Le premier B100 issu de l’agriculture française arrive sur le marché, avec l’objectif de convertir 10 % des nouvelles immatriculations de bus, cars et camions.
Bien décidés à défendre leur filière agro-industrielle, les agriculteurs réunis au sein du groupe Avril ont présenté jeudi 8 novembre l’Oleo 100, un carburant issu à 100 % de colza français. Appartenant à la catégorie B 100, ce carburant a été autorisé par un arrêté datant du 29 mars 2018. « C’est notre réponse à l’écologie punitive. L’Oleo 100 permet de ne plus être stigmatisé pour tous ceux qui doivent utiliser leur véhicule », annonce Jean Philippe Puig, gérant d’Avril.
Destiné aux flottes captives, et dans un premier temps à celles exploitées par les collectivités territoriales et les transporteurs routiers, ce carburant ne sera pas disponible à la pompe et ne pourra être servi qu’à partir de cuves présentes chez leurs clients. Avril, qui assurera lui-même ses livraisons, indique qu’il prendra à sa charge la livraison des cuves si nécessaire. « L’Oleo 100 sera vendu au même prix que le gazole professionnel », rassure Jean-Philippe Puig. En France, le groupe s’est fixé l’objectif de faire rouler 15 000 camions et autocars avec ce carburant d’ici à 2022, en produisant chaque année quelques centaines de milliers de tonnes (comparé à une production totale de 1,6 million de tonnes de biodisel). « Nous visons 10 % des nouvelles immatriculations et 3 à 4 % du parc en cours », indique Arnaud Rousseau, président d’Avril. Là encore, le groupe souligne qu’il prendra à son compte l’adaptation des véhicules. « Nous effectuons un travail d’accompagnement auprès des transporteurs et autocaristes, en sélectionnant les véhicules éligibles. Ensuite, il faut procéder à quelques aménagements mineurs, en modifiant la carte moteur et certains filtres, un coût de quelques centaines à quelques milliers d’euros », précise Kristell Guizouarn, directrice énergies nouvelles d’Avril. Cette dernière indique que l’Oleo 100 est testé depuis plusieurs mois au sein des flottes des transporteurs Transgourmet et Vicat. Le suédois Scania ou Renault Trucks vont également faire rouler leurs véhicules avec cette énergie.
« De nombreux opérateurs de transport public ont été approchés, y compris la RATP », souligne-t-elle. Une opportunité pour l’opérateur de mieux faire passer la pilule des 118 bus diesel qui seront mis en circulation l’an prochain? Le B100 permet en effet de réduire d’au moins 60 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport au gazole fossile auquel il se substitue pour une consommation et des émissions annoncées comme quasi équivalentes. Le constructeur Scania, dont des bus roulent depuis plusieurs années au B100 en Suède, confirme: « Selon les remontées terrains, les bus au B100 ne consomment que 3 % de plus par rapport au gazole. Les émissions de particules fines sont équivalentes, avec toutefois une baisse de 60 % sur les NOx », indique à Bus&Car Gilles Baustert, directeur marketing de Scania France.
