La région Nouvelle-Aquitaine vient d’accorder une enveloppe de 230 000 € au Syndicat des énergies de la Haute-Vienne (SEHV) pour l’acquisition de 35 bornes de recharge pour véhicules électriques
Dans un département voisin, en Creuse, plusieurs communes qui figuraient dans le schéma de déploiement des bornes devant permettre de couvrir l’ensemble du département ont refusé ce cadeau qu’elles jugent empoisonné, au regard des frais occasionnés, notamment de consommation électrique même en cas de non-emploi de la borne, pour un nombre d’usagers qui reste confidentiel en zone rurale. Peu d’enthousiasme d’autre part en raison des différentes techniques proposées, des temps de charge très variables et, là encore, des incertitudes concernant la généralisation des véhicules électriques dans un proche avenir.
Sous couvert d’anonymat, un élu (écologiste!) haut-viennois s’interroge sur la pertinence de vouloir généraliser à marche forcée la voiture électrique. « Les véhicules électriques sont-ils si écologiques qu’on veut nous le faire croire? Surtout s’il s’agit de comparer un véhicule électrique à construire et un véhicule diesel ou essence qui existe déjà… Ajouter à cela la source de l’électricité (nucléaire? charbon?), les composants de la batterie et leur recyclage futur… Tesla vient d’alerter le gouvernement américain des pénuries à venir concernant les matières premières: nickel, cobalt, lithium… S’il faut partout ouvrir des mines, ce n’est pas très écologique… »
La subvention accordée par la Région risque donc de ne pas être utilisée dans l’immédiat. Et les propriétaires de véhicules électriques vont devoir continuer de s’organiser avec la trentaine de bornes disponibles à ce jour en Haute-Vienne, qu’il s’agisse de bornes privées ou publiques, payantes ou gratuites, aux temps de charge très variables… La Région a bien compris l’embarras des collectivités en la matière et établit actuellement un nouveau dispositif d’aide pour son appel à projets Stations de recharge pour véhicules électriques: « Plusieurs niveaux de puissance de bornes de recharge sont disponibles avec des temps de recharge (80 %) bien distincts allant à plus de 10 heures pour une borne lente à près de 30 minutes pour une borne ultra-rapide. Alors que la mobilité électrique se développe fortement, il y a nécessité […] de disposer d’un temps de charge électrique comparable à un plein d’un carburant fossile. » Ainsi, cet appel à projets régional concerne les opérations d’acquisition et de mise en place de bornes de recharge d’une puissance de 50 kW minimum, pouvant aller jusqu’à 350 kW qui favorisent le « turn-over » de recharge; de fait, les bornes lentes ou accélérées sont exclues afin d’éviter un stationnement de type « ventouse ».
* D’autres subventions pour le développement de la mobilité électrique ont été accordées au Syndicat d’électrification et équipement rural de la Charente-Maritime (906 000 €) et à Séolis, fournisseur d’électricité et de gaz issu du Syndicat intercommunal d’énergie des Deux-Sèvres (162 175 €).
