Le projet de troisième ligne du métro toulousain relance la réflexion sur la desserte de l’aéroport, et du principal bassin d’emploi de la Métropole. Pour l’autorité organisatrice, Tisséo, la réponse passe par une navette « à haute fréquence ». Une solution qui ne satisfait pas les milieux économiques.
À l’horizon 2024, Toulouse aura une troisième ligne de métro. Les travaux commenceront l’an prochain. « Le tracé se fera en une fois », a annoncé Jean-Michel Lattes, président du SMTC Tisséo Collectivités. Soit 20 stations sur 27 km, dont 15 en tunnel, depuis la gare de Colomiers, dans l’ouest toulousain, jusqu’à Labège, au sud-est, en faisant une boucle par le nord de la ville. Un projet à 2,33 milliards d’euros, pour 200 000 passagers attendus par jour. Mais le problème reste la desserte de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB) et du plus gros bassin d’emploi de la Métropole, qui se situe juste à côté. Chaque jour, aux heures de pointe, les bouchons paralysent jusqu’aux communes limitrophes.
Pour se rendre à l’aéroport, la voiture est encore largement utilisée. Le tramway T2 dessert la zone aéroportuaire, à raison d’un tous les quarts d’heure, car seule une rame sur trois s’y rend, les deux autres allant vers Blagnac. Une navette en autocar, dont les places peuvent être réservées par SMS, part aussi de Toulouse-centre. « On ne la conservera pas », annonce Francis Grass, président de Tisséo-Ingénierie. Pourtant, cette navette « fonctionne bien ». En heures creuses du moins.
1 650 personnes descendent chaque jour (en semaine) du T2 à l’aéroport, et 680 prennent la navette. L’an dernier, les deux ont enregistré une fréquentation globale de 700 000 voyageurs.
« Ce ne sera pas un métro, ni un tramway, peut-être une desserte en mode léger. »
Plusieurs options ont été étudiées pour rallier l’aéroport. Celles du métro formant une fourche et du passage en tunnel sous l’aérogare ont été jugées trop onéreuses. En juillet dernier, le conseil syndical a approuvé la jonction par « ligne à haute fréquence ». Il s’agit d’une navette sur rail, qui connectera la 3e ligne et le tramway depuis la future station Jean-Maga.
« On reprend la plateforme du T2 et on l’améliore », explique Francis Grass. Ce petit bout du T2, appelé Envol, s’était chiffré à 70 M€… Il faudra compter 45 millions d’euros pour réaménager les voies. Durant les travaux, des bus pourraient desservir l’aéroport. Reconnaissant que la rupture de charge est un point négatif, le président de Tisséo ajoute: « C’est la solution la plus simple car elle va de quai à quai. » Le matériel roulant reste à définir. « Ce ne sera pas un métro, ni un tramway, peut-être une desserte en mode léger ». Comme le T2 actuellement, cette navette fera deux arrêts dans la zone économique avant d’arriver à l’aéroport, où une autre station pourrait voir le jour pour desservir les parkings.
Mais l’aéroport, la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre des métiers et la ville de Blagnac souhaitent que le métro aille jusqu’à l’aéroport, qui vient de franchir la barre des 9 millions de passagers par an. « L’absence de liaison directe avec la gare SNCF et les pôles économiques de Toulouse nous semble préjudiciable à l’attractivité du territoire », a indiqué Anne-Marie Idrac, présidente du conseil de surveillance de l’aéroport de Toulouse-Blagnac dans un communiqué. Tisséo rappelle que ce projet met l’aéroport à moins de 25 minutes de la gare SNCF Matabiau. Et qu’à terme, « la ligne pourrait se poursuivre plus au nord », où un parc des expositions doit voir le jour.