La métropole alsacienne prépare une offre multimodale, intégrant les transports urbains, le stationnement, les vélos en libre-service et l’autopartage. Disponible sur smartphone et doté du postpaiement, le compte mobilité doit convaincre les Mulhousiens de renoncer à leur deuxième voiture.
Le 12 mars, les premiers bêta-testeurs vont commencer à utiliser le compte mobilité mis en place par Mulhouse Alsace Agglomération (M2A). L’objectif de l’autorité organisatrice est de proposer une gamme de services de mobilité sur l’ensemble de son territoire. L’offre devrait être finalisée d’ici septembre, pour un lancement à l’occasion de la Semaine européenne de la Mobilité. « L’intercommunalité a été élargie à 39 communes, et les bassins de vie évoluent, explique Denis Rambaud, vice-président aux Transports de M2A. L’époque où les agglos dépensaient beaucoup d’argent pour construire de nouvelles infrastructures est révolue. Face à la contrainte budgétaire, il fallait trouver d’autres solutions pour encourager les changements de comportements, en donnant la possibilité de passer plus facilement d’un mode à l’autre. » L’idée consiste à intégrer sur un seul support l’ensemble des services liés aux déplacements, du stationnement jusqu’aux vélos en libre-service, en passant par l’autopartage et les transports urbains. L’offre sera disponible sur smartphone. « Je ne crois pas à la fracture numérique quand le service est au rendez-vous », remarque Denis Rambaud, en soulignant que les usagers auront la possibilité d’accéder au compte mobilité sans smartphone. L’élu insiste aussi sur le post-paiement, qui apporte une réelle attractivité à l’offre.
Le projet a été co-construit par M2A et Solea, société d’économie mixte contrôlée par Transdev, en charge des transports urbains et du tram-train (conjointement avec la SNCF). Le projet, financé par M2A et Soléa, bénéficie d’une subvention de 600 000 € dans le cadre de l’appel à projets « Territoires à énergie positive pour la croissance verte ». Une convention d’expérimentation a été conclue avec Cityway, filiale de Transdev spécialisée dans le transport multimodal.
« Notre objectif est de conquérir ceux qui n’ont pas le réflexe des transports publics », déclare Guillaume Aribaud, directeur général de Soléa. Le compte mobilité mulhousien peut même être considéré comme une déclinaison du concept de MaaS (Mobility as a Service), développé à Helsinki. « Le modèle finlandais suppose la suppression de la voiture individuelle, remarque Jean Coldefy, consultant spécialiste de la mobilité intelligente. Le projet mulhousien s’adapte à nos réalités sociales. » Jusqu’à présent dépourvue de billettique sans contact, Mulhouse choisit de passer directement à l’étape suivante.
Plus pragmatique dans sa prise en compte des demandes des usagers, le projet est aussi multipartenarial et évolutif. Ainsi, Denis Rambaud envisage d’intégrer à terme des trajets en taxis, et une partie des dessertes TER dans l’offre. « Nous avons engagé une démarche de promotion offensive sur cette combinaison de l’offre, poursuit Guillaume Aribaud. En associant tous les partenaires, nous faisons gagner tout le monde. Et le système a vocation à améliorer l’équilibre d’exploitation du réseau de transports urbains. » L’exploitant du réseau ne le cache pas: sans vouloir pousser la comparaison, il se réfère tout de même à l’appel d’offres mobilité, premier et unique en son genre, conclu à Dijon avec Keolis. Là aussi, l’approche est globale, mais elle repose sur un seul opérateur.
L’approche mulhousienne se veut également centrée sur l’utilisateur. Dès le départ, des tests ont été menés auprès des usagers. « Deux groupes de 40 personnes ont été consultés sur la maquette du projet, précise Denis Rambaud. Ces échanges nous ont permis par exemple de prévoir des alertes personnalisables sur les montants atteints, avant l’émission de la facture mensuelle. » Et les nouveaux essais permettront sans doute d’améliorer encore le produit.
