Au sein du futur pôle d’échanges multimodal de la gare SNCF de Rennes, la nouvelle gare routière de Rennes et son espace KorriGo sont déjà opérationnels depuis plusieurs mois. Ces installations hautement fonctionnelles gérées par EMS Rennes, filiale de RATP Dev, pourraient servir de tremplin au groupe pour amplifier le rayonnement de ses activités dans le Grand Ouest.
À quelques mois seulement de son inauguration, la gare routière de Rennes a bien changé. En fait, et depuis les travaux conduits de fin juin à fin octobre 2018, c’est bien d’une véritable métamorphose dont il faut parler pour évoquer les nouvelles installations. Celles-ci sont devenues d’une fonctionnalité à toute épreuve, l’une des grandes évolutions ayant été l’inversion du sens de circulation des cars pour renforcer la sécurité des voyageurs. Implantés à l’origine côté boulevard Solférino, les quais ont suivi une même évolution en étant reportés côté voies ferrées.
La fluidité des flux qui en a découlé a été renforcée, de surcroît, par la création de deux emplacements de bus supplémentaires sous forme de dépose minute. Une fois déposés leurs voyageurs, ils rejoignent l’un des seize emplacements aménagés en attendant un nouveau départ.
Les voyageurs descendus du car n’ont, de leur côté, plus que quelques mètres à parcourir pour se retrouver directement au niveau 0 de la gare SNCF. C’est à ce même niveau que sont implantés le nouvel espace KorriGo ainsi qu’une salle d’attente. Des panneaux d’informations électroniques dynamiques complètent les équipements mis à disposition des voyageurs pour faciliter leurs déplacements. Parmi ces équipements figurent ceux destinés aux personnes à mobilité réduite (PMR). Ainsi et grâce à une hauteur adaptée, tous les quais ont été mis en accessibilité. Les PMR disposent, en outre, de bandes de guidage jusqu’aux quais.
Au global, ce sont ainsi 4,7 millions d’euros qui ont été investis par Rennes Métropole, le département de l’Ille-et-Vilaine et la région Bretagne pour faire de cette gare routière l’un des équipements phares du nouveau pôle d’échange multimodal de la gare SNCF de Rennes. Celui-ci prendra encore plus d’importance dès lors que sera mise en service la nouvelle ligne de métro, au cours du dernier trimestre 2020.
Mis en service dès juillet 2018, puis inauguré le 2 avril 2019, l’espace KorriGo constitue également l’une des réussites de la nouvelle gare routière de Rennes. Accessible sur deux niveaux, côté gare routière (géré par EMS Rennes) et côté gare ferroviaire (niveau -1, géré par le réseau STAR), il est déployé sur 400 m². Perçu comme très convivial par la clientèle, le nouvel espace dispose d’un gestionnaire de file d’attente. « Sa fréquentation actuelle est de l’ordre de 20 000 clients par mois. Elle pourrait, toutefois, continuer d’augmenter dans des proportions importantes puisque nous accueillons 70 nouveaux clients par jour », indique Anne-France Rivière, directrice d’EMS Rennes, filiale de RATP Dev. Cette hausse est d’autant plus significative « qu’au-delà de l’information et de la vente de titres de transport départementaux et nationaux, les équipes RATP Dev interviennent désormais sur l’ensemble des services de mobilité, incluant les titres du réseau urbain et les voyages par train TER », ajoute la dirigeante de la gare routière.
Pour accueillir tous ces nouveaux clients qui trouvent, ainsi, un guichet unique, pour répondre à l’ensemble de leurs questions et de leurs besoins de mobilité, la gare routière a décidé, en sus des jours d’ouverture en semaine, d’ouvrir l’espace KorriGo le dimanche de 13 à 20 heures.
Ces extensions d’horaires d’ouverture semblent d’autant plus pertinentes que la carte KorriGo Services (déjà détenue par 700 000 utilisateurs en Bretagne) pourrait être encore élargie. Ainsi que l’a indiqué Gérard Lahellec, vice-président de la région Bretagne en charge des transports et des mobilités, dans son discours d’inauguration: « Il y a une intermodalité qui s’organise entre le car, le train et demain le bateau. Même si toutes les autorités organisatrices sont convaincues du bien-fondé de cette intermodalité, il y a des calendriers de transport qui ne sont pas les mêmes partout et, bien sûr, cela coûte un peu d’argent à mettre en place. »
RATP Dev peut s’appuyer sur les bons résultats obtenus à la gare routière de Rennes pour pousser plus avant ses ambitions dans le Grand Ouest. Déjà, celles-ci se sont matérialisées par la gestion du réseau Irigo de l’agglomération d’Angers pour une durée de six ans à compter du 1er juillet 2019. Cette perspective semble d’autant plus probable que RATP Dev possède, à présent, tous les savoir-faire de la chaîne de transport incluant le ferroviaire lourd et léger, les bus urbains, etc.
Comme l’explique Olivier Velter, directeur régional Centre Grand Ouest de RATP Dev, « nous sommes historiquement implantés dans le Grand Ouest en tant qu’opérateur du réseau de La Roche-sur-Yon, qui comprend outre un réseau de bus, du covoiturage et de la location de vélos longue durée. Nous sommes à l’écoute des collectivités afin de leur apporter les solutions les plus adaptées en termes de mobilités à leur territoire dans le respect des fonds publics qui nous sont confiés ».
RATP Dev, qui a fait des réseaux de petites tailles l’un de ses vecteurs de développement historiques peut donc, à présent, voir plus haut, Angers en représentant l’une des premières concrétisations. En marge de cette montée graduelle sur les réseaux des grandes villes, RATP Dev marque également un intérêt soutenu pour les gares routières, perçues comme un trait d’union entre les transports urbains et interurbains.
Mais comme le précise encore Olivier Velter, « nous sommes sélectifs à chaque fois que se présentent des renouvellements de DSP. Comme nous sommes très présents en Centre – Val-de-Loire, nos perspectives de développement résident en Grand Ouest dans les régions Bretagne et Pays de la Loire ».
Nul doute qu’une partie de ces ambitions pourrait être satisfaite si RATP Dev obtient l’exploitation du réseau de Brest (attribuée très prochainement) ou celle de Saint-Malo. Pour ce dernier réseau urbain, la procédure d’appel d’offres est en cours. À partir de ceux-ci ou d’autres existants comme Vannes et Lorient, l’exploitant pourrait très bien faire valoir son expertise pour prendre en charge l’exploitation d’autres gares routières, comme celles de Quimper et de Brest. Elles rejoindraient, ainsi, celles de Rennes et de Lorient.
Bus&Car Connexion: Quels ont été les nouveaux services mis en place par RATP Dev depuis 2012?
Anne-France Rivière: Dès que nous avons pris en charge la gestion de la gare routière de Rennes, nous nous sommes mis en quête de proposer de nouveaux services afin d’apporter une meilleure expérience aux voyageurs. C’est ainsi que nous avons mis en place un relais-colis. Au-delà de l’installation du wifi, d’un distributeur bancaire et d’une bibliothèque de rue, nous avons aussi étendu les horaires d’ouverture des guichets le dimanche. Surtout, nous nous sommes attachés à proposer un service de ventes et d’informations assurant une équité d’accès à tous les transporteurs en prolongement de la libéralisation du transport par autocar. Ce service est d’autant plus important qu’environ 20 % des utilisateurs des SLO achètent un billet ou se renseignent directement sur place. Enfin, nous avons renforcé notre service de proximité sur les quais, afin d’orienter les flux des voyageurs et assurer leur sécurité.
BCC: Avez-vous été associée en amont quant aux aménagements à réaliser sur la gare routière?
A.-F. R.: Oui, et il s’agit là de l’un des points forts de notre partenariat. Nous avons été, en effet, force de proposition dès les étapes amont afin d’assurer la continuité d’exploitation de la gare routière durant les travaux. Matérialisée, en particulier, par des réunions quotidiennes, cette approche s’est notamment concrétisée par la formulation de recommandations sur l’aménagement de la gare routière temporaire. Celle-ci a été mise en place en utilisant l’ancienne zone de régulation. C’est là qu’ont été installés les services d’information et de vente déportés. Nous avons, par ailleurs, renforcé le service de proximité sur les quais durant les travaux, car cela répondait à un vrai besoin. Assuré par du personnel polyvalent, celui-ci a été pérennisé au début de cette année.
BCC: Quel bilan pouvez-vous tirer de la gestion de la gare routière?
A.-F. R.: La gestion de la gare routière, sous forme d’un contrat de délégation de service public (DSP), court sur la période 2012-2020. Plus importante gare routière bretonne, sa fréquentation a fortement progressé entre 2016 et 2018. Portée à la fois par le dynamisme de l’offre de transport par autocar et par le développement des lignes SLO, cette hausse s’est, en effet, établie à 18 %. Désormais, ce sont près de 7 000 clients en transit qui utilisent chaque jour les installations de la gare et de la vingtaine de transporteurs qui y sont présents. La progression est encore plus importante pour ce qui concerne les départs de cars. Elle a été de 48 % au cours des cinq dernières années, ce qui correspond à 86 000 départs annuels. Cet état des lieux ne serait pas complet sans communiquer sur les résultats atteints en matière de qualité de service. Grâce à la mise en place d’une vraie démarche qualité à partir de 2014, nous sommes passés d’un taux de satisfaction global sur l’accueil et l’information de 80 % en 2014 à 90 % en 2017.
BCC: Comment l’expérience de Rennes nourrit-elle la réflexion du groupe RATP sur l’intermodalité?
A.-F. R.: Le groupe RATP gère 45 gares routières dans la France entière. Nous sommes convaincus que les gares routières ont un rôle clé à jouer pour favoriser l’intermodalité. Nous essayons donc de concevoir notre mission comme celle d’un gestionnaire de hub et d’intermodalité. Nous délivrons un service global aux voyageurs dans la dimension MaaS (Mobility as a Service), gares routières et hubs intermodaux. Plutôt que de rester cantonnés dans un simple rôle d’exploitant, nous jouons donc pleinement notre rôle de coordinateur d’acteurs et de gestionnaire de services de mobilités dans leur globalité. Nous avons la volonté aujourd’hui d’exporter ce savoir-faire en Bretagne et plus largement dans le Grand Ouest. Déjà, RATP Dev est présent à Vannes, Lorient, La Roche-sur-Yon et bientôt Angers. Nous avons aussi candidaté pour les réseaux urbains de Brest et de Saint-Malo.