Le développement des transports intelligents sur le dernier kilomètre et en zone peu dense suppose un réseau routier en bon état. Or, le désengagement de l’État et la réduction des moyens des collectivités freinent la modernisation des routes.
Autocars express, lignes en services librement organisés, covoiturage dynamique, navettes autonomes… le transport routier revient en force avec le développement des nouvelles mobilités, plus axées sur les services intelligents que sur les infrastructures coûteuses. Mais pour contribuer pleinement au changement de modèle, encore faut-il que le réseau routier soit au niveau. Après des années de désaffection, la route ne serait donc plus considérée comme un mal nécessaire, mais comme un gisement d’innovations. Pourtant, suite aux réformes territoriales et à la réduction des financements publics, le réseau se détériore, faute d’un entretien suffisant. C’est pour mieux définir les contours de cette « dette grise » que les professionnels du secteur se sont retrouvés à la Maison des travaux publics, le 16 novembre, lors d’un colloque organisé à l’initiative de l’Association pour la promotion des transports intelligents (ATEC ITS), de l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), de l’association Transport développement intermodalité environnement (TDIE) et de l’Union des syndicats de l’industrie routière française (Usirf).
Président de la mission interministérielle sur les dépenses de voirie des collectivités, Jacques Rapoport a rappelé que les budgets consacrés à la route ont baissé de 20 % entre 2013 et 2015, passant de 14 à 12 milliards d’euros. Les ouvrages d’art sont également concernés. Construits pour la plupart dans les années 50 à 70, ils présentent la particularité de se dégrader sans montrer de signes aussi flagrants que les routes. Outre la question des moyens financiers dédiés à l’entretien, se pose également celle de l’expertise et des ressources en ingénierie au sein des territoires. Du fait des regroupements d’intercommunalités, 98 % du kilométrage routier, représentant les deux tiers du trafic, sont aujourd’hui du ressort des collectivités locales. De façon générale, les élus priorisent l’entretien au détriment des investissements. Des constatations corroborées par les premiers résultats de l’Observatoire national des routes (ONR). Afin de dresser un bilan de la situation et de dégager des modalités de diagnostic et d’action, l’Idrrim a mis en place cet observatoire en 2016. Il concerne l’ensemble des gestionnaires routiers: l’État via le réseau des Directions interdépartementales des routes (DIR) représentant 12 000 km, le réseau départemental pour 377 000 km et le réseau communal et intercommunal pour 673 000 km. Les premiers résultats s’appuient sur les données publiées par l’État sur le réseau routier national et sur les informations recueillies par enquête auprès d’un échantillon de 57 départements. Ils permettent de mettre en valeur l’évolution des moyens consacrés au patrimoine routier (chaussées et ouvrages d’art) et le rapport entre les dépenses d’investissement (hors grands travaux) et de fonctionnement (hors personnel). Ce travail sera complété courant 2018 par les données disponibles au sein des collectivités et décrivant l’état du réseau.
