En devenant actionnaire stratégique de la société Transpolis, qui développe une ville-laboratoire de 80 hectares, les cars Berthelet concrétisent leur engagement dans l’innovation et la smart city. La PME familiale a d’ailleurs adopté une nouvelle signature: Smart mobility solutions.
Quelques semaines après avoir fait l’acquisition d’une navette autonome Navya, les Cars Berthelet rejoignent Transpolis en tant qu’actionnaire stratégique. C’est aux côtés de sociétés établies comme Renault Trucks, Colas ou de start-up comme Hikob, spécialisée dans les systèmes de collecte de données, que Berthelet s’engage dans l’innovation et les solutions de mobilité intelligente. Une nouvelle étape dans l’orientation du transporteur vers les solutions du futur. « Nous montrons qu’une PME peut prendre sa place dans une démarche d’innovation. Nous sommes un acteur crédible et légitime, en capacité de proposer à nos clients privés ou collectivités locales des solutions d’avenir », déclare Aurélien Berthelet, directeur général des Cars Berthelet. Pour rejoindre Transpolis, l’entreprise familiale installée à Crémieu ne s’est pas contentée de faire un chèque. « J’ai dû convaincre le président de Transpolis », souligne Aurélien Berthelet.
« Nous ne sommes pas véritablement à la chasse aux nouveaux actionnaires », confirme Stéphane Barbier, directeur du développement de Transpolis, qui insiste lui aussi sur la nécessité de partager les mêmes objectifs, et d’enrichir les réflexions au moins autant que les caisses. « Berthelet nous apporte une brique complémentaire. » L’entreprise familiale est ainsi le premier transporteur à intégrer Transpolis.
Créée en 2011, Transpolis associe entreprises privées et soutiens publics pour mettre sur pied une ville-laboratoire de 80 hectares, sur un ancien site militaire dans l’Ain. Le projet a été incubé au sein du pôle de compétitivité Lyon Urban Truck and Bus (LUTB), avec le soutien de l’Institut français des sciences et des technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar). Le président de Transpolis, Dominique Fernier, est d’ailleurs directeur de l’innovation et du transfert de technologie à l’Ifsttar.
« Transpolis est née de l’idée qu’il fallait une approche globale transversale en matière d’innovation, et non plus seulement verticale », explique Stéphane Barbier.
La société associe des acteurs privés, publics et institutionnels au premier rang desquels la Caisse des dépôts, le région Auvergne Rhône-Alpes, qui lui ont apporté 18 millions d’euros de budget. Groupama Rhône-Alpes, le département de l’Ain, la Métropole du Grand Lyon ou la Communauté de communes de la Plaine de l’Ain. La Direction générale des entreprises figure aussi parmi ses actionnaires. Avec un budget de 18 millions d’euros, elle a pour mission de mettre en place un lieu d’expérimentation physique, afin de tester les nouvelles solutions dans des situations qui se rapprochent le plus possible de la réalité. L’ensemble du site sera livré en fin d’année 2018. Unique en son genre, Transpolis permettra donc de tester les innovations en matière de mobilité connectée (route, télécoms, capteurs), relation véhicule-infrastructure.
Un site plus réduit est d’ores et déjà opérationnel, ce qui a permis depuis 2016 d’effectuer des crash-tests sur des équipements de sécurité routière (barrières et glissières), et de mettre au point un capteur abdominal destiné à améliorer la sécurité des enfants en voiture. Des expériences ont également démarré en matière de véhicule autonome. « Une quatrième activité sera bientôt disponible, afin d’adresser le marché des systèmes de recharge, des capteurs et du mobilier urbain connecté », poursuit Stéphane Barbier. Pour Berthelet, qui se positionne clairement comme un spécialiste des services de mobilité, le potentiel actuel et futur de Transpolis est immense. « Nous comptons continuer à avancer de manière concrète et pragmatique », commente Aurélien Berthelet, sans vouloir en dire davantage sur les projets à l’étude.
Berthelet a démarré l’année 2018 en présentant sa nouvelle offre de navettes électriques autonomes en partenariat avec le constructeur Navya. Quelques semaines plus tard, l’entreprise présentait, le 5 février, sa nouvelle flotte de véhicules GNV assurant le transport des passagers entre les parkings et les terminaux de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Sept autocars ont été développés en partenariat avec Iveco pour le renouvellement de ce marché, que Berthelet exploite depuis 12 ans.
« Ce n’est pas un hasard si Transpolis a été créée près de Lyon », sourit Stéphane Barbier. Héritière du pôle de compétitivité lyonnais dédié aux bus et aux camions, l’entreprise rassemble les fleurons locaux de la mobilité. Renault, bien sûr, mais aussi les PME Eve System et Vibra Tec. Le groupe Lacroix, ETI qui développe notamment des solutions de gestion dynamique du trafic, fait partie des partenaires technologiques de la plateforme. C’est également le cas de la société allemande Selux, spécialisée dans l’éclairage. Mais le Centre français de compétence pour l’éclairage extérieur, basé dans l’Ain, est lui aussi associé à Transpolis. Le Grand Lyon s’est engagé très fortement dans les transports intelligents en développant dès 2012 le projet Optimod, application de mobilité multimode et en temps réel. Soutenu par le programme des investissements d’avenir, le projet visait entre autres à proposer un outil de prévision de trafic en temps réel permettant à la fois d’informer les usagers et d’optimiser la circulation en adaptant le fonctionnement des 1 500 carrefours à feux de l’agglomération. Le projet comportait également un volet fret visant à mieux gérer le fret urbain, en fournissant des informations actualisées sur la disponibilité des aires de livraison.
L’objectif est de valider les usages commercialisables d’ici à 2020. En effet, les constructeurs automobiles envisagent une première commercialisation de fonctions de niveau 3 sur autoroute avant 2020, et les opérateurs de transport souhaitent des premières exploitations de lignes de véhicules de niveau 4 (sans agent à bord) à partir de cette même année. L’AMI consacré à l’expérimentation du véhicule routier autonome (voir encadré ci-dessous) se clôture le 29 mars à 15 heures. Les dossiers présentés devront être collaboratifs, représentatifs du déploiement commercial visé, contributeurs à la validation environnementale, sociétale et technique des systèmes (notamment pour les cas critiques), et concentrés sur un territoire ciblé adapté au cas d’usage.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a lancé le 28 février un appel à manifestation d’intérêt (AMI) baptisé Expérimentation du véhicule routier autonome. Cet AMI vise à identifier un nombre limité de projets cohérents et complémentaires, de taille critique, permettant le passage à l’échelle industrielle. Ces projets feront l’objet d’expérimentations de grande ampleur, visant notamment à recueillir des données représentatives des situations critiques, à mieux connaître les comportements des utilisateurs, à évaluer les impacts sociétaux et environnementaux, à évaluer l’efficacité de ces véhicules pour des services de transports collectifs, et à mutualiser les retours d’expérience.
