Treize mois seulement après son lancement officiel, le projet Cœur de gare de Nantes en est déjà au stade de michantier. De quoi respecter le calendrier de mise en service fixé au 1er juin 2020.
Le contraste est assurément saisissant entre l’ancienne gare Nord rénovée pour la dernière fois en 1997 et la nouvelle qui prend forme. Terminée l’absence de clarté, place désormais à la transparence au travers d’une spectaculaire mezzanine enjambant l’ensemble des voies. Cette dernière assurera, ainsi, le lien aérien avec la gare Sud mise en service il y a tout juste trente ans en prolongement de l’arrivée du TGV.
Ces travaux d’agrandissement de la gare nantaise sont d’autant plus nécessaires que sa fréquentation devrait être multipliée par 2,5 d’ici à 2030. Nœud majeur du transport en Pays-de-la-Loire avec un trafic actuel supérieur à 11,5 millions de voyageurs par an, la gare fait face à un enjeu majeur comme l’indiquait un communiqué de presse de l’État du 6 décembre 2017 à l’occasion de la pose de la première pierre de Cœur de gare. « Le projet d’aménagement de la gare de Nantes est en ce sens exemplaire puisqu’il vise à repenser l’intégralité des mobilités en prenant appui sur le pôle majeur que constitue la gare de Nantes, pour en faire un pôle d’échanges multimodal. »
De fait, les travaux conduits pour un montant de 53,1 millions d’euros ont pour objectifs d’agrandir la surface à disposition du public, d’améliorer les échanges entre les différents modes de transport et de créer un nouveau lien urbain entre le jardin des Plantes, au nord, et le canal Saint-Félix et le nouveau quartier Euronantes, au sud.
Équipement emblématique de cette nouvelle ambition pas seulement locale mais également régionale, voire nationale, la mezzanine est assurément spectaculaire par ses dimensions: 160 mètres de long, 25 mètres de large et 18 mètres de hauteur. Ce nouveau bâtiment de 10 000 tonnes offrant une visibilité à 360 degrés sur l’ensemble de la ville de Nantes a pris forme à l’été 2018. Il repose sur 18 piliers évoquant des arbres. Son accessibilité est remarquable, en ce sens qu’elle fait appel à 13 escaliers mécaniques – une première pour la gare – et à huit ascenseurs. De fait, le trafic grandissant de la gare pourra être mieux réparti, le souterrain donnant accès aux voies connaissant des périodes de saturation. Cela a motivé, d’ailleurs, la mise en place d’agents régulateurs.
Outre son exceptionnelle luminosité, la mezzanine offrira à partir du 1er juin 2020, date prévue de son ouverture, de nouveaux espaces. Onze nouveaux commerces compléteront l’offre commerciale existante dont un restaurant grande carte pour réinventer le buffet de gare. En marge des désormais traditionnels espaces de travail équipés de prises électriques pour recharger les appareils nomades, le nouveau bâtiment accueillera également le salon Grand Voyageur.
Les voyageurs, tout comme les autres utilisateurs de la gare, pourront aussi bénéficier des avantages de l’application mobile En Gare. Actuellement en pleine étude, cette technologie permet aux voyageurs de s’orienter très facilement à l’aide de leur smartphone grâce à des balises de repérage de type beacon. Enfin, de multiples écrans LCD apporteront les informations nécessaires (trains au départ et à l’arrivée, perturbations éventuelles, etc.) aux voyageurs. Grâce à la volumétrie des nouvelles installations, ces mêmes voyageurs bénéficieront, enfin, d’espaces d’attente confortables qui constituent l’une des faiblesses de la gare actuelle.
La mezzanine jouera enfin un rôle clé dans la distribution des trafics des différents modes de déplacement. Car c’est sur le parvis nord, l’accès historique de la gare, qu’est implantée la station de tramway. Celle-ci a fait l’objet de travaux d’adaptation à l’été 2018 avec la mise en place de nouvelles aubettes en forme de feuilles géantes – le futur parking à vélo, de 400 places, sera conçu dans le même esprit – et l’élargissement d’un quai.
Au sud, et même si les travaux sont moins avancés, c’est une révolution qui se prépare. Car ce parvis dédié aux piétons, aux vélos et aux transports collectifs verra, à terme, sa fréquentation multipliée par quatre. Une quinzaine de quais seront créés dans une nouvelle gare routière qui regroupera en un seul lieu l’ensemble de l’offre de cars. L’accessibilité des voitures sera, par ailleurs, réorganisée avec des dépose minutes pour les particuliers et un nouveau fonctionnement pour les taxis. Enfin, le stationnement longue durée se fera dans des parkings en ouvrage. Des avancées ont déjà été réalisées sur ce dernier point. Le nouveau parking Gare-Sud de 450 places est, en effet, en service depuis novembre 2018. Il remplace dès maintenant l’actuel parcotrain de 310 places dont la démolition interviendra à partir de février 2019.
C’est au même moment et toujours sans arrêt d’exploitation – une prouesse alors que la gare voit passer 40 000 voyageurs quotidiennement – que sera mené le lifting des installations existantes. « Les premiers travaux concerneront le réaménagement des quatre coques commerciales existantes et la création d’une cinquième », indique Yann Sauret, directeur de projet SNCF Gares & Connexions.
En complément des travaux du projet Cœur de gare, des travaux connexes seront réalisés par SNCF Réseau. Ils concernent, tout d’abord, l’accroche des caténaires au plancher de la mezzanine en juillet 2019 ainsi que des travaux de finition sur les infrastructures de mars à octobre 2020. Le remplacement de la marquise (abri voyageurs) du quai D est programmé pour le second semestre 2020. Enfin, la rénovation du grand souterrain parachèvera ces opérations. Elle conduira à une uniformisation des aspects muraux et à une rénovation intégrale et mise en conformité PMR de l’éclairage du souterrain via la technologie LED.
Pour l’heure, tous les voyants sont au vert puisque le calendrier et le budget de l’opération sont parfaitement respectés. La commercialisation des futurs commerces intégrant dès maintenant Starbucks, La Brioche dorée et un Carrefour Express – pour ne citer que trois d’entre eux – est un succès. Il ne reste, en effet, que deux emplacements vacants.
La visite de la nouvelle gare a également été l’occasion pour certains intervenants de distiller quelques messages forts. Ainsi, Philippe Grosvalet, président du département de la Loire-Atlantique a souligné que « le rôle de cette gare est de nous amener à prendre nos responsabilités politiques et à nous mettre autour de la table pour la mobilité. Le moment est venu de gommer nos frontières administratives car ce qui compte, c’est l’usager. Le déclenchement de ces assises est nécessaire ».
Christelle Morançais, présidente de la région Pays-de-la-Loire, a indiqué, pour sa part, « qu’un tiers des voyageurs se déplaçant sur notre territoire transite par la gare de Nantes. Avant d’ajouter que pour rester en tête des territoires, il faut une gare digne de ce nom. J’espère que nous aurons également un aéroport digne de ce nom car il en va de l’attractivité du territoire ».
Nul doute que le projet Cœur de Nantes va simplifier l’accès au TER pour tous les déplacements avec une progression attendue du trafic global de 10 % à l’horizon 2021. Mais ces mêmes voyageurs devront composer avec des travaux qui ne s’arrêteront pas à la mise en service de la mezzanine. Démarrés en 2017, les chantiers réalisés dans le cadre du Pôle d’échange multimodal (PEM) se poursuivront en effet jusqu’en 2024.
• Fréquentation actuelle: 11,5 millions de voyageurs par an;
• Fréquentation prévue en 2030: 25 millions de voyageurs;
• 50 % des voyageurs de la gare de Nantes sont des voyageurs TER;
• 11 lignes ferroviaires régionales et 5 lignes autocars régionaux;
• 12 700 cars partent de la gare annuellement.