Lors de la conférence annuelle de la FNTV PACA du 30 novembre denier, au circuit Paul-Ricard, dans le Var, les autocaristes ont fait part de leurs retours d’expériences concernant l’utilisation du GNV sur le périmètre de la métropole Aix-Marseille Provence et sur les lignes express régionales. Pour les transporteurs du Sud, c’est une certitude, ce carburant s’imposera à l’avenir.
« L’énergie la plus aboutie, c’est le gaz. Il s’impose à nous comme une évidence. Le transport collectif se doit d’être vertueux. En ce sens, le bioGNV constitue un aboutissement. Quant à l’électrique, les batteries ne sont pas au point pour les lignes interurbaines et le coût d’achat s’avère excessif », a résumé Jean-Paul Lieutaud président de la FNTV PACA devant ses pairs, le 30 novembre dernier. Une journée vouée à la présentation des retours d’expériences des innovations technologiques testées au fil de l’année 2017 sur le territoire provençal et azuréen.
Quant à l’alimentation électrique, elle semble réservée aux lignes urbaines. Aix prévoit un BHNS 100 % hybride quand la Régie des transports de Marseille envisage de réaliser une station permettant de tester différents modes de recharge sur le réseau, avec des bus électriques ou multi-hybrides de différents constructeurs.
« Nous avons expérimenté en octobre un bus électrique Yutong sur l’axe Avignon-Arles durant 15 jours. Le bus parcourait deux allers-retours par jour (47 km) avec une recharge la nuit et 70 % de la charge était utilisée. Transdev a formé quatre conducteurs qui ont apprécié le confort. Nous ressentons une vraie adhésion et une évolution des mentalités avec une perception positive des usagers vis-à-vis de la réduction du bruit. Nous avons réalisé une enquête auprès des voyageurs, qui préfèrent le car électrique. 80 % des sondés considèrent la transition énergétique comme importante et sont prêts à payer plus cher pour renouveler la flotte et circuler dans des cars plus propres. Les économies d’exploitation compensent les surcoûts de l’amortissement. Cependant, l’électrique est crédible sur des distances inférieures à 50 km », a analysé Folco Laverdière, chargé de mission prospective mobilité et transport au conseil régional PACA. Juste quelques inquiétudes au regard du surcoût de 20 à 30 % généré par l’alimentation des auxiliaires (chauffage, climatisation), et de l’impossibilité de recharger en cours de journée.
Sur les lignes plus longues, le gaz a une longueur d’avance. C’est ce qui ressort des expérimentations effectuées cette année par des autocars alimentés au GNV en PACA. Ces expérimentations résultent d’un accord signé le 4 octobre 2016 entre GRDF et la FNTV PACA pour tester la filière gaz aux côtés des autorités organisatrices de transports. Un accord renouvelé le 30 novembre dernier.
Un autocar Scania et un autocar MAN roulant au GNV ont circulé dans des conditions réelles d’exploitation afin de tester les caractéristiques techniques des véhicules, de vérifier l’appréciation de conduite du chauffeur et de sonder le ressenti des voyageurs. « En janvier 2017, un autocar a circulé sur l’axe Aix-Marseille pour la RDT 13 avec un avitaillement au GNV sur la station d’Aix-en-Provence. Début juin, les Cars Phocéens ont testé durant deux jours en service commercial un autocar Scania roulant au bioGNV entre Nice et Marseille. Dans le Vaucluse, un autocar MAN a circulé sur la ligne Avignon-Orange et Cavaillon-Orange durant 15 jours sur des lignes interurbaines rurales », a détaillé Marine Bernard, de la FNTV PACA. Ces trois expérimentations ont permis de constater que la solution au GNV est concluante en termes de performance sur les différentes typologies de service. « Le GNV est une solution mature qui consomme moins que le diesel: 24 kg de GNV aux 100 km contre 25 litres aux 100 », ajoute Marine Bernard.
La FNTV note une consommation égale, voire inférieure à celle d’un autocar diesel Euro VI. Elle relève également une souplesse de conduite et réduction des nuisances sonores. « Le GNV devient attractif, et constitue un levier de la transition énergétique. Le problème résidait dans l’avitaillement car nous n’avons pas de station et nous avons fait appel à un compresseur Endesa pour fournir du biogaz. Dès demain, les véhicules feront le plein à la station GNV poids lourds du Mât de Rica, à Fos-sur-Mer », complète Marine Bernard. La métropole Aix-Marseille Provence a voté le 19 octobre dernier le projet d’aménagement d’une station gaz à Vitrolles, pour la flotte des Bus de l’Étang.
Actuellement, qu’il s’agisse de transport routier de marchandises ou de voyageurs, la région PACA pèche par l’insuffisance de stations au gaz. « La métropole AMP fixe des enjeux d’avitaillement aux terminus des lignes Premium avec la possibilité de mutualiser avec les transporteurs routiers. Nous sommes en retard comparé à Rhône-Alpes ou à l’Aquitaine », pointe Marc Di Benedetto, du cabinet Horizon Conseil. L’an dernier, 27 nouvelles villes ont fait le choix du GNV. Un marché dynamique. « Actuellement, 3 000 bus roulent au gaz, soit 11 % de parts de marché. L’objectif étant d’atteindre une part de 40 % en 2050 », avance Pierre Trami, responsable mobilité durable chez GRDF.
