Eprolongement de l’introduction en service commercial des deux premiers trains de présérie dans le nord de l’Allemagne, le 17 septembre 2018 (100 000 km déjà parcourus), le constructeur français vient de se voir attribuer la commande de la plus grande flotte de trains au monde alimentés par une pile à combustible. Le montant du contrat s’élève à environ 500 millions d’euros, dont 360 millions d’euros correspondent à la part d’Alstom.
Car c’est un engagement global qu’a signé Fahma, une filiale de l’opérateur ferroviaire RMV (Rhein-Main-Verkehrsverbund, réseau de transport public de l’aire métropolitaine de Francfort). Il comprend tout à la fois la livraison de 27 rames de type Coradia iLint, la fourniture de l’hydrogène, la maintenance et la mise à disposition de capacités de réserve pour les 25 prochaines années. Dans son communiqué de presse, Alstom précise encore qu’il « propose l’hydrogène en coopération avec Infraserv Gmbh &Co. Höchst KG, la station de ravitaillement en hydrogène étant située dans les locaux du parc industriel de Höchst ». C’est donc un projet global qui va se concrétiser à partir de 2022, date de livraison des rames.
Pour autant et sans que cela ne constitue une surprise, le « verdissement » des trains régionaux allemands génère un surcoût, comme le confirme Enak Ferlemann, secrétaire d’État parlementaire du ministère allemand des Transports et de l’Infrastructure. « Le gouvernement fédéral soutient cet investissement dans une mobilité respectueuse du climat en assumant le surcoût de 40 % par rapport aux véhicules diesel et en soutenant la station de ravitaillement en hydrogène dans la même proportion. » Avant d’ajouter que « ce projet peut servir de modèle pour le ministère allemand des Transports. Nous espérons que de nombreux autres projets en Allemagne suivront cet exemple ».
Tarek Al-Wazir, ministre des Transports de la Hesse, où circuleront les nouveaux trains, n’est pas moins enthousiaste. Il souligne que « la traction par pile à combustible est une alternative à l’électrification coûteuse, qu’il est possible de mettre en œuvre rapidement ». Il conviendra, toutefois, d’attendre 2022 avant que cette flotte additionnelle ne devienne opérationnelle. En remplacement des rames diesel existantes, les Coradia iLint circuleront sur quatre lignes de la région de Taunus: RB11 (Francfort-Höchst – Bad Soden), RB12 (Francfort – Königstein), RB15 (Francfort – Bad Homburg – Brandoberndorf) et RB16 (Friedrichsdorf – Friedberg). Leur autonomie sera de 1 000 km, la même que celle des trains diesel actuels.
Les 27 nouveaux trains à pile à combustible seront équipés de systèmes d’information passagers complets, tels que des écrans affichant des informations en temps réel. Ils disposeront également d’espaces pour vélos, fauteuils roulants et poussettes et offriront un accès wifi gratuit aux passagers pendant leur trajet. Avec 160 places assises par véhicule, la capacité des lignes du sous-réseau de Taunus augmentera de 40 %, en particulier pour les trains de banlieue aux heures de pointe. Ils s’ajouteront, ainsi, aux 14 trains de l’autorité locale des transports de Basse-Saxe (Landesnahverkehrgesellschaft Niedersachsen, LNVG) qui seront livrés dans le courant de l’année 2021.
Nul doute que les régions françaises continuent d’observer de près les projets de développement des trains alimentés par des piles à combustible en Allemagne.
Nul doute également qu’elles vont également réclamer un soutien de l’État lorsqu’il s’agira de s’équiper de trains nettement plus coûteux à l’achat que les trains bimode (électrique/diesel) actuels.
Pour l’heure, Alstom confirme juste « attendre de recevoir des intentions de commandes afin d’avancer sur le projet de Régiolis doté d’une pile à combustible ». En attendant, on peut s’étonner du silence des concurrents d’Alstom. Pourtant, ils ont développé et présenté durant le salon ferroviaire InnoTrans 2018 de Berlin des versions de trains régionaux alimentés par batteries. Après avoir bénéficié d’une exposition médiatique sans précédent durant cette grand-messe ferroviaire, l’hydrogène vient donc de remporter une nouvelle manche dans le verdissement des trains régionaux.
