquentation de nos réseaux de 10 %. Nous avons aussi réussi à stabiliser la part modale de la voiture, malgré l’augmentation du nombre d’habitants et la croissance de la possession de voitures individuelles. Enfin, quatre autres villes estoniennes sont en train de copier notre modèle.

BCC: Comment le projet va-t-il évoluer?

A. A.: Nous avons obtenu des fonds européens pour étendre nos lignes gratuites en dehors de la ville, notamment pour rejoindre l’aéroport. Il ne s’agit pas de grandes distances, mais de tronçons stratégiques. Et puis, cela est encore en discussion, mais le gouvernement estonien est en train de réfléchir à instaurer la gratuité des transports sur l’ensemble du territoire national. S’ils la valident, nous devrons nous adapter à cette décision et proposer nous aussi à Tallinn le transport gratuit pour tous, non-résidents compris. Cette mesure prendrait place en septembre 2018.

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