Les documents présentés dans ces pages sont issus du fonds constitué par Jao, photographe et collagiste. Par ailleurs journaliste et collaborateur régulier à Bus&Car Connexion, Jao choisit et assemble les images et les textes pour créer des univers nostalgiques et désuets, où l’information se teinte d’humour et d’étonnement.
Il s’agit d’images et d’articles parus dans des journaux ou magazines édités entre la fin du XIXe siècle et les années 50. Des documents qui, s’ils n’ont pas de valeur marchande puisqu’imprimés à des milliers d’exemplaires, sont en revanche un trésor sur le plan esthétique et une mine d’informations étonnantes. Se plonger dans ces revues permet notamment de retrouver les mentalités et les mœurs de l’époque, mesurer leur évolution, ou s’étonner de choix techniques, politiques, économiques. Par exemple, le fait que les véhicules électriques soient opérationnels depuis plus d’un siècle, et que cette technologie soit restée confidentielle aussi longtemps…
Initialement, c’est par leur graphisme que ces journaux m’ont séduit. En effet, si la photographie existait déjà, les magazines étaient bien souvent, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, essentiellement illustrés de dessins. C’est dans les années 1990 que mon intérêt pour les journaux anciens est né, lorsque j’ai vu partir au feu un carton du Petit Echo de la Mode des années 1930. À l’époque, dans la région rurale où je vis, de nombreuses maisons anciennes étaient rachetées pour être réhabilitées, et les greniers vidés sans ménagement. J’ai ainsi pu sauver quantité de documents: magazines de mode donc, mais aussi magazines de bricolage (Mécanique Populaire, Système D, Je fais tout…), d’information (L’Illustration, Tout Savoir, Paris Match, Les Annales…), littéraires (Lecture pour tous, Je sais tout…) journaux et revues romantiques (Nous deux, Confidences, Eve…), les périodiques pour enfants (Lisette, Suzette…), manuels scolaires…
J’utilise ces documents essentiellement pour faire des collages – avec souvent un look rétro, et un goût prononcé pour les années 30 – soit sous forme de tableaux, soit sous forme de visuels qui deviennent des cartes postales, des affiches… S’il arrive qu’il y ait des photos dans mes collages, il n’y a jamais de collage dans mes photographies. La photo est en effet une autre de mes activités. Et, plus précisément, les photos insolites et drôles, très drôles. Ce que j’appelle des photolescopages, lorsque deux informations – pancartes, panneaux, affiches… – se télescopent, se contredisent ou se complètent, ou encore surprennent dans leur environnement. Par exemple, un panneau de sens interdit à l’entrée de la rue de la Liberté; une pancarte ouvert à tous sur une porte cadenassée; une publicité pour un artisan du bâtiment sur une maison en ruine. Ou encore un arrêt de bus dans un village nommé… Les Cars. De véritables perles que j’ai regroupées dans des petits livres baptisés Les Photolescopages.