Le 2 mai 2019, la Fédération nationale des transports de voyageurs en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (FNTV) et Vinci Autoroutes ont signé une convention de partenariat, première du genre en France, destinée à avancer ensemble sur plusieurs sujets: la mise en place de voies dédiées aux autocars, les aires de repos, la sécurité routière, la gestion de crise et les remontées d’infos de terrain… Si les bases de ce partenariat sont désormais jetées, tout reste à construire.
« Il est nécessaire de faire évoluer les idées, modifier les comportements pour réduire la congestion autoroutière en France. Je défends les transports collectifs et je suis l’allié des autoroutiers », plaide Louis Nègre, président du Groupement des autorités responsables de transports (Gart). Invité le 2 mai dernier au stade Allianz-Riviera de Nice par la FNTV PACA et Vinci Autoroute à débattre sur les nouvelles formes de mobilité à imaginer sur autoroute, le maire de Cagnes-sur-Mer fut le témoin privilégié, et presque le parrain, d’un partenariat inédit en France, noué entre les autocaristes de la région Sud et le concessionnaire autoroutier.
Un partenariat destiné à mieux se connaître, et à œuvrer ensemble pour améliorer, voire repenser l’usage de l’autoroute. « La solution aux problèmes de mobilité passe par ce type de convention, unique et innovante. Elle porte sur l’instauration d’une relation entre deux acteurs qui ne se parlaient pas », admet Paul Maarek, directeur général adjoint de Vinci Autoroutes et président d’Escota. « Les autoroutiers essaient de comprendre les acteurs de la mobilité. Auparavant, l’autoroute était une simple liaison entre deux métropoles et aujourd’hui, elle est urbaine, périurbaine », souligne Amélia Rung, directrice du développement de Vinci Autoroutes.
La première mesure, inscrite dans cette convention, prévoit la création d’un comité de suivi chargé de piloter les actions. La deuxième engage à sensibiliser le gestionnaire et les utilisateurs du réseau à la sécurité. Ensemble, ils entendent optimiser les procédures de gestion de crise et améliorer les échanges. « Parfois, les stratégies sont complexes à mettre en œuvre en cas d’événement climatique, de congestion. Il est donc essentiel d’échanger des informations et d’anticiper. Cela nécessite des contacts en temps réel et le partage des retours d’expérience », souligne Paul Maarek, signataire de la convention aux côtés de Jean-Paul Lieutaud, président de la FNTV Sud.
« En matière d’accueil sur les aires d’autoroutes, il est important de délivrer aux clients un haut niveau de service, en particulier lorsque nous transportons des touristes », commente le président de la FNTV en région Sud. Ensemble, les autocaristes et Vinci souhaitent également ouvrir leurs réflexions sur le partage de la voirie et, s’agissant de la tarification, développer des formules de fidélisation.
Si l’aménagement de voies dédiées aux autocars est pratiqué depuis une trentaine d’années outre-Atlantique, la France est encore à la traîne. Tout juste peut-on comptabiliser une poignée d’expérimentations ponctuelles sur quelques portions d’autoroutes. « Des études sont en cours pour permettre la circulation sur la bande d’arrêt d’urgence entre Nice et Sophia-Antipolis d’ici la fin 2019. Sur l’A57 également [en sotie de Toulon, ndlr], des autocars devraient circuler avec une possibilité d’arrêt sur autoroute. Sur la métropole Aix-Marseille-Provence, l’agenda de la mobilité prévoit également ce mécanisme adossé à une série de parcs-relais de forte capacité. Les études doivent démarrer, tout comme sur l’A10 à Bordeaux, et à Toulouse afin de désengorger les A64 et A 68 », annonce Amélia Rung. Et de citer la réussite exemplaire de la voie express entre Dourdan et Massy-Palaiseau. Selon une enquête Ipsos pour Vinci de mars 2019, 75 % des clients de cette ligne gagnent en qualité de vie.
Si la majorité des acteurs s’accorde à reconnaître les bénéfices des voies dédiées qui améliorent l’accessibilité des agglomérations, contribuent à fluidifier les axes et garantissent les temps de parcours, leur déploiement se heurte aux lourdeurs et lenteurs administratives nationales. « Dans les prochains contrats de concessions autoroutières, je demanderai que l’on prévoie des voies réservées. Dans le transport ferroviaire de voyageurs, nous sommes confrontés aux mêmes difficultés pour ouvrir les services à la concurrence. J’essaye de construire un pôle d’échange multimodal (PEM) à Cagnes, si vous saviez la complexité du dossier! », observe Louis Nègre. Également président délégué de la métropole Nice Côte d’Azur, il va engager 23 M€ dans ce futur PEM qui sera adossé à un parking de 280 places avec une possibilité d’extension à 400. Les travaux débuteront cet automne. Du côté de Vinci Autoroute, les réflexions sont en marche pour diversifier les 25 parkings des autoroutes du sud de la France en hubs multimodaux, adossés à un arrêt de bus. « Nous avons à cœur d’ouvrir ces aires sur le territoire », assure Amélia Rung, dont le nouveau défi consiste à apaiser les autoroutes…
