« Un nouvel ordre de la mobilité », c’est le thème choisi pour les Journées Agir, qui se tiennent à Chartres les 7 et 8 novembre. Pour mieux répondre à l’évolution des attentes, l’organisation des mobilités doit-elle se conformer à un nouvel ordre? Le monde régi par la Loi d’orientation des mobilités, qui viendra remplacer le paysage fixé par la Loti depuis 1982, sera-t-il à la mesure des défis actuels? Jusqu’où le cadre législatif peut-il répondre aux mutations en cours, à la fois rapides et multiformes? Les préoccupations liées aux services de free-floating, absentes des viseurs il y a deux ans, doivent-elles susciter une réponse législative? Au risque de voir des textes âprement discutés se retrouver obsolètes aussitôt adoptés.
La souplesse et la désintermédiation qui caractérisent l’économie numérique bousculent le réel. Parfois en vain. Ainsi, l’idée de soutenir des activités de taxi amateur en zones rurales a-t-elle été abandonnée. Aussitôt, certains commentateurs se sont empressés de gloser sur les vieux réflexes corporatistes et les rentes de situation. Mais en renversant le raisonnement, on peut se demander pourquoi chercher à réinventer l’eau chaude, quand il existe déjà des professionnels qui ne demandent qu’à développer leur activité: les taxis d’une part, et les transporteurs routiers de voyageurs, d’autre part, qui disposent des moyens et des compétences nécessaires. Quels seraient les mérites du taxi amateur? Son faible coût suffirait-il à effacer la faible qualité du service? Et le manque de garanties en cas de conflit ou d’accident?
Comment innover et adapter les réglementations sans aller trop loin? Se défaire des carcans administratifs sans supprimer tous les garde-fous? La recherche de la nouveauté ne peut pas être une fin en soi, la rupture n’est pas un mode de fonctionnement pérenne. Le nouvel ordre résultera sans doute d’une construction fine des politiques de mobilité, à l’échelle des bassins de vie et d’emploi, élaborée en associant les professionnels et les acteurs socio-économiques… Pas besoin de tout détruire ni de tout prévoir, mais simplement de donner les moyens de bien faire à ceux dont le métier est de transporter des voyageurs.
