Connectée à Paris par TGV en 4 h 10 à partir du 1er juillet 2017 et en 3 h 10 à l’horizon 2024, la gare de Toulouse-Matabiau vient de commencer sa mue et, avec elle, celle de l’ensemble du quartier qui l’environne, baptisé Toulouse EuroSudOuest (TESO). Un chantier énorme qui va s’étaler sur quinze à vingt ans.
Jean-Christophe Chauvignat, directeur du pôle design de SNCF réseaux l’affirme: « Par l’ampleur des travaux qui se chiffrent en plusieurs centaines de millions d’euros, le projet de la gare Matabiau et du quartier Toulouse EuroSudOuest est comparable à ce qui se fait à la gare de Lyon Part-Dieu ou de Bordeaux. » Initié en 2009, le travail portant sur l’évolution de la gare et de 200 hectares autour, menée de façon partenariale entre la SNCF, Toulouse Métropole, le département de Haute-Garonne, la région Occitanie, l’État et Tisséo-SMTC, fait l’objet depuis juillet 2016 d’un Projet d’intérêt majeur
Le nœud de transports de Matabiau, situé au cœur de Toulouse, va devenir exceptionnel avec la convergence de plusieurs projets urbains et ferroviaires, dont la création d’un pôle d’échange multimodal. S’y croiseront une ligne de métro à la capacité doublée d’ici trois ans (la ligne A dont les travaux commencent cet été), une nouvelle ligne de métro est-ouest qui desservira les principaux pôles économiques aéronautiques et spatiaux d’ici 2024, la LGV, les bus qui bénéficieront d’une nouvelle gare routière et tous les TER de la région (qui convergent vers Toulouse avec un réseau en étoile) dont le nombre va augmenter fortement. Ainsi, à l’entrée nord de la gare, le nombre de voies va passer de deux à quatre (deux voies lentes et deux voies rapides). « Sur l’axe de Montauban par exemple, on aura 12 trains en heure de pointe en 2020 contre 8 aujourd’hui », calcule Jean-Christophe Chauvignat. Un septième quai sera créé ainsi que deux voies supplémentaires.
Pour absorber cette forte augmentation du trafic voyageurs (de 55 000 voyageurs par jour aujourd’hui à 120 000 en 2024 et 150 000 en 2030), la gare s’ouvrira davantage sur la ville afin d’en faciliter l’accès par tous les moyens. Au lieu du seul parvis historique face au canal du Midi, Matabiau sera à terme accessible par quatre entrées, avec des espaces d’échanges redimensionnés et réorganisés. D’ici 2019, le parvis d’origine favorisera les modes doux avec des trottoirs élargis et des pistes cyclables, tandis que la circulation automobile sera réduite. La dépose-minute est en cours de déplacement vers le futur accès nord, sur l’emplacement d’un parking de personnel SNCF, avenue de Lyon. Le réaménagement du parvis permettra de mettre en valeur les berges du canal du Midi, classé au Patrimoine de l’humanité par l’Unesco mais totalement négligé à cet endroit jusqu’à présent. « Devant la gare, nous avons opté pour une solution transitoire, avec une couverture du canal réversible, donnant une continuité à la surface du parvis historique, grâce à une structure métallique légère et un système en bois laissant passer la lumière du jour en transparence », détaille le catalan Joan Busquets, urbaniste en chef du centre-ville et de TESO.
L’accès par Marengo, près de la médiathèque et en haut des futures ramblas des allées Jean-Jaurès, pour l’instant confidentiel, va devenir majeur. « Pour 2019, nous allons améliorer de façon provisoire l’accès côté Marengo, décrit Alain Garès, directeur-général de la société publique locale Europolia, en charge du projet TESO. Nous allons y créer une dépose-minute provisoire qui servira pendant qu’on fait des travaux sur le parvis historique. Provisoire parce que c’est là qu’il y aura la station de la future ligne de métro, ce qui va faire un gros trou pendant quatre ans. » La particularité du projet est l’absence de foncier disponible, qui oblige à enchaîner les projets au fur et à mesure. La SNCF libérera progressivement 6,5 hectares pour le projet urbain, tout en réaménageant, modernisant et optimisant les coulisses de la gare où sont assurés la maintenance et le garage des rames. Pour que le futur bâtiment des voyageurs de Marengo voie le jour en 2024, il faudra détruire le bâtiment administratif et les parkings de la SNCF début 2020. « Nous étudions en ce moment la création d’un véritable pôle d’échange multimodal côté Marengo avec des espaces SNCF, du stationnement, un parvis connecté à la ville avec des taxis, des déposes-minute, une station de métro en profondeur, des souterrains prolongés jusque-là, une salle d’échange qui connectera métro, ferroviaire et parking enterré, avec en surface un parvis sur le boulevard qui sera rénové et requalifié », explique Stéphane Bousquet. Le paysage va complètement changer, d’autant qu’à proximité, des ateliers ferroviaires devraient déménager fin 2017 pour laisser la place à terme à une nouvelle gare routière, sur le futur parvis Périole. Une information au conditionnel puisque les pourparlers sont encore en cours et que le Département refuse pour l’instant de confirmer le déménagement de la gare de bus depuis les bords du canal du Midi.
Le quartier autour de la gare en mutation associera des fonctions de logement, de bureaux et de services. « Nous ne voulons surtout pas faire un quartier d’affaires comme on le faisait dans les années soixante-dix, prévient Alain Garès. Nous projetons de faire 300 000 m2 de bureaux en 20 ans, pour répondre à une demande forte des entreprises, mais le projet comprend aussi une dimension habitat très importante (2 500 à 3 000 logements) ainsi que 50 000 m2 de commerces et services. » Le premier bâtiment de TESO s’élèvera sur l’ancien site du tri postal, à l’angle de la gare et des futures ramblas. Ce sera un immeuble de 150 mètres et 40 étages, baptisé tour d’Occitanie, végétalisé, avec des terrasses et de la ventilation naturelle, qui donnera le ton du futur quartier.
1. Le PIM pour Projet d’intérêt majeur est un nouveau type d’outil, prévu dans la loi ALUR de 2014. C’est le premier signé en région.
