Filiale depuis mars 2018 du leader européen de la location opérationnelle de matériel roulant ferroviaire, Alpha Trains France entend s’appuyer sur l’expertise acquise en Allemagne pour pénétrer le marché français. Interview de son directeur, Vincent Pouyet.
Vincent Pouyet. Après avoir accompagné depuis dix ans l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire français en plaçant des locomotives en location auprès des nouveaux entrants, nous souhaitons à présent devenir le partenaire idéal des Régions pour faciliter la libéralisation dans le transport de voyageurs. En fait, nous voulons dupliquer le succès obtenu en Allemagne, marché sur lequel nous faisons rouler près de 400 rames électriques et diesel à un ou deux niveaux. Présentant des similitudes avec son voisin d’outre-Rhin, le marché français est également le second plus important en Europe. Nous souhaitons donc en devenir l’acteur de référence dans les années à venir. Nous avons initié les premiers contacts avec les Régions en mars 2018. Cette démarche se poursuivra jusqu’à la fin de cette année. Elle concernera toutes les Régions à l’exception de l’Ile-de-France, non ouverte encore à la concurrence, et de la Corse, qui est un réseau à voie métrique.
Notre priorité, ce sont les trains régionaux. Mais nous pouvons aussi nous intéresser aux TET (Trains d’équilibre du territoire), et aux trains à grande vitesse le moment venu, au cas par cas, si un modèle économique se dessine.
V. P. Nous voulons avant tout convaincre les Régions que la location de trains est une solution simple et efficace, permettant de garantir le meilleur rapport prix/service. Et pour cela, nous pouvons nous appuyer sur les résultats obtenus en Allemagne. Selon les derniers chiffres connus, l’offre de trains a augmenté de 28 % entre 1994 et 2012, tandis que la contribution publique a été réduite de 19 %. Les coûts d’exploitation ont, quant à eux, été abaissés de plus de 20 % entre 2002 et 2012.
Nous proposons donc d’acquérir le matériel nécessaire dans le cadre de l’ouverture à la concurrence et de le mettre à disposition des exploitants qui auront gagné l’appel d’offres. Notre modèle de location est une solution simple et efficace. On calcule le coût des locations sur la durée de vie résiduelle des trains. Généralement, les contrats de location épousent les contrats d’exploitation, dont la durée moyenne varie entre dix et quinze ans.
V. P. Nous présentons la location comme une solution intégrée sur mesure. En fonction de la problématique des Régions, qui peut être différente suivant qu’elles sont peu ou densément peuplées. Par exemple, nous apportons notre expertise à la fois technique et financière. Nous assurons la maîtrise d’ouvrage, c’est-à-dire la sélection des trains et leur acquisition. Nous gérons, ensuite, cette flotte tout au long de sa durée de vie. Si nécessaire, nous pouvons aussi prendre en charge la rénovation de ces matériels. Nous assurons donc en toute transparence la gestion de la flotte en assumant les risques techniques liés à l’obsolescence du matériel ou à la nécessité de mise aux normes. À la fin du contrat de location, Alpha Trains assure aussi la reprise ou la revente du matériel, prenant ainsi à sa charge le risque financier. Nous pouvons, de fait, offrir le prix le plus juste, prenant en compte la durée de vie totale de la rame (environ 30 ans) et non pas seulement les quelques années du contrat d’exploitation entre l’AOT et l’opérateur.
Afin d’apporter une nouvelle dynamique aux trains express régionaux (TER), les Régions ont financé depuis deux décennies l’acquisition de matériels de nouvelle génération. Demain, la location pourrait leur offrir une flexibilité budgétaire, en ce sens qu’elles n’auront plus à s’endetter pour acquérir de nouveaux matériels. Surtout, c’est une bouffée d’air financière qui pourrait en découler puisque Alpha Trains France se propose d’ores et déjà de racheter les flottes existantes. Ainsi, ce matériel pourra, ensuite, être réutilisé par les opérateurs ayant remporté les appels d’offres découlant de l’ouverture à la concurrence. Les Régions pourront donc concentrer leurs moyens sur le développement de l’offre de transport. Elles ne devront plus, en outre, mettre en œuvre diverses expertises pour l’acquisition ou la rénovation de matériels. Cela induira donc de nouvelles économies d’échelle.
