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Metz: quelle énergie d’avenir pour Mettis?

Il y a six ans, le bus en site propre Mettis était inauguré dans la cité mosellane. Depuis, la fréquentation monte en flèche et une troisième ligne se dessine, sur fond de réflexion énergétique. Dans ce parc thermique, qui englobe les 27 Mettis à moteur hybride, deux minibus électriques sont d’ailleurs apparus en centre-ville.

Il ne passe pas inaperçu, avec ses couleurs acidulées sur une chaussée refaite spécialement pour lui. « Mettis a transformé la ville », estime Marie-Anne Isler-Béguin, vice-présidente de Metz Métropole, en charge de la mobilité et des déplacements. Il y a 6 ans, les transports de l’agglomération messine vivaient une révolution. Cyrille Densa, chargé d’études au pôle mobilité de Metz-Métropole, rappelle que la réflexion avait été insufflée dès 2008: « Avant, c’était le tout voiture, les bus n’étaient pas attractifs et personne n’avait misé sur les transports en commun. »

À l’époque, les Messins sont allés voir ce qui se faisait ailleurs: à Nantes, Rouen, au Luxembourg… Il fallait employer les grands moyens pour que les usagers changent leurs habitudes: une régularité de passage assortie d’une ponctualité, un confort alliant design et propreté, le tout servi par « une réflexion environnementale ». Leur choix se portera sur ce bus Van Hool bi-articulé de trois voitures, long de 24 m, offrant 155 places. Un véhicule hybride, dont le moteur thermique alimente un moteur électrique. « Cela permet une baisse de consommation d’énergie de l’ordre de 20 % », rappelle Franck Duval, directeur général des Tamm, les Transports de l’agglomération de Metz Métropole, qui exploitent le réseau. Les véhicules sont également équipés d’un système de récupération de l’énergie au freinage.

Objectifs dépassés

Afin de créer 17,8 km de site propre et d’instaurer la priorité aux feux, les travaux s’étalent de 2011 à 2013. Une période assez éprouvante pour les habitants, les commerçants en tête, car bon nombre d’accès sont bloqués ou réduits, mais aussi pour les élus, souvent décriés sur leur choix engageant la métropole à hauteur de 230 millions d’euros. L’inauguration a lieu en octobre 2013. « Il y avait une énorme attente, on a été victime de notre succès! » se souvient Cyrille Densa. Et ce, dans un contexte démographique pourtant peu réjouissant, avec les départs de contingents militaires. Désormais, les 27 Mettis transportent 50 000 usagers par jour, soit bien au-delà de l’objectif fixé à 42 000 pour 2023.

Sept jours sur sept, de 5 h 30 à 0 h 30, une rame passe toutes les 10 minutes. Une fréquence doublée au centre-ville, où convergent les lignes A et B. Car le réseau Mettis est organisé en deux axes: l’un rallie la banlieue de l’est messin à celle de Woippy au nord, l’autre permet d’aller du campus de l’Île du Saulcy au cœur de Metz à ceux du sud de l’agglo et poursuit jusqu’au centre hospitalier régional de Mercy.

En 2013, les Transports en commun de la région messine (TCRM) changent de nom commercial, pour s’appeler Le Met’. Pour exploiter ce réseau, la métropole, autorité organisatrice des mobilités, a passé un contrat de délégation de service public avec la société d’économie mixte Tamm, détenue à 60 % par l’agglomération, à 25 % par Kéolis et à 15 % par la SNCF.

L’an dernier, le Met’ a transporté plus de 22,3 millions de voyageurs. Ainsi, l’agglomération estime que « la mise en place du réseau Le Met’ et des lignes Mettis a fait progresser la fréquentation de plus de 50 % depuis son lancement, ce qui a permis de faire baisser la circulation automobile de 10 % ».

27 Mettis circulent sur cinq lignes structurantes Lianes, auxquelles s’ajoutent sept lignes urbaines Citéis et 12 Proxis reliant les communes de la deuxième couronne, plutôt en zone rurale. Sans oublier les trois navettes desservant le centre-ville de Metz, dont deux viennent de passer à l’électricité (lire par ailleurs), un service de transport de personnes à mobilité réduite, assuré de porte à porte et à la demande, ainsi que quatre services Flexo pour les retours de soirée. Soit un total de 220 véhicules roulant tous au gazole, avec une version hybride pour Mettis. D’un âge moyen de 8 ans et demi, le parc compte 52 bus articulés et 92 standard, majoritairement des Citaro Mercedes. En 2020, trois nouveaux véhicules Mettis sont attendus, pour un budget de 3 millions d’euros. « On est très chargé en heures de pointe », rappelle Franck Duval. Il s’agira toujours de bus hybrides à traction électrique mais avec une innovation technique: ces modèles comporteront deux moteurs électriques de traction.

Quant aux trois parkings de délestage P+R, d’une capacité de 625 places, ils ont connu une progression de près de 70 % d’utilisation depuis leur ouverture. « Celui de Rochambeau [le plus proche du centre-ville mais aussi le plus petit avec 120 places, NDLR] est saturé, on réfléchit à l’agrandir ou en faire un second », détaille le directeur des Tamm. D’autres implantations de parcs-relais sont en réflexion, notamment au sud du territoire.

« Réfléchir au carburant de demain »

Enfin, une troisième ligne Mettis est dans les cartons pour desservir la partie sud de l’agglomération: depuis Marly, Augny, le plateau Frescaty, en passant par Montigny-lès-Metz et entrant dans Metz par le quartier Nouvelle-Ville. L’enquête publique aura lieu en fin d’année. Ce qui relance la réflexion sur le choix de la motorisation. « On verra en fonction de l’itinéraire », dit Franck Duval. Avec ses 24 m et son moteur hybride, ce choix a été très novateur. D’ailleurs, nombreuses sont les délégations se déplaçant pour voir ces véhicules bi-articulés. Il existe même un véhicule spécialement aménagé, le Mettis Découverte, pour leur offrir un tour de ville. Mais la star fonctionne toujours au diesel. « Mettis est perfectible, assure Cyrille Densa, on pourrait mettre ce que l’on veut dans ces véhicules, on pourrait les transformer à l’hydrogène ou à l’électricité. »

« Il faut réfléchir au carburant de demain », souligne Marie-Anne Isler-Béguin, également présidente de l’Institut européen d’écologie. Cyrille Densa cite l’usine d’électricité de la ville, « on pourrait y rattacher des véhicules et concevoir ainsi la chaîne complète ». « L’énergie, il faut la produire, je suis loin de penser que le tout électrique est la solution », tempère le maire de Metz, Dominique Gros, lors de l’inauguration des deux petits Bluebus, rappelant qu’à bord de Mettis « la production d’électricité est embarquée ».

« L’électromobilité, ce n’est pas si simple, estime pour sa part Franck Duval. Le bilan carbone des véhicules électriques n’est pas meilleur que celui des véhicules thermiques, mais ils permettent une chute des émissions de polluants localement. » Metz et son agglomération testent à présent le 100 % électrique au travers des deux minibus, ne fermant la porte ni à l’hydrogène, ni au GNV. « Eu égard aux engagements financiers, on réfléchit pour préparer l’avenir », conclut le directeur des Tamm.

Chiffres clés

230 000 habitants sur le territoire de Metz Métropole, soit 44 communes

22,3 millions de voyageurs transportés sur le réseau Le Met’ en 2018

90 000 voyages quotidiens sur le réseau dont 38 000 en Mettis

220 véhicules en circulation sur le territoire

9,5 millions de kilomètres parcourus en 2017

17,8 km de Mettis en site propre, répartis en 2 lignes.

78 stations équipées de distributeurs automatiques

100 % des stations et des véhicules sont accessibles aux personnes à mobilité réduite

310 vélos en libre-service sur le territoire

610 places de stationnement sur 3 parcs-relais

Deux navettes électriques en centre-ville

Par une belle matinée d’été, deux minibus couleur fluo ont été inaugurés sur le parvis du centre Pompidou-Metz, tout spécialement dégagé pour eux. Offrant chacun 23 places, ces véhicules électriques Bluebus de 6 m sont destinés à desservir le centre-ville de Metz jusqu’à la gare SNCF et le centre Pompidou, sur la ligne N83 City. Avec une montée et une descente à la demande. « Nous avons aujourd’hui 240 navettes en circulation », explique Yves Labesse, le responsable commercial de Bluebus, citant d’autres villes françaises, telles Cannes, Amiens, Biarritz… Il faut 8 heures, en charge lente, pour conférer à la navette une autonomie de 120 km. Les minibus sont donc branchés de nuit au centre d’exploitation des Tamm, au nord de Metz. L’installation de la borne a coûté 25 000 €, tandis qu’un véhicule coûte 300 000 €.

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Auteur

  • Charline Poullain
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