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Open payment: un an de succès à Dijon

Précurseur en France de l’open payment, le réseau Divia, opéré par Keolis, a enregistré pas moins de 650 000 validations avec 83 000 nouveaux utilisateurs en un an par ce canal. Une solution qui permet à la fois de lutter contre la fraude occasionnelle et d’attirer de nouveaux publics vers le transport public.

Le 27 mars 2018, les transports en commun de Dijon Métropole étrennaient sur leur réseau Divia le premier système d’open payment en France, qui autorise le paiement par carte bancaire sans contact. Après un an d’exploitation, Keolis Dijon Mobilités, l’exploitant du réseau, dresse un premier bilan très favorable. « Cela a marché tout de suite et c’est bluffant de facilité. Deux mois après le lancement, nous avions déjà atteint les chiffres de fréquentation que nous pensions obtenir au bout d’un an », souligne Christophe Badesco, chargé de mission billettique chez Keolis (direction systèmes de transports intelligents). En un an, le système a comptabilisé plus de 650 000 validations avec 83 000 nouveaux utilisateurs. La proportion d’usagers payant avec leur carte bancaire se répartit entre 70 % sur le tram et 30 % sur les bus, avec un tiers de nouvelles cartes chaque semaine. Leur particularité? « 71 % des cartes n’ont été validées qu’une fois et proviennent donc de voyageurs occasionnels », précise Christophe Badesco. Le principe retenu à Dijon est celui du post-paiement. Chaque voyage est facturé 1,40 €, soit le prix du Pass 1 heure, qui autorise plusieurs trajets dans un délai de 60 minutes après la première validation. Dès le troisième trajet, le tarif est plafonné à 4,20 € pour des voyages à volonté dans la même journée, ce qui correspond au tarif journalier. Les clients payant par carte bancaire ont donc l’assurance de bénéficier du meilleur tarif.

Un basculement vers les voyageurs réguliers

Après six mois d’utilisation, l’open payment représentait déjà 23 % du volume des titres unitaires (seules les lignes de tramway étaient concernées à cette époque). Il est fort probable que ce pourcentage ait augmenté entre-temps, toutefois Keolis ne souhaite pas communiquer des chiffres plus récents. Initiée au départ sur les deux seules lignes de tramway, la solution a ensuite été étendue à l’ensemble des 23 lignes de bus entre les mois d’octobre et décembre 2018 (pour un total de 33 rames de tramway et 199 bus). « Nous comptabilisons environ 3 000 taps [NDLR, validations] par jour », indique Joanne Jacqueline, responsable de projet Expérience Client Digitale chez Keolis. La possibilité de monter à bord sans avoir acheté de titres au préalable séduit les visiteurs de passages ou les clients ponctuels, avec des pics d’utilisation les soirs de match de football, de concert ainsi que les vendredis soir.

Mais la cible d’utilisateurs potentiels s’élargit. « Les voyageurs occasionnels représentaient effectivement la cible initiale, mais nous constatons également un basculement vers les habitués, notamment ceux qui renouvellent leur pass chaque semaine ou chaque mois et qui rechignent à faire la queue au distributeur quand ils voient un tramway arriver », explique Joanne Jacqueline. L’opérateur mène actuellement une enquête pour mesurer l’attractivité de l’open payment et déterminer si cette mesure a permis d’attirer une nouvelle clientèle. « Nous sommes en train de la quantifier, mais des premiers retours indiquent que certains clients qui n’utilisaient pas le tramway se sont mis à l’emprunter », observe Joanne Jacqueline.

500 000 euros d’investissement

Le dispositif technique a été mis au point par Worldline (groupe Atos), leader européen des services de paiement et de transaction pour un budget s’établissant à 500 000 euros. Ce dernier couvre la partie logicielle, les boîtiers de contrôle des contrôleurs ainsi que la mise en place de 376 valideurs spécifiques pour équiper le matériel roulant. Ces valideurs fonctionneront donc en complément des appareils déjà en place pour le pass sans contact.

Les futurs développements de l’open payment

Plusieurs billets avec une carte. Dans l’immédiat, la validation avec la carte de paiement sans contact n’est possible que pour un seul voyageur, que ce soit à Dijon sur le réseau Divia, ou à Chartres sur le réseau Filibus. Plus tard, il sera possible de payer avec une seule carte pour plusieurs voyageurs, mais avant cela l’opérateur doit faire preuve d’imagination pour distinguer un client qui valide deux fois de suite pour payer deux billets, d’un client qui s’est trompé en n’étant pas sûr d’avoir bien validé la première fois.

Ouverture au marché chinois. La manne des touristes chinois va forcément inciter les réseaux concernés par cette clientèle d’accepter dans leur système de billettique les cartes UnionPay, utilisées par les ressortissants chinois.

Tarifs réduits. Pour l’instant, voyager en open payment signifie voyager en plein tarif. Impossible de connaître l’identité de son porteur et ses réductions éventuelles, qui ne sont pas inscrites dans la carte. Ces options pourraient éventuellement se voir préciser par des boutons ad hoc lors de la validation. L’arrivée des cartes bancaires biométriques pourrait faire bouger les lignes, avec la délicate question du respect de la vie privée.

Post-paiement mensuel. À Dijon, le paiement avec carte de paiement intervient en fin de journée d’exploitation, avec un maximum capé sur le tarif journalier illimité. Sur Amiens, le paiement devrait normalement intervenir en fin de mois, avec des réductions similaires aux réductions d’achats de billets groupés. Dès lors, l’intérêt de l’abonnement mensuel pourrait s’en trouver diminué. De quoi modifier durablement la façon dont se construit le budget prévisionnel des opérateurs?

Les autres projets open payment en France

Si Dijon a eu la primeur de l’open payment en France, Chartres Métropole peut s’enorgueillir du titre de la première agglomération française à avoir lancé ce service sur l’intégralité de son réseau. De fait, le paiement de titre transport unitaire par carte sans contact est opérationnel depuis le 5 novembre 2018 sur tout le réseau Filibus (géré par Transdev). Le réseau a fait le choix d’un terminal unique, qui permet la validation des supports propres aux transports (cartes Calypso, billets sans contact, QR-code…), tout comme le paiement par cartes bancaires.

Keolis est pour sa part engagé sur d’autres projets d’open payment en France, notamment à Amiens où l’entreprise est présente depuis 2012. Lors de son renouvellement de contrat, en novembre 2017, l’entreprise s’est vue confier la mission de mettre en place une nouvelle billettique comprenant des billets sans contact ainsi que des solutions d’open payment ou de post-paiement (facturation de la consommation réelle par prélèvement bancaire). Amiens Métropole précise que son système de post-paiement permettra de facturer en fin de mois le nombre de trajets effectués en appliquant une réduction. Ces nouveaux systèmes de paiement seront notamment mis en place sur les quatre lignes Nemo de bus à haut niveau de service (BHNS) dont la mise en service, d’abord annoncée pour mars, a été reprogrammée au 11 mai. Le démarrage de la nouvelle billettique est prévu pour le 17 juin prochain. Le lancement de l’open payment est quant à lui prévu pour le 1er janvier 2020. Parmi les autres projets imminents, citons celui du réseau Amelys à Montargis (Keolis également). « On sera la troisième ville en Europe à mettre en place l’open payment. La première ville à l’avoir expérimenté en France, Dijon, a multiplié son nombre de voyages unitaires par huit en un an », s’enthousiasme Frank Supplisson, maire-adjoint de Montargis dans les colonnes de La République du Centre.

Mais en ce mois d’avril, le regard des opérateurs se tourne vers la capitale des Gaules. Le 26 avril, le Sytral annoncera qui sera retenu pour la mise en œuvre et la gestion opérationnelle du futur service d’open payment du réseau Tcl lyonnais (dans le cadre d’un appel d’offres plus global portant sur le renouvellement de la billettique). Conformément aux vœux du Sytral, le paiement par carte bancaire sans contact s’effectuera en deux temps: en interface avec la billettique actuelle (avec des remontés sur les données d’activité et de vente), puis interface avec la future billettique.

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Auteur

  • Grégoire Hamon
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