Newsletter S'inscrire à notre newsletter

Magazine

Diversification

Prêt à partir, un autocariste en marche avec son temps

Prêt à Partir, le groupe de transport routier de voyageurs de François Piot l’est pour toutes les missions qu’on lui confie. Mais, en perfectionniste maîtrisant son entreprise, le dirigeant rajoute la manière en visant une indépendance énergétique dépolluée et une indépendance technologique.

Depuis qu’il a pris les rênes du groupe Prêt à Partir, François Piot a placé le développement au cœur de sa stratégie et l’a nourri tant par une croissance externe que par une stratégie hardie. Depuis 1948, l’autocariste lorrain est présent sur toutes les activités possibles du transport routier de voyageurs: le transport scolaire, le transport urbain dans les villes de moins de 20 000 habitants, le transport de lignes régulières, le transport à la demande dans la ville de Langres et le transport de tourisme et de grand tourisme sur l’Europe. L’activité agences de tourisme et organisation de voyages n’est pas absente du panel du transporteur, lequel revendique 70 ans d’expérience et 100 agences de voyages actives sur l’Hexagone depuis qu’il a racheté les Transports Respaut, de Pont-à-Mousson, en 1986. Il peut ainsi proposer des destinations outre-mer comme les Canaries, les USA, l’Île Maurice ou la République dominicaine.

100 cars pour un contrat

À l’origine de cette diversité se trouvent quatre ambitions qui se nourrissent les unes les autres: trouver des marchés rentables; assurer sa pérennité malgré les variations du marché; la développer par la qualité et la pertinence du service; utiliser le progrès pour remporter des marchés nouveaux. Cette attention aux conditions de transport est gratifiante, comme le montre le récent succès qu’a remporté Prêt à Partir dans le transport scolaire. Confronté à l’appel d’offres de la nouvelle région Grand Est dans le cadre de la Loi Notre, François Piot n’a pas lésiné sur les moyens: « Non seulement les appels d’offres sont de taille importante, mais ils sont basés sur des critères factuels, rapporte l’entrepreneur. Pour y répondre, la note technique est si prépondérante que j’ai jugé préférable de proposer des autocars neufs. En 2016, j’avais déjà commandé 50 autocars au constructeur Otokar pour renouveler mes vieux véhicules mais, pour ce contrat, je lui en ai racheté 100 de plus, dont 40 m’ont déjà été livrés. Les 60 autres arriveront en décembre. » Grâce à cette importante commande, Prêt à Partir a remporté l’appel d’offres, ceci en dépit du fait que ce débours a grevé son devis: « Nous étions les plus chers, mais nous avions la meilleure note technique, se félicite François Piot. Cela a fait la différence en notre faveur. »

Le tourisme ne fait plus recette

Un succès bienvenu à un moment où, à l’inverse, le transport touristique a baissé: « Le tourisme est un marché très dur, commente François Piot. Il est limité à quatre ou cinq mois par an et l’activité des autocaristes opérateurs est en chute. Un voyage en autocar de tourisme coûte 100 euros par jour et par personne alors que la concurrence fait baisser les prix de vente. De plus, le métier de conducteur de tourisme est moins vivant. Celui-ci n’accompagne plus les voyageurs pendant les visites et passe son temps à attendre les passagers. Du coup, on trouve de moins en moins de conducteurs de tourisme. De plus, l’arrivée sur le marché des autocars des Services librement organisés fait baisser les prix et cette activité, qui représentaient à une époque 70 % de notre chiffre d’affaires, est désormais tombée à 7 %. J’envisage de la sous-traiter à un confrère pour me concentrer sur mes activités phares de transport: le transport scolaire, les lignes régulières, le transport urbain et les agences de voyages. »

Enchanter le métier

D’une façon générale, c’est tout le transport de voyageurs qui est difficile: « C’est un marché fait d’appels d’offres, explique-t-il. Il faut donc avoir le bon véhicule pour concourir, mais ne pas en avoir trop pour rester bénéficiaire. Et si on rate le marché, c’est pour plusieurs années. » Pour échapper à ces contraintes, le dirigeant de Prêt à Partir a dépassé les limites du transport de voyageurs en développant un pôle Énergie. Sans ambition démesurée, mais pour répondre aux besoins du marché et de son temps: « Il ne s’agit pas d’être un transporteur “à la pointe” qui expérimente de nouvelles technologies, mais d’enchanter notre métier en apportant au client ce qui le séduirait, poursuit François Piot. Aussi, je sors beaucoup pour trouver de bonnes idées. »

Centrales solaires et méthanisation

La première idée que François Piot a trouvée a été de compenser les émissions en CO2 de son entreprise, soit 11 000 tonnes par an, en devenant dès 2007 entrepreneur dans les énergies renouvelables. Il a ainsi créé la société Papsolar ENR. En association avec des agriculteurs qui détiennent 50 % de l’activité, Papsolar ENR a financé la construction de 15 centrales électriques à énergie solaire, soit 30 000 m2 de panneaux. L’ensemble de la production est revendu à EDF et génère un chiffre d’affaires de deux millions d’euros. Dans la foulée, François Piot a construit aussi des centrales hydroélectriques et, en partenariat avec dix agriculteurs qui détiennent cette fois 57 % des parts, deux centrales de méthanisation. Les agriculteurs fournissent le lisier servant à produire le méthane, qui est réinjecté dans le réseau de GRDF, ainsi que des nitrates qui servent à l’abondement de leurs champs. L’autocariste, qui a investi 3 à 4 millions d’euros par centrale, récupère 43 % des bénéfices. Chaque centrale produit 500 kWh d’énergie et compense 2 500 tonnes de CO2. Fort de ces actions, c’est tout le personnel de Prêt à Partir qui s’est engagé, le 11 décembre 2012, dans la charte « Objectif CO2: les transporteurs s’engagent », mise en place par l’Ademe. Poussant encore la logique, François Piot a entraîné ses troupes, depuis 2015, dans l’objectif de compenser 100 % de ses émissions de CO2 à partir de 2025, action saluée par le département des Vosges qui a décerné à l’entreprise Prêt à Partir le prix du Développement durable en 2015. Un sacré défi alors que toutes ses actions menées à ce jour ne compensent encore que 25 % des émissions du groupe.

18 800 arbres

Mais parce qu’il additionne les solutions écologiques, François Piot a engagé dès 2007 son entreprise dans le défi solidaire en soutenant l’association Niger Ma Zaada. Celle-ci œuvre à la reforestation du Niger ainsi qu’au développement de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’accès à l’eau potable des populations nigériennes. Prêt à Partir a ainsi contribué à améliorer la vie de vingt-trois villages au moyen du forage de dix-huit puits et de la création de six mini-systèmes d’adduction d’eau, de la construction de cinq écoles, trois coopératives céréalières et deux centres médicaux. Le programme a aussi contribué à replanter 18 800 arbres et à sauver 300 girafes. Retour sur investissement pour Prêt à Partir: 200 tonnes supplémentaires de CO2 compensées par an. Depuis, l’envie de s’engager écologiquement ne quitte plus François Piot. Ses dernières incursions dans l’écologie ont consisté au rachat, avec son ami Bernard Pfister, d’une société d’entretien d’espaces verts, dont le client majeur est l’Epic SNCF, et au développement d’une activité d’hydrocurage pour nettoyer les réseaux d’égouts avec de l’eau sous pression, qui est ensuite récupérée.

Billettique Nuagile

Mais si François Piot pousse très loin son entreprise dans le sens d’une autonomie énergétique, il l’entraîne aussi dans le développement technologique avec des objectifs et des résultats tout aussi probants. En 2013, François Piot a créé, avec deux associés André Linh Raoul et Stéphane Thioly, un pôle d’accompagnement de Start-Up baptisé Pole Capital, lequel est devenu un ensemble de trois pépinières d’entreprises travaillant sur la mobilité, les loisirs et l’environnement. Il y a la Papinière, à Gondreville, le Paddock à Nancy et l’Ecurie à Paris, trois sites pour lesquels François Piot a investi deux millions d’euros. Moyennant une participation aux investissements allant de 0,5 à 80 %, les nouveaux entrepreneurs bénéficient d’un hébergement gratuit et du coaching de l’équipe de Pole Capital. En échange, elles travaillent sur des technologies qui profitent au transporteur: « Tous les gains de Pole Capital sont réinvestis dans la recherche technologique pour Prêt à Partir », confirme François Piot. La première solution développée pour l’autocariste est la solution Nuagile, un système de billettique pour autocars créé par Dataraxys. À partir d’un smartphone et d’une imprimante, elle gère l’achat des tickets de transport, émet des cartes scolaires et géolocalise les transactions, ceci de façon plus simple et moins chère qu’auparavant. En tout, 130 autocars du groupe, dont 2 en région parisienne, en sont déjà équipés.

Reconnaissance faciale en transport scolaire

À présent, Dataraxys travaille sur un système de reconnaissance faciale par Webcam ou smartphone pour confirmer au conducteur que les enfants sortent du car aux bons arrêts. En passant, la start-up a développé pour François Piot une carte des transports en commun du Grand Est, compatible avec Google Maps: « J’ai désormais deux casquettes, sourit François Piot. Je suis transporteur et technologue. Mais je suis convaincu que les transports urbains et de lignes régulières de demain utiliseront toujours plus de technologies. La billettique géolocalisée va ainsi se développer car les clients ont besoin de savoir où se trouvent nos autocars. En contrepartie, ils connaîtront en même temps nos retards ou nos astuces, mais c’est l’évolution normale. » Depuis 2005, Prêt à Partir met donc au service de ses clients un transport assumé et progressiste. L’entreprise compte aujourd’hui 1 000 salariés, dont 640 conducteurs, sans compter le personnel des start-up. Et cette évolution n’est pas finie puisque François Piot veut augmenter encore ses investissements dans son pôle énergies renouvelables et dans les start-up. En même temps, il souhaite développer son activité de transport urbain dans des villes de moins de 100 000 habitants. De quoi conserver un ancrage fort dans le transport routier de voyageurs pour de nombreuses années.

Le groupe Prêt à Partir

1 000 salariés

640 autocars

Chiffre d’affaires global pour 2017: 75 millions d’euros

3 pôles d’activités: transport routier de voyageurs; agences de voyages; pôle énergie et technologique

Chiffre d’affaires par pôle:

transport routier de voyageur: 27 millions d’euros (2017) et 30 millions d’euros attendus pour 2018

agences de voyages: 23 millions d’euros

énergies renouvelables, start-up et diversification (technologies et accompagnement de start-up): 25 millions d’euros

Trois questions à François Piot

Bus&Car Connexion. Selon vous, quelle sera l’énergie de demain pour les véhicules?

François Piot. Je pense que c’est la méthanisation qui est la meilleure solution car on peut produire son propre gaz et, après purification, l’injecter dans ses véhicules. On peut créer près de 3 000 centrales de méthanisation en France et produire un gigawatt. C’est un vrai gisement pour l’industrie automobile et pour le secteur agricole. Les seules contraintes sont le transport des déchets végétaux et alimentaires, ainsi que l’injection des germes accélérant la méthanisation.

BCC. Que pensez-vous des véhicules autonomes?

F.P. Je réfléchis à la façon de les utiliser car je ne suis pas sûr que, dans le futur, les véhicules avec conducteur pourront encore circuler. Les véhicules autonomes offrent une plus grande sécurité et les assureurs poussent déjà vers cela. Dans un habitacle agrandi et ressemblant à un salon, les passagers travailleront durant tout le trajet.

BCC. Qu’attendez-vous du gouvernement pour le secteur du transport routier de voyageurs?

F.P. J’attends un choc de simplification administrative. Le gouvernement doit stabiliser la réglementation, prendre l’impôt à la source et redonner du pouvoir aux entreprises. Les gens qui travaillent ensemble sont les mieux placés pour savoir ce qu’ils veulent. Je voudrais aussi que le gouvernement supprime la lourdeur administrative liée aux ressources humaines. Nous n’avons pas besoin de lois pour suivre des règles que nous pratiquons déjà.

Retour au sommaire

Auteur

  • Michel Grinand
Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format