Newsletter S'inscrire à notre newsletter

Magazine

Transport public

T11 Express, un avant-goût du Grand Paris

Première liaison de banlieue à banlieue qui préfigure le Grand Paris, la ligne T11 Express a été inaugurée le 30 juin 2017. Ce trajet de 11 km en tram-train opéré par Transkeo, une filiale de Keolis et SNCF, devrait être emprunté par 60 000 voyageurs quotidiens entre Epinay-sur-Seine et Le Bourget.

« C’est le Grand Paris avant le Grand Paris », a déclaré le 30 juin dernier Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France lors de l’inauguration de la ligne T11 Express (ex Tangentielle Nord) qui relie désormais la gare d’Epinay-sur-Seine à celle du Bourget en 15 mn contre 45 mn auparavant. Ce tronçon de 11 km apparaît comme la première liaison de banlieue à banlieue qui échappe à l’attraction parisienne. La ligne, construite en site dédié, compte sept gares dont trois nouvelles. Elle permet des correspondances avec les RER B, C et D, la ligne H du Transilien, le tramway T8 et les futures lignes de métro 16 et 17. Sa mise en service a nécessité le réaménagement de 15 lignes de bus.

Une exploitation par une filiale: Keolis-SNCF Transilien

La ligne sera opérée par Transkeo, filiale de SNCF Transilien et Keolis, avec des coûts « 40 % moins chers que ceux d’une ligne Transilien. Deux tiers de ces 40 % correspondent à la nature de la ligne, et le dernier tiers correspond à sa politique RH », et notamment à la « polycompétence » de ses employés, a précisé Alain Krakovitch, directeur général de SNCF Transilien. Les 70 conducteurs, de statuts privés, feront également de l’information clients et de la vente. De même, la vingtaine de contrôleurs fera de l’information voyageurs.

50 km/h de moyenne

Les rames de tram-train Dualis, construites par Alstom, auront une vitesse moyenne de 50 km/h (avec des pointes à 100 km/h). Les rames, d’une capacité de 250 places dont 92 assises, sont climatisées, équipées en vidéo-surveillance et adaptées aux voyageurs à mobilité réduite. Elles circuleront de 5 heures à minuit, avec une fréquence d’un train toutes les cinq minutes en heures pleines, et de 15 mn en heures creuses. 60 000 voyageurs devraient l’emprunter quotidiennement dont « 20 % qui se déplaçaient jusque-là en voiture, ce qui permet de retirer 10 000 à 15 000 véhicules de la circulation », a souligné Valérie Pécresse. Cette dernière estime que la ligne risque d’être vite saturée, « victime de son succès ». Dans ce cas, il serait techniquement possible d’ajouter une nouvelle rame.

Une incertitude financière pour les prolongements.

Ce tronçon de 11 km doit logiquement se prolonger à l’est – entre Le Bourget et Noisy-le-Sec en 2024-, ainsi qu’à l’ouest – entre Epinay-sur-Seine et Sartrouville en 2027, pour mesurer au total 28 kilomètres. Mais le budget n’a toujours pas été voté, au grand dam des départements comme de la région. « Je lance un cri d’alarme contre les coupes budgétaires qui s’annoncent pour la région. En 2017, l’État devait nous verser 330 millions, nous n’en n’avons reçus que 160, or nous devons continuer à développer des lignes tout en rénovant le réseau existant », lance Valérie Pécresse. Une inquiétude partagée par Alain Krakovitch, qui précise à Bus&Car que les terminus actuels n’ont été conçus que sous forme provisoire.

Transkeo pourra monter en charge si besoin.

Entretien avec George Maltese, directeur opérationnel de Transkeo, filiale de Keolis et SNCF Transilien, chargée de l’exploitation du T11 Express.

Bus&Car. Valérie Pécresse a évoqué lors de l’inauguration du T11 Express une possible saturation de la ligne à court terme. Pouvez-vous monter en charge rapidement et rajouter une deuxième caisse?

George Maltese. Aujourd’hui, selon les études réalisées, le taux d’occupation moyen est estimé à 50 % ce qui laisse penser que les conditions actuelles seront satisfaisantes. Notre contrat actuel d’exploitation stipule que les tramways circulent à l’année avec une seule caisse, en unité simple, à l’exception de deux événements annuels que sont le salon du Bourget et la fête de l’Humanité. Dans ces deux cas, un train sur deux circulera en unité multiple. Par conséquent, si la ligne rencontre un fort succès, nous serons en mesure de faire évoluer l’offre.

B&C. Combien de tramways vont circuler sur la ligne?

G.M. Quinze tramways Dualis sont affectés à la ligne. En heure de pointe, 8 circuleront en même temps sachant que le maximum autorisé est de 10 pour le moment.

B&C. La Fnaut s’inquiète des difficultés du tram-train opéré sur la T4, d’Aulnay-sous-bois à Bondy, et craint une multiplication des incidents sur le T11 express…

G.M. Précisons qu’il ne s’agit pas du même matériel*, ni du même système d’exploitation. Transkeo utilisera également un SAEIV très connu dans l’urbain (Inéo) sur lequel l’entreprise pourra s’appuyer en termes de conduite pour bien gérer le plan de transport.

* la ligne T4 utilise du matériel Siemens livré en 2006.

Tram-train Dualis, un coût d’exploitation réduit

Les tram-trains Citadis Dualis d’Alstom font partie du contrat-cadre signé en 2007 par la SNCF portant sur 200 rames, sachant que 15 rames sont dévolues à la ligne T11 Express* et 15 autres seront affectées à la ligne T4 (mise en service commercial prévue en 2018). Conçu à partir du tramway Citadis d’Alstom, le tram-train Citadis Dualis est capable de rouler aussi bien sur un réseau de tramway que sur un réseau ferré régional grâce à des adaptations portant sur la puissance, la sécurité et le confort. Avec ses 42 m de long et 2,65 m de large, sa capacité est de 250 voyageurs. « Citadis Dualis fait le lien entre le centre-ville et la banlieue sans rupture de charge, en conciliant les avantages du train et du tramway. Le fait de rouler à 100 km/h lui permet de s’insérer dans un trafic de type SNCF, ce qui ne serait pas possible avec un tramway classique. Ainsi, le T11 Express, qui circulera sur une voie dédiée, devra tout de même rouler sur une ligne partagée pour rejoindre le centre de maintenance à Noisy-le-Sec », précise Benoît Stephan, vice-président commercial et marketing d’Alstom. À ce jour, 48 rames de tram-trains Citadis Dualis sont déjà en circulation: 24 en région Rhône-Alpes dans l’ouest lyonnais depuis 2012 et 24 rames en Pays-de-la-Loire (les lignes Nantes-Clisson en 2011 et Nantes-Châteaubriant en 2014). Un développement amené à s’intensifier si l’on en croit Benoit Stephan: « Le coût d’acquisition d’un tram-train Dualis est inférieur de moitié à celui d’un train, pour un coût d’entretien réduit de 20 à 30 %. »

* Si la ligne T11 se prolonge, 40 rames pourraient être dédiées au total sur les 28 km de ligne.

Retour au sommaire

Auteur

  • Grégoire Hamon
Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format