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Quand l’art contemporain prend le tram

Les œuvres installées dans les transports en commun permettent à tous d’approcher au quotidien l’art contemporain. À Toulouse, les premières installations dans le métro datent de 1993. Elles fêtent leurs 25 ans et ont droit à une grande opération de rénovation. À Bordeaux, la démarche s’est construite autour du tram et du dispositif du 1 % artistique. À Paris, l’histoire des gares va s’inscrire en vidéo…

« Vous n’avez pas oublié ce sourire furtivement partagé entre les stations Bagatelle et Jeanne-d’Arc. » Ceci n’est pas une petite annonce de rencontres, mais une affiche placardée dans le métro toulousain, invitant les usagers romantiques à envoyer leurs transports amoureux (c’est d’ailleurs le nom de l’œuvre) pour les publier sur des écrans à la station Jeanne-d’Arc.

Cette installation interactive de Sophie Calle était éteinte depuis des années, car les logiciels étaient obsolètes. Elle a donc fait partie de la rénovation engagée depuis 2015 pour 27 œuvres sur les 48 que comptent le métro et le tram. « Elles avaient été entretenues a minima, avec cette opération, on a rattrapé les années », explique Jean-Michel Lattes, président de Tisséo collectivités. D’où la facture, qui se monte à un million d’euros pour rénover, assurer la maintenance et la sécurité. Dont 400 000 € pour la seule station des Carmes, où La Voie lactée de Jean-Paul Marcheschi, formée de 6 000 feuillets noircis d’écriture, recouvre l’immense plafond au-dessus des escalators et descend jusqu’aux quais. Il a fallu installer des passerelles pour y accéder, ainsi qu’un nouvel éclairage.

L’application ARTéo

Dans la foulée, Tisséo a lancé l’application ARTéo, qui présente chaque œuvre du réseau et son artiste. Une belle surprise pour qui les côtoie rapidement tous les jours sans plus les voir. Il est désormais possible de se géolocaliser pour savoir quelle installation est à proximité.

Ces œuvres underground ont fait leur apparition dès 1993 avec la première ligne de métro. Rendant ainsi accessible à tous l’art, le démocratisant le temps des trajets quotidiens. Ceci a un coût: les 48 œuvres sont estimées à 8 M€. Une somme comprenant les études et indemnités des concours, les honoraires des artistes et la réalisation avec l’intégration architecturale.

Les transports toulousains étant en pleine mutation, d’autres installations pourraient voir le jour: « Dans la troisième ligne de métro, on espère bien enrichir le patrimoine de Tisséo », confie Sylvie Veyrac, chef de projet pour la conservation du patrimoine artistique chez Tisséo collectivités.

Dispositif « 1 % artistique »

À Bordeaux, une quinzaine d’œuvres a été installée depuis 2002, au fil du développement des deux lignes de tramway. La première phase a décliné le thème de l’écriture et du récit, avec l’incontournable Lion de Xavier Veilhan, qui veille sur la place Stalingrad. L’œuvre inaugurale fut Plusieurs fois, le compteur en forme de T (comme tram, trajet, temps…) de Claude Closky, qui indique chaque passage de rame à la station La Morlette sur la ligne A.

La deuxième commande groupée a été engagée en 2010, lors des 2e et 3e phases du chantier du tramway surune dizaine de communes autour de Bordeaux. Telles Les Fées d’Antoine Dorotte, à la station La Gardette – Bassens – Carbon-blanc, sculpture de 10 m qui renvoie au patrimoine industriel des rives de l’estuaire. Un partenariat a été passé avec le CAPC, le musée d’art contemporain de Bordeaux, qui s’occupe de l’entretien des œuvres.

La facture totale s’élève à 3 652 000 €. La projet a été rendu possible grâce à la procédure de commande publique du ministère de la Culture, engagée par la métropole bordelaise. L’État accompagne les collectivités via le dispositif dit « 1 % artistique » ou « 1 % culturel », en imposant aux maîtres d’ouvrages publics de consacrer 1 % du coût des constructions à la commande ou acquisition de l’œuvre d’un artiste vivant. Et ce, afin de sortir l’art contemporain des musées et galeries. « La commande publique artistique est un outil majeur pour donner accès au plus grand nombre à l’art de notre temps », rappelle le site du ministère de la Culture.

À ce titre, un comité de pilotage est mis en place. À Bordeaux, il a été dirigé par Alfred Pacquement, l’ancien directeur du centre Pompidou, le musée national d’art moderne. « Nous pensions qu’il serait intéressant que l’usager du tramway puisse considérer que l’art n’est pas une forme figée et définie, mais qu’il s’insère dans la vie, avec des médias différents, à l’image du contexte urbain », explique-t-il dans un communiqué en ligne sur le site de la métropole bordelaise.

Quant aux artistes, « ils répon­dent, chacun à leur façon, à cet enjeu très difficile qui consiste à ne pas s’adresser exclusivement à un public un peu choisi – celui du musée ou de la galerie –, mais au public de la rue ».

Numéri-Scope, l’histoire virtuelle des gares parisiennes

Avec 200 km de lignes automatiques et 68 nouvelles gares, le Grand Paris express est le plus grand projet d’infrastructure et d’aménagement d’Europe. Dans son sillage est lancé un appel à projets pour la production d’œuvres numériques aux abords des gares. Lesquelles doivent illustrer la transformation du quartier. Nom de code de l’opération: Numéri-Scope. Au terme de la sélection, douze artistes de moins de 35 ans recevront chacun une bourse de 5 000 € et un accompagnement technique, grâce au soutien financier du fonds de dotation du Grand Paris express et du ministère de la Culture.

Des bornes seront installées devant les chantiers pour que les passants puissent voir en vidéo l’interprétation d’un artiste sur l’évolution de leur quartier. Un deuxième appel à projets sera lancé à la fin de l’année pour la création des enseignes des gares. José-Manuel Gonçalvès, directeur artistique et culturel du Grand Paris express, rappelle que ces réalisations « se déploieront à l’échelle du réseau et constitueront ainsi une collection internationale d’œuvres en réalité virtuelle, accessible librement et gratuitement dans l’espace public ».

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Auteur

  • Charline Poullain
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