À l’horizon 2020, Toulouse veut se doter d’un téléphérique urbain pour désengorger la partie sud de sa périphérie. Les cabines relieront trois stations distantes de 3 km et survoleront tout ce qui rend la circulation difficile à cet endroit m: la Garonne, des coteaux et une voie ferrée.
D’ici deux ans, Toulouse devrait se doter du téléphérique urbain le plus long de France. Grâce à des lunettes de réalité virtuelle, près de 4 000 personnes ont déjà testé ce trajet à une centaine de mètres du sol. Elles se sont avancées fictivement sur la passerelle métallique de la station desservant l’université Paul-Sabatier (près du métro éponyme), pour prendre place dans la cabine. Quand celle-ci s’est élevée dans les airs, elles ont même pu se lever et se tourner pour admirer le paysage.
Premier arrêt: le centre hospitalier universitaire (CHU) de Rangueil. Puis le voyage reprend, superbe, au-dessus de la colline de Pech David et de la Garonne. Ce sont eux qui compliquent la circulation au sud de l’agglomération toulousaine. « À bientôt sur le réseau Tisséo », dit une voix off quand le téléphérique atteint sa troisième et dernière station: l’Institut universitaire du cancer, l’Oncopole. Soit 3 km reliés en 10 minutes, via cinq pylônes.
Les 15 cabines de 34 places permettront un débit de 1 500 passagers par heure et par sens. En comptant une nacelle toutes les 1,30 minute aux heures de pointe et une amplitude d’exploitation identique à celle du métro, de 5 h 30 à minuit. Le téléphérique sera accessible aux personnes à mobilité réduite et permettra d’embarquer des vélos. La technologie 3S a été choisie, ce qui signifie trois câbles, deux porteurs et un tracteur. Elle offrirait plusieurs avantages: une meilleure résistance au vent (le fonctionnement sera maintenu jusqu’à 108 km/h), une plus grande portée entre les pylônes ce qui permet d’en réduire le nombre, des cabines plus grandes, une hauteur de survol limitant l’abattage d’arbres, ainsi que des dispositifs de rapatriement des cabines en station en cas de panne.
Les premières études de faisabilité datent de 2006. Dix ans plus tard, en décembre 2016, le comité syndical de Tisséo Collectivités, qui assure la maîtrise d’ouvrage, approuvait l’attribution du marché à un groupement d’entreprises porté par POMA. Début 2017, la concertation du public et des différentes parties prenantes s’est poursuivie. Il a fallu revoir le projet car l’une des piles devait se trouver dans l’enceinte du lycée Bellevue, plus précisément dans son parc, devant un château classé. Ce qui n’a pas plu du tout au rectorat. Ainsi, le pylône a été déplacé à proximité du métro, de même que le garage atelier.
La modification, qui entraîne un surcoût de 6,9 millions d’euros, a été approuvée début octobre au dernier comité syndical de Tisséo. Ce qui porte la valeur à 82,40 M€ HT. Entre les aides de l’État, de l’Europe et de la Région qui se chiffrent à 11,8 M€, l’engagement de la collectivité sera de 70 M€ HT. Mais en intégrant la maintenance sur 20 ans, la facture monte à 101 M€ HT, soit 121,50 M€. « C’est l’un des projets les moins chers de France », rappelle Francis Grass, président de Tisséo Ingénierie.
Le dossier d’enquête publique préalable à la déclaration d’intérêt général a été approuvé au même comité syndical début octobre. Ce qui permet d’entrer dans la dernière phase de concertation, avec une enquête publique prévue début 2019, suivie d’une déclaration d’utilité publique attendue pour juillet. Les travaux devraient commencer à l’été, pour une mise en service fin 2020.
