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François Ferrieux, président du club national pour « la mobilité courante »

« Il faut provoquer une prise de conscience chez les acteurs de la mobilité »

Fondateur et président d’honneur du Syndicat mixte des transports collectifs de l’Oise (SMTCO), François Ferrieux a porté sur les fonts baptismaux le Club national pour la « Mobilité courante ». Cinq ans après, ce concept de MaaS avant l’heure continue de nourrir la réflexion et l’action des acteurs de la mobilité.

Bus&Car Connexion: Le Club national pour la « Mobilité courante » a été fondé en 2014. Pouvez-vous en rappeler l’origine et les objectifs?

François Ferrieux: Le Club national pour la « Mobilité courante » est né en 2014, à l’occasion d’un premier colloque sur le thème organisé à Compiègne. L’objectif était de poser les bases d’une nouvelle approche de la mobilité, vue comme un service public à la fois aussi indispensable et aussi simple d’utilisation que l’eau courante. La « Mobilité courante », c’est la mobilité partout et pour tous. Au moment du colloque de lancement, personne ne parlait du MaaS, qui avait pourtant démarré à Helsinki au mois de janvier. La démarche est pourtant la même. Endre Angelvik, vice-président chargé des mobilités à Oslo, fait d’ailleurs la comparaison entre le MaaS et l’électricité*… Aujourd’hui, si l’on veut faire un peu de provocation, on peut affirmer que la mobilité courante existe déjà dans l’ensemble des territoires français: c’est la voiture individuelle. Les autres moyens de déplacement combinés doivent donc tendre vers le même niveau d’efficacité et de praticité, tout en contribuant à réduire la congestion et les émissions de polluants et de gaz à effet de serre.

BCC: Votre expérience a-t-elle été reprise et imitée?

F. F.: Quand nous avons créé le Syndicat mixte des transports en commun de l’Oise (SMTCO), en 2006, notre objectif était de mettre en place une véritable information multimodale et une billettique à l’échelle du territoire. C’est ce que nous avons réalisé avec le Système intégré des services à la mobilité sur le département de l’Oise (Sismo), qui rassemble tous les réseaux de transport collectif du territoire et s’appuie sur un référentiel de données commun. Notre calculateur d’itinéraire propose une information voyageurs véritablement multimodale, incluant même le covoiturage. Le Sismo a d’ailleurs reçu de nombreuses distinctions, dans le cadre du congrès UITP de 2011, à Dubaï, ou lors de la première session de French Mobility en 2018. De plus, nous avons mis en place un Observatoire de la mobilité, qui permet de faire remonter les dysfonctionnements, comme les calculs d’itinéraire qui n’ont pas pu aboutir à une offre. Toutefois, je ne peux m’empêcher de constater qu’entre 2012 et 2018, si le nombre d’initiatives en matière d’intermodalité n’a cessé de croître, peu d’entre elles ont véritablement conduit à une diminution significative de l’hégémonie de la voiture solo.

BCC: Quels sont les obstacles qui subsistent? La généralisation des AOM va-t-elle aider à les effacer?

F. F.: Avec le numérique, l’internet mobile et l’open data, les progrès technologiques sont tels qu’il n’y aura bientôt plus d’obstacles pour y parvenir. La réflexion globale doit avancer sur la gouvernance, car c’est le décideur politique qui porte le sujet. Quand j’évoque la gouvernance, je parle de la recherche du consensus. Quand la décision politique est là, la billettique suit. La problématique nouvelle par rapport à 2015, c’est la coopération entre régions et communautés de communes, conséquence des lois MAPTAM et NOTRe, et bientôt de la Loi d’orientation des mobilités (Lom). Les métropoles, se sont imposées depuis des années dans la gestion des mobilités urbaines. Mais dans les territoires peu denses, l’appropriation de la compétence transports peut faire l’objet de tensions. Le projet de loi fixe un délai de deux ans aux communautés de communes pour se déterminer. Je pense que ce délai a toutes les chances de ne pas être tenu. J’aurais préféré que l’on encourage les communautés de communes à s’emparer de cette compétence, en leur offrant un appui au départ. Reste la question des financements, les territoires peu denses nécessiteront une contribution à caractère social, au-delà du VT.

BCC: Qu’attendez-vous de ce second colloque?

F. F.: Ce second colloque doit provoquer une prise de conscience chez les acteurs de la mobilité. Les difficultés que rencontrent nos concitoyens dans leurs déplacements quotidiens sont réelles. Et l’on ne pourra pas remplacer la voiture individuelle par une offre du type MaaS aussi coûteuse que celles proposées à Helsinki. Les villes petites et moyennes ainsi que leur hinterland ne doivent pas être oubliées. Il faut organiser du rabattement vers les réseaux lourds grâce au covoiturage, au vélo classique ou à assistance électrique, au TAD, ou encore à l’auto-stop organisé, qui peut donner des résultats très encourageants comme le démontre l’offre RezoPouce né en Occitanie et expérimenté dans plusieurs territoires de l’Oise.

* Interview parue dansLe Monde le 3/11/2017.

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