Pays-de-la-Loire sera le 9 juin 2018 la première région française à mettre en service des TER à deux niveaux circulant à 200 km/h. Entre le début des essais de ce matériel Bombardier, dérivé de celui circulant à 160 km/h et son entrée en exploitation effective, il se sera écoulé plus de trois ans.
La région Pays-de-la-Loire semble accoutumée aux innovations à 200 km/h. Après avoir été la première à mettre en service des TER spécialement adaptés pour circuler sur la nouvelle ligne à grande vitesse Bretagne-Pays-de-la-Loire début juillet 2017, elle sera également la première à mettre en place des services régionaux à deux niveaux assurés à cette même vitesse le 9 juin prochain. C’est, en effet, à cette date que la desserte Interloire sera réalisée avec des rames Regio 2N V200 présentées en avant-première au Technicentre Pays-de-la-Loire de Nantes le 23 mars 2018.
Mais il aura fallu du temps, beaucoup de temps même pour en arriver là! Le premier des trois trains d’essai nécessaire à l’homologation du matériel a débuté sa campagne en avril 2015. Il était prévu, à ce moment-là, une mise en service du nouveau matériel à la rentrée 2017. Mais l’accident d’Eckwersheim, survenu le 10 décembre 2015, a conduit à mettre en œuvre des procédures renforcées pour l’homologation des matériels ferroviaires circulant à 200 km/h et plus. En conséquence, ce sont neuf mois supplémentaires qui sont venus s’ajouter à un programme comportant au total près de 9 000 requis à respecter.
Comme l’a confirmé la directrice régionale de la SNCF lors de la présentation à la presse de la nouvelle rame, « l’autorisation de mise en service commercial des Regio 2N V200 est prévue au cours de la seconde quinzaine d’avril 2018 ». Les trois ans et deux mois qui se seront ainsi écoulés entre le début des essais et la mise en service effective du matériel correspondent peu ou près à 10 % de la durée de vie des rames, celle-ci étant estimée à une trentaine d’années. À titre de comparaison, les durées de certification des avions civils dérivés comme l’Airbus A320neo sont incomparablement moins élevés (14 mois seulement).
Au sein du parc des matériels de la région Pays-de-la-Loire, le Regio 2N V200 peut justifier pleinement sa qualité de gros-porteur tant sa capacité est importante. Commandé à treize exemplaires pour un montant de 156 millions d’euros, ce matériel comporte, en effet, 501 places assises. Il offre, ainsi, 50 % de places assises supplémentaires par rapport à une rame à deux niveaux classique circulant à 160 km/h et encore 15 % de plus par rapport à un train double. De fait, il peut assurer une grande variété de missions, à commencer par des relations intervilles rapides (200 km/h) comme ce sera le cas pour débuter. Actuellement réalisé par des rames à un niveau de type ZTER offrant 418 places assises, ce service Interloire Le Croisic – Saint-Nazaire – Nantes – Angers – Tours – Orléans sera couvert par un total de cinq rames dont les deux revendues depuis à la région Centre – Val-de-Loire dans le cadre de cette desserte. Ce service sera renforcé durant les week-ends avec la mise en marche d’unités multiples portant la capacité des trains à 1 002 places assises.
Il pourra, tout aussi bien, prendre en charge des dessertes périurbaines comme Nantes – Ancenis et Nantes – Savenay, grâce à son importante capacité. Présenté comme un véritable « couteau suisse », le Regio 2N V200 pourra aussi transporter jusqu’à cinquante vélos par rame dans le cadre du service Train Vélo Loire.
Cinq des sept rames mises en ligne pour le début du service seront, en effet, équipées de l’option dénommée « Jumbo Vélo ». Le retrait de 84 sièges permettra donc d’ajouter 41 emplacements supplémentaires aux neuf existants d’origine. La région a investi près de 3 M€ pour ce choix technique d’aménagement, totalement inédit.
Longues de 110 mètres, les rames comporteront huit voitures. Elles seront aménagées avec quatre sièges de front. Implantée à l’étage dans l’une des voitures, la première classe se distinguera notamment par un pas de siège plus important. Ces rames seront entretenues au Technicentre Pays-de-la-Loire de Nantes, où un nouvel atelier spécifique a été construit. Sur les 32,10 M€ de coût de ce bâtiment de trois voies sur fosses, 17,20 M€ ont été apportés par la région Pays-de-la-Loire.
L’arrivée de ces nouveaux trains, dont les derniers seront livrés courant 2020, participera à l’augmentation de places assises du parc en Pays-de-la-Loire. Celui-ci passera de 25 700 places en 2017 à 26 900 places (+ 4 %) en 2018 et plus de 29 000 places (+ 13 %) d’ici 2020. De quoi conforter l’offre de transport ligérienne qui a déjà été augmentée de 8,5 % grâce au cadencement. La Région sera donc à l’heure pour accueillir les 10 % de fréquentation supplémentaire attendue à l’horizon 2021.
La mise en service des rames à deux niveaux à 200 km/h ne devrait pas donner lieu à une vague importante de nouvelles commandes pour Bombardier, tout au moins en régional. Car seule, a priori, la région Grand Est pourrait être intéressée par les Regio 2N V200 pour remplacer le matériel actuellement utilisé sur Strasbourg – Bâle. Mais ces compositions remorquées ont déjà fait l’objet d’une rénovation leur permettant de rester en service jusqu’à l’horizon 2024-2025.
Le constructeur fait, en revanche, progressivement le plein s’agissant des matériels assurant les Trains d’équilibre du territoire (TET). Quarante rames Omneo Premium, la version Intercités à 200 km/h des Regio 2N déjà commercialisés à 382 exemplaires au total, ont en effet été commandées par la région Normandie. Elles circuleront à la vitesse de 200 km/h sur Paris – Caen – Cherbourg et à 160 km/h sur Paris – Rouen – Le Havre à partir de 2020. C’est à cette même échéance que circuleront les premières des trente-deux rames Omneo Premium nouvellement acquises par la région Centre – Val-de-Loire. Le 200 km/h sera, alors, pratiqué sur les relations Paris – Orléans – Tours et Paris –Vierzon – Bourges, les trains Paris – Nevers l’étant à la vitesse de 160 km/h.
Le Regio 2N V200 se distingue de la version originelle circulant depuis septembre 2014 à la vitesse de 160 km/h par les évolutions suivantes:
• changement du rapport de réduction (changement des réducteurs);
• changement du transformateur principal (augmentation de la puissance);
• augmentation de la puissance admissible de la résistance de freinage;
• modification au niveau des intercaisses;
• montage d’antilacets supplémentaires;
• intégration du dispositif de détection de rupture de bande (ADD) au pantographe cœur de cible;
• augmentation des capacités de freinage (deux paires de patins freins électromagnétiques (FEM) additionnelles installés sur les bogies 4 et 6). Cette dernière amélioration a permis de réaliser des freinages d’urgence, en passant de 200 km/h à l’arrêt total, en seulement 1 229 m.