Carole Delga: Les réflexions et travaux que nous avons engagés autour des questions de mobilités interviennent dans le cadre de notre démarche globale Occitanie 2040, pour l’élaboration du SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires). C’est à l’initiative de la Région que l’ensemble des acteurs locaux ont partagé la nécessité d’amplifier nos efforts de développement des transports en commun, en impliquant les collectivités intervenant sur une échelle départementale élargie, plus conforme aux flux domicile-travail actuels.
L’expérience d’une organisation davantage intégrée, comme Ile-de-France Mobilités, donne des pistes de travail pour faciliter et fluidifier les investissements et l’offre de transport.
C. D.: L’urgence, c’est de changer d’échelle. À Toulouse, le périphérique est en situation de saturation près de 8 heures par jour… On ne peut plus se contenter du statu quo, pour des raisons évidentes liées à notre environnement, à la qualité de l’air et aux enjeux énergétiques, mais aussi sur le plan de la qualité de vie. Ne rien faire, c’est accepter que la situation soit bien pire dans 15 ou 20 ans.
Il faut donc apporter des réponses adaptées à ces nouveaux enjeux. Adopter une vision globale et coordonner nos actions, travailler sur l’accessibilité, l’interconnexion, l’intermodalité… Notre défi, c’est de rendre la vie de l’usager plus simple. Franchir la voie rapide qui sépare la gare des arrêts de bus, passer de sa voiture ou de son vélo au train régional, ne pas être confronté à des titres de transport, des tarifs et des interlocuteurs multiples. C’est le sens de la « mobilité du porte à porte » que je défends, avec le développement de l’intermodalité et des nouveaux modes de déplacements comme priorités.
C. D.: Il faudra travailler collectivement à l’optimisation des réseaux et infrastructures existantes: métro, bus, tramways, ferroviaire… Tout en portant nos efforts vers l’incitation aux nouvelles mobilités, douces et/ou partagées. La Région se mobilise déjà fortement sur le territoire de l’aire urbaine toulousaine, pour l’achèvement à 2x3 voies du périphérique ou pour le projet Mobilités porté par Tisséo, dont la troisième ligne de métro.
Toutefois, si elles permettront des améliorations, ces seules interventions ne suffiront pas pour absorber complètement les flux quotidiens à Toulouse. L’exemple du TER est significatif. Pour aller vers un véritable RER toulousain, il faut pouvoir libérer des sillons. Et pour cela, en l’état, seule la réalisation de la LGV Bordeaux-Toulouse, avec les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse pour commencer, nous permettra de réaliser un changement d’échelle pour les déplacements du quotidien en train.
Il faudra aussi proposer de nouvelles solutions, comme la création de voies réservées aux autocars ou le renforcement de l’incitation au covoiturage. Nous y travaillons déjà. La Région prendra également toute sa part dans le développement des points d’interconnexion entre transports ferroviaires et urbains, et les projets routiers. Les études multimodales sont lancées, nous y participerons financièrement.
C. D.: La loi devra effectivement apporter une partie des réponses. C’est d’ailleurs le sens des amendements défendus par les Régions dans le cadre du projet de Loi d’orientation des mobilités. Il faut penser les mobilités de manière plus globale, et apporter des réponses adaptées aux nouvelles habitudes de déplacement et aux défis environnementaux. Mais, une fois encore, je pense qu’une approche partenariale avec l’ensemble des collectivités et acteurs des mobilités reste la clé pour parvenir à désengorger nos villes et à fluidifier les déplacements.
