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JO 2024: Paris veut s’inspirer de Tokyo pour gérer les flux

Pour préparer les jeux Olympiques de Paris 2024, une délégation des transports publics franciliens est partie au Japon en juillet dernier afin de s’inspirer des mesures prises par Tokyo pour ses propres jeux qui auront lieu en 2020.

Dans moins de cinq ans, du 26 juillet au 11 août 2024, Paris accueillera les jeux Olympiques. Pour gérer les 10 millions de spectateurs qui afflueront pendant cette période, avec une prolongation de moindre affluence jusqu’au 8 septembre pour les jeux Paralympiques, la région Île-de-France a voulu s’inspirer des bonnes idées listées par Tokyo, qui organisera les prochains Jeux à l’été 2020. Une délégation des responsables des transports franciliens, composée notamment de Valérie Pécresse, présidente de la région et d’IdFM, de Guillaume Pepy, à la tête de la SNCF et d’Alain Krakovitch, directeur de SNCF Transilien, est donc allée observer la façon dont la capitale japonaise allait s’y prendre, sachant que Tokyo jouit d’une réputation déjà excellente pour l’organisation millimétrée de ses transports publics.

Ce voyage, organisé par la Mass Transit Academy (la cellule de veille créée en 2016 par SNCF Transilien et Keolis), a permis de dégager plusieurs pistes qui pourront s’appliquer en Île-de-France. « Et même sans attendre les JO de 2024 », souligne Valérie Pécresse. Le premier point qu’Alain Krakovitch retient dans la méthode japonaise pour préparer le plan de transport des JO est « assez classique ». Il s’agit de disposer de trains, métros, infrastructures et des systèmes de signalisation en parfait état de fonctionnement, mais aussi de préparer des plans de crise parfaitement rodés pour faire face à toutes les éventualités. « Il faudra s’assurer d’avoir la capacité de transport supplémentaire, et des transports robustes, estime Alain Krakovitch. Cela passe notamment par l’anticipation des travaux de maintenance, sur les trains comme sur l’infrastructure. Il faudra en réaliser un maximum en amont. À Tokyo, ils en ont prévu beaucoup en mai 2020. » En Île-de-France, d’importants travaux ferroviaires seront programmés au printemps 2024, pour avoir des voies et des trains en parfait état pour les JO. Les Franciliens risquent donc de peu apprécier, ces travaux étant d’ordinaires placés pendant la période estivale, au moment de la plus faible affluence. Il faudra également faire une croix sur la ligne Charles-de-Gaule Express, la mise en service du train direct reliant Roissy à Paris – Gare-de-l’Est étant décalée à 2025. Quant au Grand Paris Express, le comité olympique croise les doigts pour que les premières lignes soient prêtes à temps. « On est obligé de faire des projections avec le GPE, et sans », reconnaît Alain Krakovitch.

Étaler les déplacements

Les Japonais veulent gérer au mieux les déplacements, en étalant les heures des différentes épreuves ou en évitant des mouvements en masse. Pour lisser les arrivées et les départs, les organisateurs japonais ont prévu d’organiser des spectacles pour faire patienter le public, ainsi que des concerts après les épreuves. En parallèle, la ville de Tokyo va exhorter ses habitants à opter pour le télétravail: 1866 entreprises se sont déjà engagées à jouer le jeu. Un aspect qui sera moins justifié à Paris, l’événement intervenant en pleine période estivale. Pour faciliter le déplacement des visiteurs étrangers, souvent perdus avec les subtilités du métro tokyoïte (il faut parfois payer des suppléments post-trajets pour des voyages hors zone), les 26 compagnies de chemin de fer opérant dans la région se sont associées pour créer un pass unique appelé Tokyo Supporters Pass.

La délégation francilienne a aussi rencontré Katsuhiro Nishinari, un spécialiste reconnu des flux de véhicules ou de piétons. Il a d’ailleurs été invité en France pour cet automne. « Ses conclusions ne sont pas forcément intuitives », relève Alain Krakovitch. Par exemple, les flux de voyageurs se libèrent apparemment plus facilement si l’on place un poteau devant la porte d’une rame, ce qui divise automatiquement le flux en deux. Rester immobile dans un escalier mécanique permet aussi de gagner du temps: quand on reste sans bouger, on peut mettre deux personnes en permanence par marche, et ainsi faire passer plus de monde à la minute. De la musique rythmée en gare ferait également sortir les voyageurs plus vite.

Autre amélioration en vue, celle de l’information voyageur. « La signalétique, c’est un sujet sur lequel je veux accélérer, insiste Alain Krakovitch dans les colonnes du Parisien. Au Japon, ils utilisent tous les espaces, du sol au plafond, et nous, non. » Quiconque a déjà erré en cherchant son chemin dans une gare parisienne ou les couloirs du métro comprendra les efforts à réaliser. Dans les gares de Tokyo, le marquage au sol est en bleu pour l’accès vers l’aéroport, en rouge pour les trains directs, en jaune pour les omnibus et en vert pour les trains moins rapides mais plus confortables. Pour les JO, Tokyo disposera en plus de panneaux indicateurs en quatre langues (japonais, chinois, coréen et anglais), de mégaphones également multilingues, et les agents seront équipés d’appareils de traduction.

Des véhicules dédiés au transport de personnes handicapées

Enfin, Tokyo a voulu améliorer l’accès des personnes handicapées. « Pour l’accessibilité, les Japonais sont très en retard sur nous », avance Valérie Pécresse. Si le métro reste difficile d’accès, les organisateurs ont prévu le déploiement de taxis électriques à plancher bas. Toyota a ainsi annoncé un partenariat avec Tokyo pour mettre à disposition, 200 APM (Accessible People Mover), des véhicules électriques d’une autonomie de 100 km avec une vitesse maximale fixée à 19 km/h. L’engin dispose de trois places assises et deux debout, avec une configuration spéciale pour accueillir des personnes en fauteuil roulant (les sièges de la rangée centrale sont repliables pour laisser de la place). Les sièges sont accessibles des deux côtés du véhicule et la conception globale tient compte des besoins des clients, avec des barres de sécurité des deux côtés aidant les passagers à entrer et sortir. Le véhicule est équipé de plaques d’ancrage et de rampes pour fauteuil roulant. Toyota proposera aussi une version dédiée aux opérations de secours, avec la présence d’une civière à bord.

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Auteur

  • Grégoire Hamon
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