Pour Irizar, le marché français occupe une place de plus en plus importante, notamment pour les bus urbains électriques. Côté tourisme, la PME familiale qui était le client traditionnel des cars Irizar est aujourd’hui rejointe par de grands groupes. Les utilisateurs sont unanimes à propos de la montée en gamme du constructeur basque espagnol.
La percée d’Irizar chez les transporteurs s’explique par un produit adapté et par la crédibilité qu’a acquise la marque, dont le positionnement se compare volontiers à celui de VDL. Prochainement obligatoires, les motorisations Euro VI step d sont déjà montées par Irizar. Ces moteurs Paccar-DAF MX associés à la boîte ZF Traxon réduisent la consommation et offrent davantage de couple. VanHool et VDL profitent parallèlement des mêmes avancées puisqu’ils utilisent une chaîne cinématique semblable.
« Nous avons reçu peu de commandes en fin d’année 2017. En conséquence, 2018 fut pour Irizar une année de transition avec des immatriculations faibles, limitées à une soixantaine de véhicules en France. Ce fut toutefois une année très intéressante pour la signature de bons de commande de véhicules à livrer en 2019 », explique Ignacio del Canto, directeur général d’Irizar France. Directeur commercial, Guénaël Bonneau est particulièrement optimiste et a de bonnes raisons de l’être puisqu’Irizar a déjà livré 86 véhicules en France au cours des soixante-dix premiers jours de cette année. Parmi eux, on trouve 35 bus articulés électriques ieTram qui vont peser lourd dans le chiffre d’affaires, mais aussi 30 cars i6, 19 cars i6S et 2 cars i8 (modèle élu Car de l’année 2018). On remarque que l’i3le (low entry) et l’i4 disponibles en version hybride sont absents de cette liste. Les services de ligne pourraient donc être, après l’urbain, un relais de croissance pour Irizar dans notre pays.
Sans surprise, les cars de 13 m représentent l’essentiel (73 %) des premières livraisons 2019 de l’i6 en France où il assure notamment des services TER. C’est beaucoup moins net avec l’i6S dont les versions 13 m pèsent à peine la moitié de ses livraisons au 11 mars (47 %). Adapté au tourisme et aux grandes lignes SLO, ce modèle est demandé en de multiples configurations, notamment 10,8 m, 14 m, voire 15 m. Rappelons que les i6 et i6S sont disponibles avec deux hauteurs de plancher selon le volume souhaité en soute. La hauteur hors tout qui en résulte (3,73 ou 3,93 m) pourra toutefois être une contrainte sur certains itinéraires qui empruntent le réseau secondaire dans le cas d’un véhicule de 3,93 m. Ce dernier profite toutefois d’une prestance qui en impose à la clientèle transportée, mais aussi d’une capacité non impactée par le wc central dont l’installation ne réduit pas le nombre de sièges offerts. Avec des configurations comparables, un i6S sera environ 15 000 euros plus cher qu’un i6 en raison de son niveau de prestations supérieur. Quant à l’i8, il est positionné en très haut de gamme. C’est un véhicule d’image, volontiers choisi pour des équipes sportives. Alors que les i6 et i6S ont normalement un couloir central, l’i8 s’en distingue par son plancher plat qui permet une implantation de sièges en 2+ 1 ainsi que l’installation d’une table centrale.
Guénaël Bonneau prévoit de vendre cette année entre 90 et 105 cars i6, de 40 à 55 cars i6S ainsi que 5 à 10 cars i8, c’est-à-dire entre 135 et 170 cars de tourisme. Il y a là de quoi effacer les résultats décevants de 2018! Qui dit ventes et augmentation des parts de marché dit conquête et reprises des modèles concurrents. Adrien Picard est commercial d’Irizar pour le Sud-Ouest, mais aussi responsable VO. Son parc VO est relativement limité avec une vingtaine de véhicules d’occasion sur parc dont peu d’Irizar car « Un car Irizar se renégocie très bien » assure Adrien Picard.
Jusqu’en 2018, les cars de tourisme Irizar étaient principalement vendus à des PME, généralement familiales. Dans ce contexte, le groupe Faure, en région lyonnaise, était jusqu’alors l’entreprise la plus importante parmi les clients d’Irizar. Ces clients attendent de ce constructeur un car différenciant. En 2018, Irizar a commencé de vendre à de grands groupes (Keolis, Transdev, RATP Dev) et est maintenant référencé par eux. Le constructeur doit donc désormais entretenir son noyau de clientèle historique tout en marquant des points auprès des groupes.
Alors que l’i8 commence à 12 m, les i6 et i6S sont disponibles à partir de 10,8 m et jusqu’à 12,92 m en deux essieux, puis de 14,07 à 14,98 m en trois essieux. « Aujourd’hui, le 13 mètres est le car standard, mais certains clients cherchent un car plus convivial. Ça crée la demande pour les cars de 10 m. Nous avons des clients qui font des voyages en Italie pendant une semaine avec un tel véhicule, mais l’option couchette n’est pas demandée bien qu’elle soit proposée avec une configuration à porte centrale. Le 10 mètres est un grand tourisme autant que le sont les i6S de 12 m ou davantage. Certains clients utilisent leur 10,8 m à sa capacité maximale, d’autres l’utilisent pour des groupes à partir de 25 personnes », explique Adrien Picard. « Le client d’un car de 10 mètres est généralement une petite entreprise, assez spécialisée. L’i6S de 10,8 m trouve ses clients autour de Nice, dans les Pyrénées, en Auvergne. Dans la tête de certains clients, un véhicule court devrait coûter beaucoup moins cher qu’un véhicule long. Or ce ne peut pas être le cas puisqu’un car de 10 mètres a la même chaîne cinématique et les mêmes équipements qu’un car plus long. Sur le plan industriel, les économies sont minimes. Un car de 10 m a donc un coût par place offerte relativement élevé », ajoute Ignacio del Canto.
Sur le marché des cars de tourisme de 10 m, Irizar a face à lui VDL et Setra. L’i6S livré en mars aux voyages Claverie est le cinquième i6S de 10,8 m livré en France depuis le début de l’année 2019. Il remplace un Bova de même longueur dans la flotte de ce transporteur, qui exploite une dizaine de véhicules. « Les clients sont agréablement surpris par l’évolution d’Irizar et sont très satisfaits de l’i6S. La nouvelle motorisation Euro VI step d plaît beaucoup. Elle est plus souple, plus économique », assure Adrien Picard, qui est entré chez Irizar en 1982 et a assisté aux évolutions de l’offre et du marché depuis lors.
« Un chauffeur qui touche un 10,80 m ne veut plus le lâcher », affirme Ignacio del Canto. Pour la convivialité, l’option « table de jeu » est demandée sur les 10,8 m, mais également sur les 12 et 13 m. Il est possible d’en installer deux à l’arrière si les wc sont en position centrale. Bien que chaque table réduise la capacité du véhicule, on ne peut que souligner l’aspect très qualitatif des tables en bois installées par Irizar dont l’apparence est nettement plus flatteuse que celle des tables en matières plastiques installées par des marques allemandes ou autres. C’est un détail, mais la qualité perçue n’est qu’une somme de détails.
L’i6S de Claverie est aménagé en 38+1+1 avec wc à l’arrière, table de jeu à l’arrière et deuxième porte dans le porte-à-faux arrière. En deuxième vie, le car pourra être reconfiguré en 40+1+1 après suppression de la table de jeu. Les panneaux de service sont déjà implantés dans ce but. Ses sièges sont des « i6Plus » fabriqués au Portugal. Ils sont susceptibles d’être complétés par un surcoussinage ou par des liserés. Il est également possible de les décaler. Chaque place dispose d’une prise 5 V (USB-A) tandis que trois prises 230 V (1 500 W) sont réparties entre l’avant et l’arrière du véhicule. Tant l’aspect du sol plastique que l’éclairage indirect par diodes (au sol du couloir central et dans les racks à bagages) participent à l’image favorable de ce véhicule. Les cars Irizar se caractérisent par un pare-brise qui ne monte pas très haut. Cela bouche quelque peu la vue vers l’avant, mais permet l’intégration d’un écran relativement grand au-dessus du pare-brise.
Pour le conducteur, la motorisation Euro VI step d se signale par le remplacement du traditionnel bloc d’instruments par une dalle numérique, conformément à la tendance actuelle sur les voitures particulières. Le logiciel qui pilote la chaîne cinématique tire profit du couple disponible à bas régime et y maintient le moteur. Pour un passager installé à l’arrière, le moteur ronronne. L’arrière du véhicule est toutefois nettement plus bruyant que l’avant, comme toujours. Comme le volant, la commande de ralentisseur est fournie par DAF Components. Elle active à la fois le frein moteur MX Engine Brake (ralentisseur pneumatique) et l’Intarder associé à la boîte de vitesses (ralentisseur hydraulique). Les seuls petits défauts perçus au volant de l’i6S sont un très léger à-coup au relâchement de l’accélérateur et une lecture de la dalle numérique qui pourrait être gênée par le soleil.
L’évolution récente d’Irizar est particulièrement notable. L’entreprise est devenue « constructeur » en se lançant dans la fabrication de caisses autoportantes. Elle a ouvert une usine spécialisée pour ses véhicules électriques et dispose, à travers le groupe Irizar, de multiples ressources internes tant pour la fabrication des portes que pour l’ingénierie électronique. La progression d’Irizar sur notre marché récompense ces développements qui font entrer ce constructeur dans la cour des grands.
Les cars Irizar i3le et i4 (classe 2 et 3) sont disponibles en version hybride. À l’occasion de Busworld, Irizar introduira un car hybride rechargeable susceptible de rouler en mode tout électrique.
L’entreprise Datik du groupe Irizar travaille sur les solutions d’exploitation, de diagnostic et d’aide à la maintenance, mais aussi sur la conduite autonome. Ses solutions de niveau 2 réalisent l’accostage automatisé des arrêts, le garage assisté au dépôt ainsi que le positionnement sous les postes de recharge.
