Selon les élus, de substantielles économies pourraient être réalisées dans la gestion du réseau. L’exploitant estime avoir déjà fait le maximum. La collectivité n’est pas en mesure de financer l’extension du BHNS.
La communauté d’agglomération Nîmes Métropole (CANM) va anticiper la fin de la délégation de service publique (DSP) qui avait été confiée à Keolis jusqu’en décembre 2023. Le contrat avait été signé en 2013 pour une durée de dix ans pour exploiter et développer TanGo le réseau de bus de cette agglomération de 39 communes et 250 000 habitants. Yvan Lachaud, le président, va lancer un nouvel appel d’offres pour qu’un autre délégataire prenne le relais à partir de janvier 2019. Le président estime qu’il est dans son bon droit en réclamant cette résiliation par anticipation du contrat d’exploitation en DSP. La CANM ne serait pas en mesure de financer immédiatement la ligne 2 du transport en site propre (bus-tram) qui est inscrite dans le contrat d’exploitation. Cette ligne en site propre doit à terme traverser la ville pour un budget prévisionnel de 100 M€. Les dirigeants espèrent seulement boucler d’ici deux ans un premier tronçon à l’ouest (50 M€). Les dirigeants de la CANM mettent en cause la gestion par Keolis de l’actuel réseau de transport. « Aujourd’hui, j’estime que l’on peut faire, selon nos calculs, 10 millions d’euros d’économies par an. J’attends les propositions de Keolis », explique le président Yvan Lachaud. Celui-ci s’appuie sur les résultats d’audits restés confidentiels pour réclamer des économies substantielles.
Yvan Lachaud pointe la politique de sous-traitance avec des tarifs qui peuvent varier de 2,5 à 4 € le kilomètre et l’inflation constatée des kilomètres parcourus depuis 2013. En moyenne chaque année, sans tenir compte des subventions d’équilibre, la CANM verse 44 M€ à la société délégataire.
« Les efforts supplémentaires demandés par la collectivité aujourd’hui dans le cadre du contrat actuel ne sont pas réalistes. La demande porte sur 10 M€ annuels d’économie sur un contrat à 43 M€ de chiffre d’affaires. C’est un quart du contrat », rétorque KeolisNîmes qui met en avant les efforts consentis depuis la signature du contrat, en 2013. « Notre société a réalisé les efforts de productivité souhaités par la collectivité en préservant la qualité de service. Ces efforts collectifs, notamment consentis par le personnel, ont généré une économie de 1,40 M€ par an dont bénéficie aujourd’hui Nîmes-Métropole », poursuit le délégataire. « La direction de Keolis s’étonne de ne pas avoir accès aux conclusions de ces audits. Elle s’interroge sur les motifs de la sortie de la DSP et souhaite pouvoir discuter des modalités de sa mise en œuvre », ajoute encore le directeur de la société nîmoise.
L’assemblée métropolitaine a voté le 18 septembre dernier la résolution actant la volonté de mettre fin à cette délégation de service public. Yvan Lachaud avait donné un délai de dix jours pour que Keolis s’explique et prenne position sur la demande de 10 M€ d’économie par an. En réponse, Keolis Nîmes a demandé l’application de la clause de conciliation prévue au contrat, ainsi que l’accès aux conclusions des audits. Le bras de fer juridique ne fait que commencer.
