La région Pays-de-la-Loire donne une franche impulsion à la transition énergétique en inaugurant le même jour une ligne 100 % électrique en Mayenne et les premiers services interurbains assurés par des autocars fonctionnant au gaz en Sarthe.
Pays-de-la-Loire ne fait pas mystère de ses ambitions de devenir la première région française en matière de motorisations alternatives. Et elle vient de le prouver après avoir inauguré, coup sur coup, le 31 août dernier, une ligne 100 % électrique en Mayenne, et avec la mise en circulation de deux autocars au gaz en Sarthe. Pour autant, la Région n’est pas partie d’une feuille blanche. Elle avait, en effet, bénéficié des enseignements liés à une double expérimentation de ces motorisations en début d’année 2018.
La concrétisation vers le service régulier a donc été plutôt rapide, favorisée en cela par les bons retours d’expérience obtenus et par l’engagement des entreprises à acquérir en propre ce type de véhicules, respectueux de l’environnement. Sans oublier l’aide apportée par la Région qui permet de compenser, pour partie, le coût d’acquisition des nouveaux autocars. Comme l’explique Philippe Henry, vice-président de la région Pays-de-la-Loire, « notre aide se matérialise par la signature d’un avenant au contrat d’exploitation des lignes concernées. La somme versée est comprise entre 30 000 et 50 000 euros à l’année. Au-delà des engagements déjà signés en Sarthe et en Mayenne et du lancement en fin d’année 2018 d’un nouveau car GNV sur la ligne interurbaine Challans/Saint-Jean-de-Monts exploitée par Sovetours, nous sommes prêts à accompagner de nouvelles initiatives, à la fois au gaz et à l’électrique, mais aussi à l’hydrogène. Nous souhaitons donc que les constructeurs soient aussi force de proposition pour fournir les véhicules adéquats ».
Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays-de-la-Loire, a, pour sa part, souligné que « nous voulons devenir un territoire leader en coordonnant et en soutenant les infrastructures de recharge électriques, l’expérimentation de la mobilité à l’hydrogène et l’accompagnement de l’essor des motorisations alternatives au gaz. Cette exemplarité sur le sujet de la transition énergétique devrait nous conduire à investir 192 millions d’euros en cinq ans dans les investissements portés sur la transition énergétique ».
Sur ce plan, il reste du travail à effectuer au plan hexagonal car, lorsque RGO Mobilités a voulu s’équiper pour assurer la première ligne interurbaine 100 % électrique en France, il lui a fallu se tourner vers le constructeur chinois Yutong. Et, plus précisément, vers le distributeur Dietrich Carebus, qui assure la commercialisation des autocars de cette marque en France. Le coût d’acquisition de ces autocars offrant cinquante-neuf places assises et le wifi à bord reste pour le moins onéreux, puisqu’il varie du simple au double par rapport à un autocar à motorisation thermique. « Pour la maintenance, en revanche, il n’y a pas de surcoût à prévoir, mais nous devons encore voir pour croire. Enfin, les batteries sont données pour huit années d’utilisation. Je vérifierai également ceci à l’usage », indique Jean-Michel Blin, directeur de RGO (Réseau Grand-Ouest) mobilités. Avant d’ajouter que « nous n’étudions pas, pour l’heure, l’acquisition d’un second autocar 100 % électrique ».
En attendant, la ligne régulière 40 (navette express du réseau Pégase Craon-Laval) est desservie depuis le 1er septembre, à raison de quatre allers-retours quotidiens du lundi au vendredi et de trois allers-retours le samedi. Aucun service n’est assuré le dimanche sur cette ligne longue de 32 km. La recharge du véhicule dont l’autonomie est comprise entre 200 et 230 km est effectuée deux fois par jour. Le creux de roulement intervenant à l’issue des dessertes du matin est mis à profit pour assurer la recharge du véhicule (3 heures). Elle est effectuée à la borne de l’association Tourisme et Loisirs 53, implantée dans une commune limitrophe de Laval. L’autocar Yutong peut ainsi poursuivre ses tournées qui totalisent 330 km journaliers.
Le recours à l’électrique, exempt de nuisances sonores et de vibrations comme les participants à l’inauguration du 31 août ont pu le vérifier, devrait permettre à cette ligne de poursuivre sa progression. Sa fréquentation s’est en effet inscrite en hausse de 22 % au cours du premier semestre.
C’est une autre première que la région des Pays-de-la-Loire, dotée de la compétence transport interurbain et scolaire depuis le 1er septembre 2017, a inauguré ce même 31 août au Mans. L’innovation est venue, en effet, de l’inauguration des deux premiers autocars à motorisation au GNV dans le Grand-Ouest. « La mise en exploitation de ces véhicules sur la ligne Le Mans-Saint-Calais (200 km par jour environ, NDLR) et en doublage sur différentes lignes du réseau TIS (Transports interurbains de la Sarthe) depuis le 17 septembre constitue une première en France sur le réseau interurbain public », se félicite Jean-Luis Lehuger, directeur de Transdev STAO.
Un semestre seulement après l’expérimentation menée en début d’année (cf. tableau), Transdev STAO a donc acquis auprès de Scania deux autocars à motorisation au GNV. L’achat de ces véhicules de marque Interlink (57 voyageurs assis) a généré un surcoût d’acquisition de l’ordre de 20 % par rapport à un véhicule équivalent à motorisation diesel. Mais « ce différentiel est amené à se réduire à l’avenir dès qu’il y aura plus d’acteurs sur le marché », prévient Jean-Luis Lehuger.
Les deux nouveaux arrivants dans la flotte du transporteur possèdent une autonomie suffisante permettant trois jours d’exploitation sans ravitaillement. Ils disposent, en effet, d’une capacité de stockage de mille deux cents litres. Dans la pratique et avec cette autonomie de 500 km environ (plus de 800 km pour un véhicule diesel à titre de comparaison), le plein est effectué tous les deux jours. Il n’est pas assuré dans les installations de Transdev STAO au Mans, mais à la station AS24 de Saint-Saturnin (nord du Mans), inaugurée en début d’année 2018. Le temps de charge varie entre dix et quinze minutes et cette opération constitue le seul élément de formation pour les conducteurs appelés à conduire les nouveaux autocars. Enfin, la maintenance de ces véhicules climatisés et accessibles aux personnes à mobilité réduite est directement assurée par le constructeur.
« L’investissement dans ces nouveaux cars permettra d’approfondir nos connaissances liées à cette motorisation alternative, dans l’objectif de maintenir la dynamique de transition énergétique », conclut le dirigeant.
Transdev STAO ne prévoit pas, à ce stade, d’acquérir de nouveaux cars au gaz avant l’échéance de renouvellement des contrats de lignes régionales prévus dans deux ans.
Nul doute que RGO et Transdev STAO, à la faveur de l’acquisition des nouveaux véhicules propres et, de surcroît, très appréciés de la clientèle, auront marqué des points dans cette perspective.
