Les bus du conseil départemental de Haute-Garonne traversent la frontière franco-espagnole depuis le mois d’avril pour se connecter aux lignes du conseil général du Val d’Aran en Catalogne.
Depuis le 18 avril, la ligne 95 du conseil départemental de Haute-Garonne Saint-Gaudens-Melles joue à saute-frontière en prolongeant son parcours de 8,5 kilomètres vers le village espagnol de Les, dans le Val d’Aran, avec deux services dans le sens France-Espagne matin et soir en semaine et trois dans l’autre sens. Des horaires adaptés permettent aux passagers espagnols de prolonger leur voyage vers Saint-Gaudens et Toulouse et aux Français de pousser jusqu’à Vielha et Baqueira en Catalogne, via la ligne gérée par le conseil général d’Aran. Ces deux territoires n’étaient plus connectés en transport en commun depuis la fermeture du tramway Marignac – Pont-du-Roi en 1954…
Consacrant chaque année 80 millions d’euros aux transports en commun, le conseil départemental de Haute-Garonne (auquel la région Occitanie a délégué la compétence des transports interurbains et scolaires au 1er janvier 2017, en vertu de la loi Notre) porte une attention particulière aux territoires ruraux. Lorsque Joël Gaud, le maire de Cierp-Gaud, ex-président de la communauté de communes de Saint-Béat, l’a sollicité en 2015 pour relier en transport en commun le Comminges au Val d’Aran, son président Georges Méric s’est engagé à faire évoluer le réseau de bus. Le projet, qui coûte 60 000 euros par an à la collectivité, a été validé en novembre 2016. Pour les passagers, c’est la tarification Arc-en-Ciel qui s’applique, soit 2,20 euros le trajet. « Cela va permettre de se retrouver, d’échanger et de se rencontrer, a déclaré le président du département de la Haute-Garonne lors de l’inauguration de la ligne début juin. Je suis très heureux que cette première expérience se fasse, car l’Europe est notre avenir. »
Pour la Haute-Garonne, cette ligne de bus fait aussi partie d’un plan plus large en faveur du tourisme. « Nous déployons de nombreuses stratégies pour développer le tourisme, rappelle Line Malric, vice-présidente en charge des transports. Cette ligne en est une illustration. » Cette coopération transfrontalière a été formalisée dans une charte signée entre la Haute-Garonne et le Val d’Aran. Outre l’engagement de renforcer le réseau de transport public, elle prendra aussi la forme d’une piste cyclable baptisée TransGarona. 28 kilomètres seront aménagés d’ici 2021 pour traverser la frontière entre Fronsac et Vielha et se rendre à vélo de la source (espagnole) de la Garonne à Toulouse et au-delà. Un aménagement à 3,5 millions d’euros que l’Europe pourrait financer à 65 %. « Ce projet doit servir d’exemple, avec deux petits territoires frontaliers qui réussissent ensemble, a déclaré le vice-président du Val d’Aran à l’aménagement du territoire, José Antonio Boya Quintana. À travers ce chemin naturel, nous allons pouvoir créer des liens économiques, culturels et touristiques. »