Lors du congrès des VTC qui s’est tenu à Paris début septembre, l’adjoint de la Mairie de Paris aux Transports, Christophe Najdovski, s’est retrouvé seul face à un public de chauffeurs plutôt remontés contre l’interdiction d’emprunter les couloirs des bus. Si la Ville de Paris veut favoriser les mobilités partagées, la priorité sera toujours donnée au transport public, a martelé l’élu parisien.
Interdiction de circuler dans les couloirs de bus, difficulté d’accès aux gares, incivilité des conducteurs de trottinettes… Les conducteurs de VTC avaient préparé leur liste de récriminations pour rencontrer Christophe Najdovski, maire adjoint de Paris en charge des Transports lors du 2e Congrès annuel des VTC, les 2 et 3 septembre. Devant un parterre plutôt remonté, l’adjoint EELV d’Anne Hidalgo a joué les diplomates, en annonçant que les VTC n’étaient pas « les ennemis de la mobilité », qu’il était prêt à certains aménagements mais que la priorité resterait donnée au transport public.
La région parisienne compterait environ 19 000 VTC. Autant d’alliés de circonstance pour la Mairie de Paris, dans son combat contre l’« autosolisme ». « La vision de la Mairie de Paris en termes de mobilité s’appuie sur quatre piliers: la transition énergétique, le développement des transports collectifs, le développement des modes actifs comme la marche et le vélo, et l’offre en mobilités partagées qui permet d’avoir plusieurs utilisateurs par jour pour un même véhicule, voire plusieurs en même temps. Les VTC font partie de cette catégorie », a indiqué Christophe Najdovski. Les relations entre la ville de Paris et les VTC ne sont toutefois pas idylliques. L’adjoint aux Transports regrette ainsi que la municipalité ne dispose pas de pouvoir régulateur, contrairement à New York et Londres, qui « ont les outils en main et le droit d’octroyer des licences », voire d’interdire certaines sociétés de VTC temporairement. Autre point noir soulevé, la diésélisation du parc, estimée encore à 90 % par l’élu parisien. « La question mériterait d’être débattue, mais la responsabilité incombe surtout aux plateformes, c’est à elles de jouer leur rôle et de mettre en avant leur responsabilité environnementale et donner un coup de pouce ».
Les VTC devront s’adapter pour continuer à rouler Paris et en petite couronne après 2024, date de l’interdiction du diesel à l’intérieur du périmètre de l’A86. Uber s’est engagé à verdir sa flotte avec un objectif de 50 % de son parc parisien électrique d’ici la fin 2022. La société de VTC parisienne Marcel, désormais aux mains de Renault, indique pour sa part disposer d’une flotte de 300 véhicules électriques. « Aujourd’hui, nous faisons plus de courses en électrique qu’en thermique, avec une répartition 60-40 sur Paris et la petite couronne », explique à Bus & Car Mouhammed Diop, responsable relations partenaires.
Si la mairie de Paris tolère les VTC, elle n’a pas l’intention de les autoriser à emprunter les couloirs de bus, privilège réservé aux seuls taxis. « On ne peut donner cette autorisation, même pour du dépose minute, car cela se ferait au détriment de la circulation des bus qui doivent rester attractifs », avance Christophe Najdovski. Il se montre toutefois ouvert à l’idée de réfléchir à la création d’emplacements de dépose minute en ville dédiés aux VTC, sur le modèle de ce qui existe dans les aéroports. Le sujet est particulièrement délicat aux abords des gares. « Depuis la refonte du plan de circulation des bus en avril dernier, les accès aux gares sont devenus impossibles pour les VTC. Nous devons faire des détours de 1 à 2 kilomètres, qui font perdre plusieurs minutes », proteste ainsi Sofiane, chauffeur de VTC depuis 3 ans.
La question s’avère complexe. « Le réseau de bus a été redessiné pour leur donner la priorité à l’accès des gares. Pour ménager de la place aux VTC, il faudrait réunir la SNCF, qui est responsable des parvis, la RATP, la Ville de Paris et la Préfecture de Police, qui détient l’autorité sur le secteur gare », expose Christophe Najdovski. Il promet toutefois d’évoquer ce problème avec le nouveau secrétaire d’État aux Transports, Jean Baptiste Djebarri.
Lors de la rencontre avec l’élu parisien, les conducteurs ont fait part de leur préoccupation vis-à-vis des trottinettes, conduites à tort et à travers. Christophe Najdovski rappelle que la mairie de Paris a édicté cet été un arrêté municipal qui contrôle l’usage des nouveaux engins de mobilités électriques, tout en prônant un renforcement des contrôles. « À Paris, la tutelle de la Préfecture de Police est encore très forte, c’est elle qui a la compétence en matière de sécurité routière. Et c’est pour cette raison que nous avons créé notre propre Police municipale. Les contrôles sont encore récents et embryonnaires, mais il faut du bleu sur le terrain pour sensibiliser et verbaliser », souligne-t-il.
