Les Grenoblois peuvent acheter leur titre de transport en Cairns, une monnaie locale en circulation depuis octobre 2017. Même chose à Nantes depuis avril 2016, où le dispositif a rencontré un succès mitigé.
Depuis le 1er janvier, les Grenoblois peuvent payer leur titre de transport TAG en Cairns, monnaie locale et citoyenne en circulation depuis octobre 2017. Mais l’achat ne peut se faire, pour l’heure, qu’aux guichets de l’agence de mobilité de l’avenue Alsace-Lorraine. Yann Mongaburu, président du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de la métropole grenobloise, ne s’en cache pas. L’acte est évidemment citoyen. Pour ne pas dire politique. « La réappropriation de la monnaie rendue possible par la loi Hamon nous semble un enjeu stratégique pour augmenter la robustesse économique de notre territoire et de ses acteurs. Je remercie la Semitag d’avoir résolu tous les problèmes que cela génère pour franchir ce pas décisif », précise d’emblée l’élu, venu présenter cette nouveauté aux journalistes dans l’agence de mobilité désormais habilitée à recevoir des Cairns. Depuis le 1er janvier, ses six guichets sont en effet équipés d’une double caisse, un second coffre-fort a été installé en back-office et un second protocole de sécurité établi. « Avec l’achat d’une carte de 10 trajets qui vient de se faire ce matin, nous avons déjà en caisse 115,5 Cairns », glisse Gwendoline Worf, responsable marketing de la Semitag, la SEM qui exploite le réseau TAG.
Cinq clients étaient donc déjà venus payer leur ticket ou abonnement avec cette monnaie locale sans qu’aucune publicité ne soit faite. Aucune grosse action de promotion n’est d’ailleurs prévue, l’idée étant de monter progressivement en puissance et de proposer très vite un paiement par SMS grâce au lancement, le 14 mars du e-Cairn. « L’enjeu est aussi de faire circuler cette monnaie locale. Nous avons déjà identifié un panel de fournisseurs que nous pourrions payer en Cairn », déclare Jean-Paul Trovero, président de la Semitag. Reste à les en persuader. Une trentaine de sous-traitants devraient être contactés, avec l’appui de l’association qui porte cette monnaie. Aujourd’hui, cette association compte 1 600 adhérents particuliers et 225 professionnels pour un montant en circulation de 105 000 Cairns, soit 105 000 €, les deux monnaies étant à parité.
La location des Métrovélos, le système local de vélos en libre-service, pourrait être aussi bientôt payée en Cairns. Yann Mongaburu présente une délibération en ce sens le 7 février aux élus métropolitains. « C’est un peu plus compliqué, parce que nous sommes en régie. Mais je suis optimiste, car la bibliothèque de Grenoble, elle aussi en régie, l’a déjà fait », explique le président du SMTC. Il escompte attirer dans ce sillon d’autres acteurs, comme Gaz et électricité de Grenoble (GEG) ou Les Eaux de Grenoble. « Nous sommes un peu les pionniers », se félicite Jean-Paul Trovero. Pour l’heure, l’investissement de la Semitag reste modeste (5 000 €). Elle se donne le temps de persuader ses fournisseurs comme ses usagers. Le congrès national des monnaies locales, qui va se tenir en mars à Grenoble, devrait donner plus de visibilité au Cairn et à ses usages.
À Nantes, le paiement en monnaie locale (la SoNantes) des titres de transport du réseau TAN est possible depuis avril 2016 à l’espace mobilité de la ville et chez les commerçants qui acceptent ces SoNantes. Cela se fait aussi via une application téléphonique depuis ce mois de janvier. La société d’économie mixte des transports en commun de Nantes (Semitan) utilise ces SoNantes pour payer des prestataires partenaires, comme la Cité des congrès. Mais le montant de ces transactions reste faible. Il n’a pas atteint le plafond maximum autorisé de stockage de SoNantes, qui est de 10 000 €.