Venu de Poitiers à Limoges début janvier par la RN 147 pour la signature d’un contrat… d’attractivité, le président du conseil régional Nouvelle-Aquitaine n’a pas caché sa colère quant à l’état de cette infrastructure routière. Soit, entre les deux anciennes capitales régionales, 130 km qui nécessitent 2 h 30 de trajet, voire davantage, en raison du volume de trafic (jusqu’à 19 200 véhicules/jour) essentiellement composé de poids lourds. Une situation que dénoncent depuis des décennies les élus et les acteurs économiques de la Vienne et, surtout, de la Haute-Vienne. « La RN 147, c’est une plaie! Il y a très peu de créneaux de dépassement, les camions sont à la queue leu leu, explique Ludovic Villessot, dirigeant d’une importante entreprise limousine de transport de voyageurs. Les automobilistes finissent par doubler n’importe comment… On traverse de nombreux villages… C’est dangereux pour tout le monde! C’est aussi très compliqué et contraignant sur le plan de la réglementation. »
Désespérant d’une amélioration réelle via les contrats de plan (celui en cours prévoit la mise à 2 fois 2 voies de… 6,5 km au nord de Limoges et l’aménagement d’un créneau de dépassement au sud de Bellac), un collectif d’entrepreneurs s’est constitué autour de la CCI de Limoges afin de confier à une société d’autoroute l’aménagement de l’axe. « Nous ne souhaitons pas quémander auprès de l’État, qui n’a plus les moyens de financer des projets autoroutiers sur fonds publics. L’autoroute concédée nous semble la solution la plus pertinente », explique Pierre Massy, le président de la CCI de Limoges. Cette volonté de confier au privé l’aménagement d’un axe régional stratégique n’est pas pour déplaire au gouvernement. Une étude de « concessibilité autoroutière et d’itinéraire » est en cours.
Mais les artisans, notamment ceux du bâtiment, estiment que toutes les entreprises (et la population) ne sont pas en mesure d’assumer quotidiennement des péages, et seraient exclus économiquement de l’amélioration du réseau… Alain Ravanne, président de la CPEB Haute-Vienne (400 entreprises; 1 500 salariés) préférerait une mise à 2x2 voies ou une autoroute gratuite. Un avis partagé par Jean-Claude Leblois, le président du conseil départemental de la Haute-Vienne, prêt à « amplifier l’effort du département (11 M€) pour qu’un plus grand nombre de kilomètres soit engagé », et désormais par Alain Rousset. Si le président de la région Nouvelle-Aquitaine n’est pas hostile à une autoroute concédée, il estime qu’il faut aller plus loin plus rapidement avec les contrats de plan. « J’en ai parlé à notre responsable des infrastructures. S’il le faut, la Région est prête à mettre deux, trois ou quatre fois plus d’argent sur la table avant la réalisation de l’autoroute. Il faut montrer à Paris notre volonté de faire. »
Un discours qui a de quoi surprendre alors que la philosophie de la Région, maintes fois répétée par Alain Rousset et par le vice-président chargé des transports, Renaud Lagrave, est de concentrer ses efforts sur le rail et de consacrer « 0 € à la route! ». Mais là, explique-t-on à la Région, il s’agit de continuité républicaine, d’assumer et porter les contrats de plan des deux anciennes régions, Limousin et Poitou-Charentes.
