Le Skyliner est un car très rare en France. Les quelques autocaristes qui l’exploitent se réservent donc les bénéfices apportés par la forte personnalité de ce véhicule et par l’image flatteuse de la marque Neoplan, qui reste associée à la « tradition carrossier ».
À l’occasion du salon de Courtrai 2017, Neoplan a livré le 5 000e car double-étage Skyliner au groupe Baltour (baltour.it) qui l’exploitera entre Bologne, Milan, Palerme, Rome, Turin et Venise, mais aussi à travers l’Europe puisque ses lignes relient 17 régions italiennes et 500 destinations à travers l’Europe. Baltour n’est pas n’importe quel client pour MAN-Neoplan puisque sa flotte actuelle comprend 93 véhicules dont 66 sont des MAN ou des Neoplan. Pour la seule année 2017, Baltour a réceptionné sept Skyliner et quatre Cityliner. Baltour est donc un client exceptionnel pour Neoplan dont le Skyliner renaît commercialement depuis 2016.
Le 5 000e Skyliner s’enorgueillit d’équipements installés dans le cadre des « personnalisations clients » que réalise le Bus Modification Center (BMC) de MAN. On remarque notamment le dessin en L de la kitchenette ou les wc à dépression qui rappelle les systèmes présents dans l’aérien. Parmi les réalisations du BMC qui perpétuent la « tradition carrossier » de Neoplan, on remarque l’extraordinaire Skyliner sorti en avril 2017 pour Happyday Hanke Nightlinerservice avec un aménagement « couchettes » au niveau supérieur. 20 personnes peuvent y dormir, voire s’y laver puisqu’une douche est également installée. Cet équipement exceptionnel rappelle les Rotel réalisés par Neoplan entre 1965 et 1967. Il ne pénalise pas la seconde vie du véhicule puisque ce Skyliner pourrait être remis dans une configuration plus habituelle. En effet, la fixation de son aménagement utilise les rails montés sur tous les Skyliner.
Au cours de sa longue histoire, le Skyliner a trouvé ses clients en Europe, bien sûr, mais également au Japon, en Amérique du Sud, et même en Floride pour la visite de Cap Canaveral. Sa conquête du monde se poursuit avec, par exemple, l’arrivée en juin 2017 des premiers Skyliner aux Philippines.
En 2016, il s’est vendu 70 Skyliner en Europe. Ses ventes furent donc très inférieures à celles de ses concurrents Setra S431DT et Van Hool Astromega. Il s’agit pourtant bien d’une renaissance commerciale puisque les ventes annuelles du Skyliner n’ont pas dépassé 18 véhicules par an en moyenne de 2008 à 2015 pour l’Europe entière alors que cette moyenne est de 100 Skyliner par an sur cinquante ans. Au cours de la période récente, l’effondrement des ventes, et même la quasi-disparition du Skyliner entre 2013-2014 s’expliquent entre autres par la délocalisation de sa production vers la Turquie, où il est désormais assemblé aux côtés des autres cars de tourisme MAN et Neoplan, y compris le nouveau Lion’s Coach. Aux nostalgiques, rappelons que la reprise de Neoplan par MAN a consolidé la rigueur des processus de fabrication.
Il a fallu attendre 2015 pour que sorte effectivement le Skyliner Euro 6. Il s’appuie sur le modèle déjà refondu en 2011 et y ajoute, outre la conformité aux normes environnementales, l’équipement de sécurité désormais obligatoire (par exemple, l’EBA, Emergency Braking Assistance) ainsi qu’une possibilité d’accès pour les usagers en fauteuils roulants (UFR).
Rappelons que la refonte de 2011 a vu l’arrivée d’un Skyliner entièrement nouveau. Il a introduit la suspension pilotée CDS (Comfort Drive Suspension) qui est depuis lors montée en série sur tous les Skyliner. Ce dispositif ajuste en continu la dureté et l’intensité de l’amortissement. Cela facilite la conduite en courbe, y compris à pleine charge.
Tous modèles confondus, Neoplan ambitionne pour 2018 de vendre 20 cars en France, pays où la marque est actuellement sous-représentée. Un unique Skyliner a été vendu dans notre pays en 2016, puis aucun en 2017. Des affaires en cours devraient cependant conduire à des ventes françaises de ce modèle en 2018. Le prix d’un Skyliner fluctue selon son équipement et les conditions commerciales. Il est de l’ordre de 450 000 à 500 000 €.
Le seul Skyliner arrivé dans le parc roulant français en 2016 est un exemplaire luxueusement aménagé pour le groupe Salaün. Ceci contribue à renforcer l’image exclusive de ce modèle.
La planche de bord MAN-Neoplan est composée de sous-ensembles bien connus puisque déjà présents sur le Skyliner version 2011. Sa finition est nette, mais quelques détails surprennent. Parmi eux, citons le bouton rotatif de commande de boîte de vitesses qui est caché sous le tableau de bord, ou bien les deux prises USB placées à gauche alors qu’un chauffeur droitier les attend plutôt à proximité du vide-poches de droite, là où il pose naturellement son téléphone. Et que penser des appareils du système vidéo dissimulés en position basse, derrière des volets? Leur manipulation en conduisant impose d’éloigner exagérément le regard de la route. Au centre du bloc d’instruments, l’actuel écran en noir et blanc sera remplacé en cours d’année 2018 par un nouvel écran couleur.
Le poste de conduite semble calé à gauche, ce qui donne une certaine sensation d’étroitesse. Dès les premiers tours de roue, on apprécie que ce géant de 14 m se montre étonnamment manœuvrant et vire court. Évidemment, il faut être très attentif au balayage du porte-à-faux arrière car il y a tout de même 4,61 m derrière le pont moteur.
L’accélération est à la fois douce, progressive et déterminée. Le couple du moteur (2 500 Nm) est pleinement disponible dès 930 tr/min, ce qui contribue au confort, au silence et à l’économie de carburant. L’association du moteur MAN D26 de 500 ch à la boîte automatisée ZF AS-Tronic (TipMatic chez MAN) semble parfaitement au point.
Le Skyliner dispose maintenant d’un régulateur de vitesse qui exploite le relief de l’itinéraire (Efficient Cruise) grâce à une carte 3D. La roue libre (Efficient Roll) est activée lorsqu’elle peut contribuer à réduire la consommation sans nuire à la sécurité. Parmi les multiples systèmes de sécurité, on trouve notamment le régulateur avec maintien d’intervalle par rapport au véhicule qui précède (ACC, Adaptative Cruise Control), l’anti-renversement (ROP, Roll-Over Prevention), la surveillance de la pression des pneus (TPM, Tyre Pressure Monitoring) ou la détection de baisse de vigilance de la part du conducteur (Attention Guard).
La suspension pilotée participe à la qualité de la tenue de route et à la précision de la conduite. Elle est particulièrement appréciable sur une route de montagne sinueuse et dont le revêtement est parfois en mauvais état, voire ponctuellement affaissé. Eh oui, nous avons hissé le Skyliner jusqu’à l’altiport de Mégève et la route qui y donne accès n’est pas la mieux adaptée à un car double étage. Au retour, donc en descente, l’efficacité du ralentisseur et celle du freinage se sont fait apprécier. La chaîne cinématique, la manœuvrabilité, le ralentissement et la tenue de route sont donc dignes d’éloges. Il est difficile d’être aussi dithyrambique à propos de la visibilité offerte par le poste de conduite. La vision vers le haut est limitée, or les branches d’arbre ou la signalisation nous intéressent parfois. C’est encore pire vers la droite et il faudra mettre à contribution le guide lors du franchissement de certaines intersections. Franchement, une caméra dirigée vers la droite ne serait pas un luxe. Et tant qu’on y est, un rétroviseur d’accostage et un antéviseur faciliteraient les manœuvres. Côté gauche, ce n’est pas la fête non plus. L’épais rétroviseur s’associe au montant de pare-brise pour créer un important angle mort vers l’avant gauche. Bref, conduire n’est pas une partie de cache-cache et l’élargissement du champ visuel du conducteur devrait être un axe de développement pour la future évolution du modèle.
Parce que le chauffeur d’un car se mue souvent en manutentionnaire quand il s’agit de charger ou de décharger les bagages, il appréciera la porte située à l’arrière-droit et donnant accès à la soute. Ceci dit, le plancher de soute se termine par un bord saillant au niveau des ouvertures des volets de soute. Ça risque donc de frotter un peu, notamment au déchargement par glissade.
Un double-étage, ce sont deux ambiances très différentes selon que l’on voyage au niveau supérieur avec une vue dégagée sur l’environnement, ou bien au niveau inférieur où l’on trouvera tables, kitchenette et wc. La soute et un plancher insonorisé évitent la transmission des bruits de la chaîne cinématique aux voyageurs. Appréciée par le conducteur pour la rigueur qu’elle confère au comportement routier, la suspension CDS l’est également par les passagers pour son confort. Pour un aspect « haut de gamme », notre exemplaire d’essai est équipé de sièges Kiel revêtus de cuir.
Au niveau inférieur, la hauteur libre atteint 1,84 m. Deux tables séparent des paires de sièges en vis-à-vis. Côté droit, trois rangées de sièges face à la route sont placées étrangement bas. Elles sont en fait montées sur rails et s’escamotent pour laisser place à un ou deux fauteuils roulants.
Les escaliers sont particulièrement clairs et, arrivé au niveau supérieur, le pavillon vitré « Skylight » donne une sensation d’espace agréable. Et paf! On en oublie que c’est si bas de plafond! Sur le pavillon, les éléments d’ossature qui séparent les vitres sont nettement en dessous de celles-ci. Il n’y a que 1,68 m de hauteur libre dans l’allée centrale. Nous sommes donc nombreux à faire une rencontre percutante. Évidemment, les meilleures places sont celles du premier rang au niveau supérieur d’où la vue est panoramique.
Indépendamment du modèle et du constructeur, la formule double-étage est imparfaite. Les hauteurs intérieures de chaque niveau sont contraintes par la limitation de hauteur extérieure à 4 m dans de nombreux pays européens. Et à propos d’Europe, que penser de la non-application aux cars double-étage du règlement ECE R66-2 concernant la résistance de la structure en cas de retournement?
Neoplan profite non seulement d’une image premium, mais également d’une certaine originalité. Celle-ci naît d’une esthétique parfois perçue comme clivante, mais aussi de la rareté, donc du caractère exclusif de la marque dans notre pays. L’identité visuelle forte du Skyliner fait naturellement de lui le vaisseau amiral d’une flotte, prioritairement pour le tourisme. Ceci dit, aujourd’hui, le double-étage trouve de nouveaux débouchés avec les SLO et les dessertes périurbaines assurées par des véhicules en Classe II. Dans ce contexte globalement favorable au double-étage, le Skyliner doit reconquérir ses positions commerciales grignotées, voire dévorées, par ses concurrents Setra, VDL et VanHool.
Les ventes européennes de cars double-étage sont en progression constante au cours des dernières années. Elles s’expliquent entre autres par le développement des utilisations en Classe II. Le Skyliner en prend sa part avec, notamment, la commande fin 2016 de 100 Skyliner livrables sur quatre ans pour la desserte de Rome par Cotral. Aménagé pour une utilisation en Classe II, le Skyliner transporte jusqu’à 91 passagers et est équipé de boutons « arrêt demandé » ainsi que d’une prédisposition pour la vente et le contrôle de titres de transport (ticketing). Wc, kitchenette et racks à bagages sont absents de la configuration Classe II.
Longueur x largeur x hauteur: 14,000 m x 2,550 m x 4,000 m
Empattement: 6,700 m + 1,470 m.
Porte-à-faux: 2,690 m (AV), 3,140 m (AR).
Hauteur intérieure: 1,840 m en bas, 1,680 m en haut.
Rayon de braquage: 11,658 m.
Moteur: MAN D2676LOH, 6 cylindres en ligne, 12,419 l, 500 ch à 1 800 tr/min, 2 500 Nm de 930 à 1 350 tr/min.
Boîte de vitesses: ZF AS-Tronic à 12 rapports avant (vendue en tant que MAN TipMatic) avec anti-recul au démarrage EasyStart.
Freins: à disques, avec BA (Brake Assist System), EBS (Electronic Brake System), ESP (Electronic Stability Program), MSC (Maximum Speed Control).
Essieu avant: à roues indépendantes.
Pont moteur: MAN, de type hypoïde.
Troisième essieu: directeur, EHLA (Electronic Hydraulic Steering Axle).
Capacité: selon les standards allemands 83+1+1 en 3 étoiles, 76+1+1 en 4 étoiles, 68+1+1 en 5 étoiles. Notre véhicule d’essai est en configuration 77+1+1 avec wc et sellerie Kiel. Pour une utilisation en Classe II sans wc, la capacité peut atteindre 91 passagers.
UFR: jusqu’à deux fauteuils roulants.
Soute: jusqu’à 11 m3.
Après le lancement du premier Skyliner en 1967, Neoplan règne sans partage sur le marché du car de tourisme double-étage pendant près de 15 ans. Le 100e Skyliner sort en 1973 et l’on note que le 500e est livré fin août 1980 à un transporteur français, la STRAV de Brunoy (Essonne) aujourd’hui intégrée à Transdev. Drögmöller est, avec son Meteor, le premier à concurrencer le Skyliner en sortant son double-étage en 1981. Il est rapidement suivi par Setra dont le S228DT est présenté en septembre 1981. Viennent ensuite le T824 Astromega de Van Hool en 1982, puis le premier double-étage de Jonckheere en 1986 auxquels s’ajoutent l’Irizar Dragón ou encore le Berkhof Axial 100 DD qui deviendra le VDL Synergy, ancêtre de l’actuel VDL Futura FDD2.
Afin de répondre à des besoins spécifiques et pour apporter de nouvelles solutions de transport, le Skyliner a donné lieu à de multiples déclinaisons au cours de son demi-siècle d’existence. Le Jumbocruiser (1975) est un Skyliner articulé. Le SuperSkyliner (vers 1978), puis le Megaliner (1992) sont des cars à quatre essieux. Tous les essieux du Megaliner sont directeurs, ce qui est exceptionnel. Sur le Spaceliner (1979), le poste de conduite est en position basse, comme sur le Skyliner, mais il n’y a qu’un seul niveau pour les passagers qui disposent d’une vue dégagée vers l’avant et d’un confortable volume habitable. Apparu au milieu des années 1980 et conçu pour 68 passagers, le Clubliner est un Skyliner à deux essieux dont la longueur est limitée à 10,7 m. Rappelons que le Skyliner originel (1967) et les versions courtes du Skyliner livrées au Japon reposent eux aussi sur deux essieux et non trois à la différence de la plupart des Skyliner.
