À Vannes, la RATP démontre ses capacités d’adaptation

Qui peut le plus peut le moins? L’adage ne suffit pas à expliquer les succès de la RATP en régions. Si le groupe n’est plus depuis bien longtemps cantonné au seul réseau parisien, son image reste liée à celle de la capitale. Certes, le réseau de transports francilien, et particulièrement son métro, est reconnu comme l’un des plus performants au monde, ce qui a forcément contribué au développement de la marque, représentée dans 14 pays à travers des activités de transports régional (train), urbain (métro, tramway, bus, câble, TAD), adapté (PMR) et de tourisme (sightseeing). RATP dev est présente aux États-Unis (tramway de Washington, réseau de bus d’Austin), en Afrique du Sud (Gautrain entre Johannesbourg et Pretoria), au Maghreb (métro et tram d’Alger, trams de Casablanca, Oran, Constantine…), en Asie (métros de Bombay, de Séoul, tram de Hongkong…). Au Moyen-Orient, l’entreprise française va mettre en service le tout premier réseau de BHNS d’Arabie Saoudite à Riyad. Pour son inauguration, en juin 2019, pas moins de 100 femmes seront recrutées pour devenir conductrices: un symbole fort dans ce pays où les femmes viennent d’obtenir l’autorisation de conduire.

Parallèlement à cette stratégie de développement à l’international, RATP Dev s’investit également au-delà des limites franciliennes. L’opérateur exploite ainsi des réseaux urbains et interurbains dans une quarantaine de villes et agglomérations. Récemment, l’entreprise a remporté les appels d’offres de Valenciennes, Vannes et Lorient, et s’est maintenue à Bourges et Charleville-Mézières. Elle se prépare également à répondre aux appels d’offres de Brest, Nîmes, Angers… Depuis 2012, elle gère la gare routière de Rennes. Forte de son expertise en matière de train régional et de RER, RATP Dev entend bien remporter sa part de l’ouverture à la concurrence des TER. RATP Dev a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par la région PACA, ainsi qu’aux consultations en Auvergne Rhône-Alpes.

À Vannes, où RATP Dev a repris le réseau il y a deux ans, les relations avec l’autorité organisatrice semblent au beau fixe. Le ressort territorial a doublé début 2017, avec l’extension de l’agglomération. « Aujourd’hui, sur ce territoire à la fois urbain et rural, le réseau de bus Kycéo est un outil de cohérence et un marqueur de l’appartenance à l’agglo », remarque Pierre Le Bodo, président de Golfe Morbihan Vannes agglomération. Le coût annuel d’exploitation s’établit à 17 millions d’euros, en incluant les dessertes interurbaines, et les recettes commerciales atteignent 4 millions d’euros. Le versement transport sur les nouvelles communes de l’agglo va monter en puissance progressivement, et devrait atteindre 1,2 en 2020. Le PDU est en cours de révision, et les principaux objectifs de la DSP sont le développement de réseaux cyclables et de sites propres bus, l’amélioration du maillage des transports publics et le soutien à l’intermodalité.

Kycéo compte 57 bus urbains, et 114 cars interurbains, qui effectuent principalement du transport scolaire. « Une partie de ces lignes sont opérées en sous-traitance, notamment avec Auray Voyages et Maury », précise Nicolas Rambaud, directeur du réseau. Principales innovations mise en œuvre: l’application Tickizz, qui propose de l’information voyageur en temps réel et une billettique dématérialisée, ainsi que Vélocéo, système de vélos électriques en libre-service, opéré par Smoove. Les prochaines échéances concernent la transition énergétique. Un chantier important pour l’agglomération, eu égard aux montants des investissements et aux engagements techniques. « Nous comptons sur le retour d’expérience de la RATP, pour évaluer les différentes solutions », déclare Pierre Le Bodo, qui ne cache pas sa préférence pour un constructeur breton de bus électriques… tout en reconnaissant que le montage financier du dossier reste à finaliser.

En Ile-de-France, les perspectives de croissance restent importantes pour RATP Dev. « Nous comptons répondre à la grande majorité des appels d’offres sur les 40 lots de grande couronne », affirme Laurence Batlle, présidente de RATP Dev. Sans perdre de temps, l’entreprise a constitué un groupement maison RATP/RATP Dev afin de répondre à la consultation ouverte sur le T9 et le réseau de bus associé. « Nous y allons pour gagner! », martèle Laurence Batlle, qui souligne que RATP Dev a remporté 50 % des appels d’offres offensifs en 2017. Le risque n’est pas anodin, puisque le coût de la réponse à une telle consultation est estimé à 500 000 €, en moyens humains et financiers. Mais le jeu en vaut la chandelle: « Dans les prochaines années, le chiffre d’affaires potentiel sur l’Ile-de-France s’élève à 4 milliards d’euros: 3 milliards sur les bus de grande couronne, un milliard sur le train régional et le Grand Paris Express », détaille Serge Reynaud, directeur de la Business Unit France Suisse de RATP Dev. Avant la mise en service complète des lignes du GPE, il faudra aussi compter avec l’ouverture à la concurrence du réseau historique, en 2024.

Le groupe RATP et Régions de France ont signé le 5 septembre un partenariat pour coopérer sur les mobilités de demain. À travers ce partenariat stratégique, le groupe RATP apportera tout son savoir-faire, et sera associé aux réunions de travail de Régions de France sur les sujets traitant: des politiques de mobilité et d’innovations; des navettes autonomes et transports publics routiers; du numérique dans les politiques de mobilités; du marketing et des services; des gares; de la préparation de l’ouverture à la concurrence des TER et des marchés ferroviaires régionaux; du développement durable et de la transition énergétique.