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Itinéraire

Azur Evasion et VDL: dix ans de confiance réciproque

Il y a dix ans, Paul Rocca créait Azur Evasion. à l’époque, personne ne voulait vendre un autocar à ce jeune entrepreneur âgé de 26 ans. Seule Manon Raynal, alors en charge des véhicules d’occasion Bova-VDL, a accepté de lui fournir un véhicule. Depuis, Manon est devenue directrice de VDL en France tandis que l’entreprise de Paul est maintenant le principal autocariste marseillais pour le tourisme. En souvenir de ses débuts, Paul n’achète quasiment que des cars VDL. Voici une belle histoire de fidélité et de confiance.

Aujourd’hui, Azur Evasion est le premier autocariste de la région PACA à mettre en service un VDL FDD2. L’arrivée de ce premier car double-étage dans la flotte ne doit pas faire oublier que les premiers temps ne furent pas évidents. Dans le petit monde de l’autocar, les nouveaux arrivants sont mal acceptés, et une assise financière certaine leur est demandée. Tout a donc commencé avec un premier car acquis d’occasion en mars 2008. Les autres autocaristes marseillais sont alors des entreprises familiales face auxquelles Paul Rocca est clairement « le p’tit jeune ». Il répond cependant à une demande, car l’offre en autocars de tourisme est insuffisante dans la région.

Les « jeunes » dynamisent le tourisme marseillais

Aujourd’hui âgé de 37 ans, Paul Rocca conduisait beaucoup au début. Il conduit bien sûr beaucoup moins maintenant, étant secondé par Terence Vidal, 32 ans. Après avoir été broker dans l’aviation d’affaires, Terence est aujourd’hui chef d’exploitation en charge du commercial pour Azur Evasion. Lorsqu’il arrive dans l’entreprise en 2014, son parc ne compte que huit véhicules. Il a plus que triplé depuis.

Azur Evasion est basée dans le 11e arrondissement de Marseille, quartier Saint-Marcel. Paul rappelle que Marseille subit son déficit d’image: « On souffre des trente dernières années. On doit prouver deux fois plus que les autres qu’on fait bien notre travail. Nous avons donc déjà beaucoup à faire pour convaincre, bien avant la prestation de transport. La topographie marseillaise constitue une autre difficulté, et nous sommes contraints de faire des city tours à thèmes, faute de pouvoir raisonnablement couvrir toute la ville en une seule fois. »

Terence et Paul se sont connus quand ils étaient scouts et sont amis dans la vie. De Paul, Terence dit: « Il veut que tout soit très carré. Il s’impose la rigueur et l’impose aux autres. » Terence poursuit avec une recette du succès aussi simple qu’efficace: « Il faut des véhicules et des chauffeurs qui présentent bien. Il faut être aimable, connaître les itinéraires et arriver en avance. »

Chez Azur Evasion, on parle anglais! Cela pourrait sembler évident dans le secteur touristique, mais c’est en fait peu commun chez les autocaristes marseillais. La direction met par ailleurs un point d’honneur à être disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 lorsque c’est nécessaire, tout en répondant sous trois heures aux demandes de devis.

Azur Evasion réalise 4 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels, ce qui fait d’elle le plus gros transporteur touristique de Marseille en CA. Avec une progression actuelle de 5 à 15 % par an, l’activité a doublé en quatre ans. Autour de la société financière Azur Evasion Invest, s’articulent quatre entités. Azur Evasion se consacre au tourisme, Horizon Provence se charge des lignes régulières, Prestige mobilité exploite des véhicules de moins de dix places tandis que Locabus loue des cars sans chauffeur. Ce parc locatif a été intégralement acquis d’occasion, et comprend un Bova, un Iveco, un MAN ainsi qu’un Van Hool Astromega (double étage).

Tourisme sur l’arc Montpellier-Avignon-Nice

Azur Evasion n’est pas voyagiste, mais uniquement transporteur. L’activité touristique se déploie au fil des séminaires, congrès, voyages scolaires et des demandes émanant des agences de voyages ou d’événementiel, sans oublier les croisiéristes. A propos des croisières, les agents maritimes limitent le nombre de passagers à 35 par car, en raison du volume de leurs bagages.

En dehors des trajets effectués en partenariat avec FlixBus, les cars parcourent 80 000 km par an, ce qui est relativement important pour une activité touristique concentrée sur l’arc Montpellier-Avignon-Nice. L’activité connaît deux périodes de pointe, du 20 mars au 20 juillet, et du 20 août au 20 novembre. La période creuse estivale, du 20 juillet au 20 août s’explique par l’absence de séminaires et d’activités scolaires, ainsi que par la baisse du nombre de voyages organisés et de bateaux de croisière en escale à cette période. Du 20 novembre au 20 mars, le froid réduit l’activité touristique à Marseille, ce qui est partiellement compensé par quelques voyages vers les stations de sports d’hiver.

Transporter le personnel des entreprises

À l’origine, l’activité était uniquement touristique. Elle est complétée par des services réguliers depuis trois ans et demi. Dans ce domaine, il s’agit principalement de transports de personnel. Parmi les clients, on trouve le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) à Cadarache, Derichebourg pour le site ArcelorMittal de Fos-sur-Mer, ou encore La Poste. Pour celle-ci, l’autocariste assure une ligne régulière de 5 à 22 heures entre Marseille et Vitrolles. A la demande, Azur Evasion met en place des services de substitution SNCF.

Pour l’Olympique de Marseille, Azur Evasion transporte quotidiennement toutes les équipes, depuis les scolaires jusqu’à la Nationale 2. L’équipe professionnelle est pour sa part transportée par les Voyages Arnaud qui lui réservent un Setra S431DT spécialement pelliculé en 2016.

Moins de deux ans pour parcourir 700 000 km avec FlixBus

Lancé en 2016, le partenariat avec FlixBus nécessite deux cars utilisés entre Barcelone et Gênes (860 km parcourus en 13 heures) afin de relier quotidiennement ces deux villes dans chaque sens. L’autocariste dispose d’un appartement à Gênes et d’un autre à Barcelone pour y loger ses chauffeurs. Un troisième car roule sous les couleurs de FlixBus entre Aix-en-Provence et Barcelone (490 km en 8 heures) et effectue un aller-retour dans la journée. Ces trois cars exploités pour FlixBus mobilisent dix chauffeurs qui n’ont normalement pas vocation à faire du tourisme dans Marseille. Le service est assuré 365 jours par an. Les cars affectés à FlixBus ont déjà été remplacés après avoir parcouru 700 000 km chacun en moins de deux ans.

Azur Evasion emploie 44 personnes dont 39 chauffeurs et cinq « administratifs », tous en CDI. L’âge moyen des chauffeurs, de l’ordre de 51 à 52 ans peut sembler assez élevé. Selon Terence Vidal, il y a là un avantage: « Mieux vaut pour les clients et pour nous que le conducteur soit expérimenté. Un conducteur jeune fait un peu peur aux clients. Les plus âgés savent s’adapter, alors que les jeunes sont moins flexibles. » Terence poursuit: « Nos véhicules neufs attirent. On reçoit beaucoup de CV. Les trois quarts de nos chauffeurs conduisaient déjà des cars de tourisme avant d’arriver chez nous. Nous avons également quatre ou cinq anciens du transport de marchandises, mais aussi des ex-policiers, y compris des ex-CRS, retraités à 52 ans après 27 ans de service. » Quand Terence demande aux chauffeurs comment ils ont connu l’entreprise, la réponse est souvent: « On vous voit tout le temps dans Marseille, et vous avez de beaux véhicules. » Paul et Terence n’ont aucun problème pour avoir des conducteurs et sont très satisfaits que le recrutement ait lieu par recommandation et par bouche-à-oreille. « C’est un peu plus dur d’avoir de bons conducteurs, capables d’assurer tout type de service en commençant éventuellement à 5 heures du matin et en finissant parfois à 2 heures du matin », nuance Terence. « Il y a très peu de turn-over chez les conducteurs. C’est une bonne équipe, avec une bonne entente. Nous faisons confiance aux chauffeurs. Eux sont habitués à nous; ils nous ont vus grandir », poursuit-il.

Chaque car est confié à deux conducteurs. L’un, titulaire du véhicule, est employé à temps complet. L’autre est à temps partiel. Globalement, le tiers des chauffeurs est employé à temps partiel. Titulaire d’un véhicule, le chauffeur en est responsable et garant de sa tenue.

En mai 2018, Azur Evasion exploite 25 véhicules dont deux cars scolaires Mercedes Intouro, quatre minibus Mercedes Sprinter Travel 65 et 19 cars de tourisme. Ces derniers sont tous des VDL, de 12 à 14 m, et de 47 à 78 places. On trouve parmi eux 5 FMD2, 13 FHD2 et 1 FDD2. La présence des Intouro s’explique par l’absence de modèle vraiment équivalent chez VDL dont le FMD est plus cher. La flotte pourrait encore croître car une demande existe.

A propos de VDL, Terence déclare: « VDL apporte un très bon compromis entre les impératifs de notre activité et le prix du véhicule. Au niveau de la maintenance, les pépins sont toujours les mêmes, ce qui nous permet de les résoudre plus vite. » L’entretien est intégralement sous-traité, à la fois à « l’itinérant VDL », au réseau DAF pour la mécanique lourde, ainsi qu’à deux carrossiers, dont l’un se déplace chez le transporteur. En moyenne, les véhicules sont conservés trois ou quatre ans.

Vers des groupes de 80 personnes

Terence constate que, lorsque les groupes dépassent 55 personnes, ils passent immédiatement à 70 ou 75 personnes. D’autre part, de tels groupes ont tendance à se banaliser depuis un an ou deux. Or, pour plus de 70 personnes, le double étage s’impose si l’on ne veut pas utiliser deux cars au lieu d’un.

Avant l’arrivée du FDD2, la flotte comprenait un car de 14 m et de 61 places. Une telle capacité était toujours excessive ou insuffisante. En outre, le troisième essieu de ce car empiète sur la soute dont le volume se révèle insuffisant pour 61 passagers. Ce véhicule a donc été remplacé par un car de 13 m et de 53 places, conforme à une partie de la demande, les grands groupes étant repris par le FDD2.

Pour son premier car double-étage, qui est également l’un des rares en service à Marseille, Azur Evasion s’est contenté de la version 13 mètres du FDD2 aménagée pour 78 passagers afin de concilier une certaine maniabilité et un pas de siège confortable. À Marseille, la maniabilité est indispensable lors des city tours, par exemple en raison du stationnement anarchique dans la montée de Notre-Dame-de-la-Garde.

D’ici deux ans, au moins un autre FDD2 devrait rejoindre la flotte Azur Evasion. Selon Terence Vidal, l’entreprise a vocation à se développer sur les lignes régulières et à être un acteur important du tourisme régional au profit des comités d’entreprise, des séminaires ou des conventions. Régulière et déterminée, la croissance de l’entreprise est depuis peu renforcée par sa certification ISO 9001, gage de qualité.

Qualité d’abord

Azur Evasion est le seul transporteur du Sud-Est à être certifié ISO 9001. Rappelons que cette norme définit les exigences pour la mise en place d’un système de management de la qualité avec un objectif de satisfaction des clients et de fourniture de services conformes. La certification est intervenue en février 2018 à l’issue de 16 mois de travail. Elle constitue un atout lors des réponses aux appels d’offres et contribue à structurer l’entreprise afin qu’elle continue de grandir tout en maîtrisant sa croissance.

Timide féminisation

Présentes au volant d’autocars assurant des lignes régulières ou scolaires, les femmes sont moins représentées dans le tourisme en raison des amplitudes horaires de cette activité. Permis D en poche, Catherine Verani a pourtant fait le choix de quitter le commerce pour se lancer dans le tourisme. Lasse de la vente, elle s’oriente ainsi vers quelque chose qui l’attire depuis toujours. La communication et le relationnel avec la clientèle ne sont pas pour lui déplaire. En raison des lenteurs administratives, Catherine attend encore la délivrance de son permis D. En patientant, elle conduit un VW Caravelle aménagé pour neuf personnes avec lequel elle assure notamment des navettes vers les gares et les aéroports.

Le service après-vente VDL

Denis Perron, responsable après-vente de VDL Bus & coach France, précise que le constructeur assure un service « à domicile » grâce à ses « itinérants techniques ». Ces spécialistes formés aux produits VDL sont au nombre de quatre. Chacun d’eux couvre un quart du territoire national. Les itinérants informent, conseillent, dépannent, réparent et réalisent les opérations de garantie. Selon leur éloignement par rapport au client, ils interviennent dans la journée ou sous 48 heures. Ils répondent au besoin de réactivité et de capacité de déplacement exprimé par les clients. En cas d’avarie, le premier contact avec un itinérant a lieu par téléphone et un simple conseil téléphonique permet parfois de résoudre le problème. Lorsque l’intervention sur place est nécessaire, l’itinérant a à sa disposition les outils de diagnostic et assure les réparations mécaniques, électriques et électroniques, ainsi que les opérations de carrosserie légères, par exemple le remplacement d’une porte. Un itinérant dispose d’un stock de pièces dont la composition est fondée sur son expérience. Par ailleurs, le magasin de Goussainville (Val-d’Oise) peut répondre à 90 % des demandes en 24 heures. En complément de ses itinérants, VDL s’appuie sur des partenaires. Il s’agit des réseaux DAF et ZF pour la chaîne cinématique, ainsi que de spécialistes de la climatisation, de l’électricité, de la sellerie ou de l’audio-vidéo capables de satisfaire des besoins spécifiques. Parmi les partenaires, certains cumulent la plupart de ces compétences. Il s’agit par exemple du carrossier Vincent et de Global Bus. Les pneumatiques sont, quant à eux, traités par les réseaux spécialisés dans ce domaine, au choix du client. Les cars VDL sont garantis trois ans. L’intervention d’un itinérant hors garantie fait l’objet d’une facturation à la prestation. Le développement de VDL sur le marché du véhicule électrique urbain s’accompagnera d’une nouvelle offre de contrats de maintenance. Il pourra s’agir de forfaits offrant une visibilité sur le coût kilométrique du véhicule. La capacité de VDL à fournir une prestation « tout inclus » s’est illustrée à l’extrême à Eindhoven (Pays-Bas) en avril dernier. En plus de 18 cars double-étage FDD2 exploités en Classe II, VDL a fourni 100 bus électriques articulés Citea (18 m, BHNS) ainsi que leurs chargeurs, les services et même, l’électricité nécessaire!

Le parc roulant Bova et VDL en France

Au cours de la période 2006-2009, Bova a vendu plus de 200 véhicules par an dans notre pays. Cela explique que le parc roulant des véhicules Bova et VDL de moins de 15 ans soit de 2 482 véhicules en France, hors reventes à l’export. En considérant ces reventes, le parc réel serait de l’ordre de 2 000 véhicules. Parmi eux, les véhicules de tourisme sont très majoritaires.

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Auteur

  • Loïc Fieux
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