Il faut compter parfois 2 h 30 de trajet pour parcourir les 130 kilomètres qui séparent Limoges et Poitiers, les deux « sous-capitales » de Nouvelle-Aquitaine… C’est bien trop long pour les chefs d’entreprises de Haute-Vienne, qui réclament une autoroute payante.
Un collectif regroupant de nombreux chefs d’entreprises et organismes professionnels (dont la FNTV, la FNTR et FTL) s’est constitué en Haute-Vienne pour réclamer la mise en concession de la liaison routière Limoges-Poitiers, afin qu’une autoroute soit aménagée entre les deux ex-préfectures des régions Limousin et Poitou-Charentes. En effet, bien qu’inscrite au schéma routier national des liaisons d’aménagement du territoire depuis 1992, la RN 147 n’a fait l’objet depuis que d’aménagements très ponctuels (quelques rares créneaux de dépassement, des contournements de centre-bourg…), alors qu’il s’agit d’un axe très fréquenté, notamment par les poids lourds, qui relie entre autres l’A20 et l’A10. Les 130 km séparant les deux villes nécessitent parfois jusqu’à 2 h 30 de trajet et cette route est considérée comme la troisième plus accidentogène de France.
Depuis 40 ans, le département de la Haute-Vienne souffre d’un manque criant d’infrastructures modernes, qui pénalise son attractivité et son rayonnement, explique Pierre Massy, le président de la CCI de Limoges. Le contrat de plan État-région Nouvelle-Aquitaine 2015-2020 prévoit dans notre département la mise en 2x2 voies de la RN 147 sur seulement 6 km au nord de Limoges, ainsi qu’un créneau de dépassement au sud de Bellac. Pourtant, le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures est muet sur le sujet RN147. » Cette inertie, ainsi que l’abandon du projet de barreau LGV Limoges-Poitiers, a convaincu le monde économique de se mobiliser. « Nous ne souhaitons pas quémander auprès de l’État. L’autoroute concédée nous semble la solution la plus pertinente », poursuit Pierre Massy.
D’après les calculs du collectif, les péages rapporteraient 45 M€ par an, justifiant ainsi 675 M€ d’investissements privés sur les 900 nécessaires. Le financement pourrait être bouclé avec les 210 M€ prévus par les contrats de plan pour la Haute-Vienne et la Vienne. « Nous demandons l’ouverture d’un débat public! », lance Pierre Massy. Pour faire pression, 1 400 acteurs du monde économique (chefs d’entreprise et cadres, chambres consulaires, fédérations professionnelles, syndicats patronaux…) se sont constitués en collectif, celui-ci venant de se transformer en association afin que les particuliers puissent se joindre à la démarche. Parmi les chefs d’entreprise mobilisés, Thierry Debourg, de l’agence de voyages éponyme, président du Medef Haute-Vienne et ancien président du SNAV (Syndicat national des agents de voyages), ainsi que Patrick et Ludovic Villessot, importants autocaristes limousins.
« La RN 147, c’est une plaie! », s’exclame Ludovic Villessot, patron de l’entreprise du même nom. « Il y a très peu de créneaux de dépassement et on met un temps infini jusqu’à l’arrivée sur Poitiers. C’est dangereux pour tout le monde, et aussi très compliqué et contraignant sur le plan de la réglementation. Pour aller au Puy-du-Fou ou au Futuroscope dans la journée, il faut pratiquement un voyage de 24 heures. Avec une autoroute, le gain de temps nous permettrait de libérer un chauffeur qui pourrait travailler ailleurs! »
Mêmes constats du côté de Thierry Debourg, patron de l’agence de voyages Debourg: « Une autoroute faciliterait l’accès du Limousin à toute la façade atlantique, mais apporterait également à Limoges et au Limousin de l’activité touristique. Mais avec le financement prévu au CPER, il faudra plus de 90 ans pour avoir une 2x2 voies! » Reste donc à mobiliser la population pour tenter de se faire entendre.
