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Alain Devès, directeur général de Saemes; Adeline Margerand, directrice commerciale de Saemes

Une offre en ligne avec l’évolution de la mobilité

Bus et Cars Connexion: Constatez-vous une baisse de fréquentation de la part de la clientèle particulière sur Paris?

Alain Devès: On le constate tous les jours dans nos chiffres de fréquentation, avec une baisse structurelle de notre fréquentation horaire. Nous sommes très contents quand on voit que notre chiffre d’affaires a tout de même progressé l’an passé. À Paris, la baisse de fréquentation est surtout notable dans l’hyper-centre, du Ier au Ve arrondissement. Elle est beaucoup moins forte pour la clientèle abonnée, car le stationnement en surface est problématique. Certains Parisiens qui disposent du tarif résident peuvent tout de même prendre des abonnements pour éviter de chercher une place tous les soirs. Notre nouveau parking de 700 places installé rue Cardinet (XVIIe) a été long à commercialiser, mais il est maintenant complètement saturé. Nous y faisons même du surbooking, que nous appelons foisonnement, avec une clientèle de particuliers le soir et d’entreprises le jour. Les mentalités évoluent également. Aujourd’hui, la voiture individuelle n’a plus bonne presse. Demain, il y aura un repositionnement, avec un espace public rendu davantage à la mobilité douce et aux piétons, mais aussi la nécessité de parkings souterrains pour des voitures propres et électriques, qui auront aussi besoin de recharges.

BCC: Comment se passe l’installation des bornes de recharges électriques? Peut-on réserver des emplacements pour recharger son véhicule?

Adeline Margerand: Nous déployons de nouvelles bornes de recharge électriques intelligentes et payantes, lors des travaux de renouvellement. Nous démarrons généralement avec dix bornes en mixant des bornes de 7 et 22 kW. Dans le parking de l’Hôtel de Ville, rénové l’an passé, les bornes sont intelligentes et interopérables, elles acceptent différentes cartes comme celles des Velib’ par exemple. Pour l’instant il n’est pas possible de réserver un emplacement pour la recharge, mais nous y travaillons. Le parc de véhicules électriques n’est pas encore très développé, mais ce sera plus le cas dans deux à trois ans.

A. D.: La Mairie de Paris demande dorénavant que, pour chaque appel d’offres, 30 à 50 % des places soient en capacité d’accueillir des recharges. Ainsi, tout est déjà précâblé même si, dans les faits, très peu de places sont équipées en stations de recharge. Nous installons également des locaux techniques dédiés. Il y a un transformateur pour alimentation du parking, un autre pour l’alimentation du parc de voiture électrique.

BCC: Saemes propose des abonnements à tarif réduit aux Franciliens pendulaires pour qu’ils stationnent leurs véhicules aux portes de Paris. Le succès est-il au rendez-vous?

A. D.: À la demande de la Mairie de Paris et de la région Île-de-France, il y a eu le lancement fin 2018 d’une offre d’abonnement à tarif réduit pour les pendulaires, avec un stationnement à moitié prix en journée. Trois de nos parkings sont concernés, Porte d’Orléans, Charlety et Bercy. Les quotas sont loin d’être remplis, car il y a eu peu d’information à ce sujet. De plus, les automobilistes qui veulent en bénéficier sont obligés de démarrer leurs trajets en voiture puis de continuer en transports publics, et d’être porteurs d’un abonnement Navigo, ce qui augmente le budget. Pour l’instant, ce type d’abonnement intéresse, je pense, les personnes qui ont peu de stations à parcourir depuis l’un des parkings, ou qui à l’inverse ont calculé qu’elles mettaient moins de temps à traverser Paris en métro qu’en voiture. Cela dépend donc des opportunités de chacun.

BCC: Saemes a commencé à proposer un service de réservation de place de parking depuis 3 ans, quel est votre retour sur ce service?

A. D.: Le nombre de places de parking réservées à l’avance est en augmentation constante. Quand nous avons lancé ce service, cela représentait 1 % de notre chiffre d’affaires horaire, qui concerne les emplacements loués pour une durée inférieure à un mois. En 2018, ce taux est passé à 6 % du CA horaire, avec une croissance à deux chiffres. Les réservations sont gérées par des partenaires comme OnePark ou Parclick, elles peuvent s’effectuer depuis notre site Internet et sur les applications de nos partenaires, ce qui permet de s’ouvrir à la clientèle étrangère car OnePark est implantée en Allemagne, et Parclick en Espagne.

BCC: Saemes exploite la gare routière de Bercy, d’où partent notamment les lignes Blablabus et Flixbus, souvent décriée pour son manque d’équipements. Quelles améliorations pouvez-vous apporter?

A. M.: Bercy-Seine dispose de 80 quais de gare. 150 000 à 200 000 personnes y transitent chaque jour, avec une rotation de 150 à 180 cars. Le trafic a fortement augmenté avec l’arrivée de Flixbus mi-2017, qui était auparavant porte Maillot. Nous avons compté 2 millions de clients en 2018 et nous en attendons 3 millions cette année. Bien évidemment, la gare n’avait pas été prévue pour accueillir autant de monde, et nous avons engagé un gros programme pour améliorer l’accueil. Nous sommes souvent interpellés car les conditions d’accueil ne sont pas dignes; le projet est acté et j’espère qu’il sera réalisé pour le mois de juin.

A. D.: Il faudra bien sûr augmenter la taille de la salle d’attente, ceci sans interrompre le flux continu de cars, ce qui complique bien sûr la donne. Nous ne pouvons empiéter sur le jardin tout proche, nous le ferons donc à l’intérieur, en améliorant également l’espace commercial des opérateurs et les toilettes, sous-dimensionnées.

BCC: Cette gare accueillait auparavant beaucoup de cars de tourisme. Sont-ils encore présents?

A. D.: Ces derniers viennent de moins en moins. Le pass autocar mis en place par la Ville de Paris est en effet devenu assez coûteux, à 240 € la journée, et certaines entreprises, surtout en provenance des pays de l’Est, préfèrent faire tourner leur véhicule toute la journée plutôt que les stationner.

BCC: Envisagez-vous de développer vos propres services de mobilité, comme votre concurrent Indigo avec ses vélos, scooters voire voitures électriques?

A. D.: Nous n’avons pas la même approche et la même capacité d’investissement. Nous préférons le faire avec des partenaires. C’est un secteur très mouvant, qui a tellement bougé en quelques mois et qui continuera à évoluer.

BCC: Avec quels loueurs de véhicules travaillez-vous? Vos parkings peuvent-ils servir de base arrière pour les sociétés d’autopartage, notamment pour la recharge des véhicules électriques, ou pour les engins de mobilité douce type vélos ou trottinettes électriques?

A. M.: Nous avons accueilli de nouveaux partenaires de l’autopartage avec l’arrivée de Moovin’, l’offre de Renault-Ada, Zencar et Easymoove &Co, en plus des partenaires historiques Mobizen et Ubeeqo. Nos parkings servent de lieu de rendez-vous, cela représente entre 6 et 15 places par parking. Celui d’Anvers – boulevard Rochechouart est le plus utilisé pour l’autopartage. Historiquement, celui de la Gare de Lyon héberge de nombreux loueurs traditionnels, comme Sixt. Concernant les flottes en accès libre, nous n’avons pas eu de demande pour les recharger. Ces voitures sont généralement chargées en voirie, et la plupart des opérateurs disposent de leurs propres bases arrière. Les opérateurs de vélos ou trottinettes électriques souhaitent pour leur part laisser leurs véhicules en surface, ce qui leur donne un maximum de visibilité, mais ils auront aussi besoin d’une base. Nous avons été contactés par Knot, qui souhaite s’implanter dans nos parkings. Cette entreprise strasbourgeoise propose des trottinettes en libre-service en BtoB. Nous avons une carte à jouer dans ce domaine, notamment contre le vandalisme.

BCC: Saemes s’est-il positionné sur les gares du futur réseau Grand Paris Express?

A. D.: Les appels d’offres sont en cours, et nous avons bien évidemment fait acte de candidature. On constate cependant que plusieurs parkings sont sous-dimensionnés. La gare de Créteil-L’Echat ne disposerait ainsi que d’un parking de 400 places, alors que l’hôpital Henri-Mondor tout proche reçoit plus de 100 000 visiteurs par jour. Il y a une ambivalence entre la volonté de créer des pôles de développement économique et commercial autour des nouvelles gares, et la crainte de générer de la congestion en attirant des voyageurs venant de communes plus éloignées qui laisseraient leurs véhicules sur place pour prendre la ligne de métro.

BCC: Saemes a été le premier opérateur de stationnement en France à libérer ses données en 2016 dans le cadre de l’open data. Quel retour avez-vous sur cette opération?

A. D.: Nous avons mis en place il y a deux ans notre plateforme d’open data en commençant par nos données statiques, comme les emplacements géolocalisés et le nombre de places PMR. Nous avons constaté qu’elles permettaient de nourrir de nouveaux services, comme l’application jaccede.com qui est dédiée aux visiteurs qui ont du mal à marcher ou sont malvoyants, et permet par exemple de donner les accès faciles pour se rendre au Musée du quai Branly. Depuis 2018, nous proposons aussi des données dynamiques avec une indication sur le nombre de places disponibles en temps réel. À terme, il sera intéressant de développer des data sur les emplacements de vélos et de motos.

BCC: La part des deux-roues est-elle en augmentation?

A. M.: Nous constatons une hausse des demandes pour les motos, notamment sur la porte d’Orléans. Nous ne nous y attendions pas. Les conditions de stationnements sont assez complexes là-bas, avec une hausse du vandalisme. Nous constatons aussi le même phénomène dans notre parking de la Gare de Lyon et nous proposerons d’ailleurs 170 places au mois de mai, contre 140 actuellement. Les motards, mais aussi les cyclistes avec des vélos électriques veulent des stationnements en sous-sol à côté du local d’accueil. Nous proposons également des consignes gratuites pour les casques et les top-cases.

A. D.: Le stationnement est actuellement gratuit en surface à Paris pour les deux roues, ce qui ne sera peut-être pas le cas demain, du moins si l’on se fie aux programmes des différents candidats aux élections municipales. À Vincennes et Charenton, les emplacements deux-roues sont déjà payants. Nous anticipons ce changement avec la création de zones sécurisées et grillagées dans nos parkings.

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