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Ferroviaire

L’Omneo Premium ouvre la voie aux nouveaux intercités

Avec la première rame Omneo Premium présentée par Bombardier le 16 octobre, la région Normandie souhaite apporter à ses habitants un niveau de confort du XXIe siècle. Grâce à ce nouveau train, le premier à deux niveaux circulant à 200 km/h sur des lignes Intercités, elle veut également franchir un cap en matière de ponctualité.

Vingt-trois mois seulement après la commande de 40 nouveaux trains Omneo Premium auprès de Bombardier, la première de ces rames très capacitaires a été officiellement présentée à Crespin (Nord), le 16 octobre dernier. Autant souligner ici que les délais de réalisation ont été parfaitement respectés jusqu’alors, gage de pleine réussite d’un projet qui doit inscrire les deux lignes desservies dans la mobilité du XXIe siècle. Les compositions remorquées mises en ligne sur les relations Paris-Saint-Lazare-Caen-Cherbourg et Paris-Saint-Lazare-Rouen-Le Havre ont, en effet, largement fait leur temps. Les voitures Corail qui les composent ont été mises en service à partir de 1975. Elles auront donc atteint l’âge vénérable de 45 ans lorsqu’elles commenceront à être remplacées, à partir de 2020.

Outil de report modal

Sans surprise donc, les nouvelles rames font la part belle à tous les équipements à même de renforcer l’expérience du voyage, et d’encourager le report modal.

Présentant une capacité de 1 010 places assises en unité multiple (deux rames de dix voitures accouplées ensemble), soit 20 % de plus qu’un train Corail, le nouveau train entend offrir un confort comparable à celui des TGV. Il reprend, pour cela, tous les codes des trains « grandes lignes », à savoir un agencement des sièges en 2 + 2 en seconde classe et un pas de siège de 875 mm en file et de 1 900 mm en vis-à-vis. En 1re classe cette fois, c’est une configuration en 2 + 1 qui est adoptée, le pas de siège passant à 950 mm en file et de 2 500 mm en vis-à-vis. Surtout, il est accessible de plain-pied, ce qui facilitera la circulation des personnes à mobilité réduite et offrira des temps d’arrêt réduits en gare.

Véritable élément de différenciation du confort proposé à bord des nouvelles rames, les sièges ont été spécialement développés pour les voyages Intercités. Fabriqués par Compin, en Normandie, ces sièges offrent notamment comme équipements spécifiques des prises électriques et USB individuelles, des liseuses, des plumiers (emplacements pour téléphone portable), des appuie-tête comportant la numérotation intégrée (pour les réservations) et des poubelles. L’offre de service haut de gamme pour les voyageurs qu’entend mettre en œuvre la région Normandie intègre également des compartiments de travail, des espaces café, bagageries et vélos, un système dynamique de réservation à la place, des afficheurs LED et des écrans TFT pour l’information voyageurs et, bien entendu, le wifi.

Tirant parti de l’expérience acquise sur les Regio2N TER, Bombardier a aussi renforcé le confort dynamique et acoustique. Il a, pour cela, doté les rames d’amortisseurs inter-caisse et antilacet sur tous les bogies afin d’en améliorer la stabilité et de barres de renfort verticales pour augmenter la rigidité des véhicules dans les salles voyageurs.

S’agissant de l’acoustique, celle-ci est améliorée en éloignant les zones de confort des sources de bruit comme les portes, toilettes et autres équipements de traction. Grâce, en outre, à la mise en place d’intercirculation à double peau, de portes de salles, de cloisons de séparation et de moquettes et garnissages absorbants, le niveau sonore est abaissé à 64 dB dans les zones de confort lorsque le train roule à 160 km/h. Ce qui sera le cas sur Paris-Rouen-Le Havre. L’autre ligne, Paris-Caen-Cherbourg, sera, quant à elle, parcourable à la vitesse maximale de 200 km/h.

Trois trains d’essais sont déjà à l’œuvre, dont un en Tchéquie (Vélim). Conduits jusqu’à la vitesse maximale de 220 km/h (soit 200 km/h + 10 %), ils devraient permettre à Bombardier d’obtenir l’autorisation de mise en exploitation commerciale (AMEC) au plus tard en décembre 2019.

Introduction en service progressive

Les voyageurs normands devront s’armer de patience pour profiter à plein des apports des nouvelles rames. Il n’y aura pas, en effet, de « grand soir » de changement de matériel sur les deux lignes concernées. Les Omneo Premium ne seront introduits en service que très progressivement. Une seule rame sera livrée en 2019 (novembre). Puis 27 autres devraient suivre en 2020, le complément étant livré jusqu’en avril 2021.

Tant et si bien que la toute première rame ne devrait être mise en service qu’en janvier 2020. Comme le confirme la région Normandie, « la première rame ne sera pas affectée à une ligne en particulier et tournera sur les deux dessertes pour familiariser les agents de conduite avec l’ensemble des parcours. Elle assurera les services compatibles avec sa capacité de transport, soit hors des périodes de pointe ». Car ce n’est effectivement qu’à partir de mai 2020 que pourront être constituées des unités multiples, doublant ainsi la capacité de transport. Elle se répartira en 118 places assises de 1er classe, 854 de seconde classe et 156 strapontins. Quatre mois plus tard, 50 % des services pourraient être couverts avec le nouveau matériel.

Dotées de capacités d’accélération supérieures à celles des compositions actuelles, les Z 56600 vont permettre de réduire les temps de parcours. Il faudra, toutefois, attendre la fin des livraisons des rames pour que ces réductions deviennent effectives. Mais celles-ci n’ont pas été quantifiées pour l’heure. La Région explique que « le temps de parcours sur les lignes évoluera en fonction des contraintes des importants travaux d’infrastructures prévus (500 M€ en Normandie): rénovation des tunnels du Roule (2021) et de Rolleboise (2024) entre Mantes et Rouen, de Bréval (2023), renouvellement des voies: ballasts et des caténaires, etc., sans compter l’extension d’EOLE à l’Ouest en Ile-de-France (2020-2024). L’objectif prioritaire sera de garantir pendant ces périodes la robustesse du service et, en second lieu, d’améliorer les temps de parcours lorsque cela sera possible et pérenne ».

Ces abaissements de temps de parcours seront d’autant bienvenus que la performance des trains de la ligne Paris-Rouen-Le Havre s’est dégradée depuis 1967, année d’achèvement de son électrification. En revanche, la ligne Paris-Caen-Cherbourg profite pleinement de la mise en œuvre du 200 km/h depuis plus de deux décennies.

Mais c’est surtout la régularité qui sera examinée de très près par les utilisateurs des deux lignes. Là encore, c’est le qualificatif de perfectible qu’il convient d’utiliser. Selon des données communiquées par la Région pour l’année 2017, les chiffres de régularité à 10 minutes étaient respectivement de 91 % pour les Intercités Paris-Rouen-Le Havre et de 86,8 % pour les Intercités Paris-Caen-Cherbourg / Deauville-Trouville. L’objectif avec le nouveau matériel serait donc de se rapprocher des performances atteintes par TER (93 % à 5 minutes, à transposer pour les lignes de grands parcours). Le président de la région Normandie, Hervé Morin, a, d’ailleurs, bien insisté sur le point que « les Normands voulaient des trains à l’heure et avec un niveau de confort du XXIe siècle. C’était ça leur priorité. Le choix que nous avons fait [signature avec l’État en avril 2016 d’une convention de transfert à la Région des cinq lignes intercités normandes et obtention de 720 millions d’euros pour le renouvellement du matériel roulant – effectif au prix d’environ 585 millions d’euros selon Bombardier, NDLR] nous permet d’apporter une solution avec des trains plus ponctuels ». Et d’ajouter que « la Normandie a payé un très lourd tribut au plan de la qualité des liaisons ferroviaires. Cela nous a fait régresser. Il y a donc là un enjeu stratégique pour la Normandie, les dessertes ferroviaires étant un facteur d’attractivité d’un territoire ».

Plan de transport repensé

L’arrivée du nouveau matériel sera l’occasion de repenser le plan de transport normand – ferroviaire et routier – et de le construire à partir de la démarche « Normandoscopie » conduite avec SNCF Mobilités. Cette dernière est basée sur une approche du marché des déplacements, basée sur des analyses orientées « marché » et non uniquement sur des bases de comptage classique: traces mobiles, panel Sofres, modélisation du potentiel captable…

Elle conduit, selon la Région, « à distinguer plusieurs niveaux de services, qui dans le cas des liaisons entre Paris et la Normandie, viseront avec les Omneo à proposer une desserte rapide, haut de gamme et irriguant les grandes métropoles afin d’attirer une clientèle occasionnelle, orientée affaires, tourisme ou plus généralement loisirs ».

Les nouveaux trains seront donc déployés de manière progressive et équilibrée sur Paris-Rouen-Le Havre et Paris-Caen/Deauville-Trouville-Cherbourg mais préférentiellement sur cette dernière desserte dotée actuellement du matériel le plus obsolète (voitures Corail ex-Basse-Normandie). L’application des principes d’offres énoncés ci-dessus conduira surtout à avoir sur ces lignes une continuité de service sur la journée, en semaine comme le week-end, soit une augmentation d’environ 25 % des dessertes.

Nouvelle révolution ferroviaire

Les gains de fréquentation attendus, par l’introduction des Omneo mais surtout par la restructuration d’ensemble des dessertes et la mise en œuvre d’une nouvelle tarification plus dynamique et adaptée aux différents segments de clientèle, sont de l’ordre de l’augmentation d’offre, « ce qui permettra pour un meilleur service, de réduire le niveau de déficit par rapport à la situation actuelle de ces lignes », conclut la Région.

Comme elle en avait déjà profité en 1970 avec l’introduction des premiers turbotrains sur Paris-Caen-Cherbourg (se traduisant par une augmentation de trafic de 20 à 25 %), la Normandie est en passe de connaître une nouvelle révolution ferroviaire associant la prise en main des lignes Intercités au 1er janvier 2020 et l’introduction d’un nouveau matériel offrant vitesse et confort.

La seule inconnue de cette solution à moindres frais permettant, ainsi, d’attendre dans de bonnes conditions la réalisation progressive de la Ligne Nouvelle Paris Normandie (LNPN) réside dans les premiers commentaires des futurs utilisateurs des nouvelles rames. Seront-elles aussi confortables que les voitures Corail qui constituent toujours la référence des lignes Intercités en matière de confort à la fois de la légendaire banquette et du roulement? Les premiers voyages à bord en apporteront la réponse!

91 Omneo Premium déjà commandés

Au-delà des 40 rames de la Normandie, 51 autres rames Omneo Premium ont déjà été commandées par deux autres Régions. La première est Centre – Val-de-Loire, qui s’est engagée pour 32 rames aptes à 200 km/h. Destinées à renouveler le parc des lignes Paris-Orléans-Tours, Paris-Bourges et Paris-Montargis-Nevers, ces rames commenceront à sortir d’usine en septembre 2019. Puis, elles seront mises en service à partir du premier semestre 2020. Elles seront, toutefois, moins capacitaires que leurs homologues normandes puisqu’elles ne comporteront que huit caisses. Enfin, et toujours en attente d’officialisation, une troisième commande concernera, cette fois, la région Hauts-de-France. Afin de remplacer, là-encore, les traditionnelles voitures Corail, 19 rames seront progressivement déployées sur les axes Paris-Amiens et Paris-Saint-Quentin-Cambrai/Maubeuge. Limitées à 160 km/h, ces rames devraient être les dernières de la grande famille des Regio 2N à être produites. Il est d’ores et déjà évoqué la date d’avril 2023 pour la livraison de la dix-neuvième et dernière rame. Cela ne préjuge pas, toutefois, l’obtention par Bombardier de nouvelles commandes même si ces dernières apparaissent limitées en version TER du fait des finances particulièrement contraintes pour les Régions.

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Auteur

  • Olivier Constant
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