La catastrophe est encore dans tous les esprits. Le 14 décembre 2017, un car scolaire entrait en collision avec un TER au passage à niveau de Millas (Pyrénées-Orientales), causant la mort de six collégiens et faisant 17 blessés. Depuis, la ligne TER est coupée pour les besoins de l’enquête. Des cars de substitution assurent la liaison traversant la vallée de la Têt, entre Perpignan et Villefranche-de-Conflent. Soit environ 50 km parcourus en 1 h 30, contre une cinquantaine de minutes en train. Aussi, des usagers regroupés en association ont-ils demandé à revoir le trajet. « Le car desservait tous les arrêts, rappelle Enric Balaguer, président de l’association Train en Têt. On a demandé une réunion à la Région pour ne garder que les gares principales et les arrêts sur la route nationale. » Ce qui a ramené le trajet à 1 h 10. Et ce, au même tarif qu’un billet de TER, soit 1 €.
En janvier dernier, l’association avait demandé la levée des scellés à la présidente du TGI de Marseille. Dans un courrier du 23 janvier, le juge d’instruction leur a répondu: « Des expertises ont été ordonnées et sont, pour certaines, encore en cours, notamment en ce qui concerne la partie ferroviaire de l’accident. Je ne puis donc, dans l’immédiat, accéder à votre demande (…). Dès l’instant où l’ensemble des vérifications techniques auront été effectuées et qu’elles ne seront plus contestables, rien ne s’opposera à la levée des scellés et à la restitution de la ligne ferroviaire à la SNCF. À ce stade, je ne peux malheureusement pas être plus précis sur une date éventuelle. »
À compter du feu vert de la justice, la SNCF explique qu’il lui faudra procéder à un travail de diagnostic pour remettre la ligne en état, ce qui devrait prendre environ huit semaines.
« Le matin en heures de pointe, on était entre 60 et 80 dans le train, maintenant dans le bus il y a rarement plus de 10 personnes », constate Enric Balaguer, expliquant que le report s’est fait essentiellement sur la voiture. Dans cette vallée enclavée, tous redoutent que la faible fréquentation joue en faveur d’une fermeture de la ligne TER.
Aussi, les délibérations pour sa réouverture se multiplient en conseils municipaux et communautaires. L’association des maires, des adjoints et de l’intercommunalité des Pyrénées-Orientales a adopté cette motion: « Si l’enquête judiciaire exige de nombreux actes d’instruction, cette fermeture (…) porte fortement préjudice au territoire, en ne répondant plus aux besoins de mobilité quotidienne des habitants. » Ajoutant: « Au-delà des trajets quotidiens domicile-travail, la ligne ferroviaire constitue un axe touristique majeur dont l’arrêt obère fortement les capacités supplémentaires de développement. »
Quant à la motion adoptée à l’unanimité en février dernier par le département, elle stipule: « Cette fermeture de ligne impacte fortement le territoire et les besoins en termes de mobilité (…). Nous, élus du département des Pyrénées-Orientales, réaffirmons notre attachement à la ligne Perpignan-Villefranche, demandons sa réouverture le plus rapidement possible ainsi que la sécurisation de tous les passages à niveau du département. »
Les pétitions dépasseraient les 5 000 signataires et des manifestations ont été organisées par trois fois, en mai et septembre 2018, puis janvier dernier. « Mais nous avons renoncé à le refaire pour les 500 jours, le 28 avril, par respect pour les familles endeuillées », précise Enric Balaguer.
