Le bus électrique d’Alstom n’est plus qu’à quelques semaines de sa première livraison à Strasbourg. Il a été présenté dans sa version de série lors des récentes Rencontres nationales du transport public (RNTP) de Nantes.
La ville de Nantes aime l’Aptis. Le bus électrique d’Alstom avait déjà été présenté lors du congrès Electric Road des 18 et 19 juin 2018. Les Rencontres nationales du transport public (RNTP) qui se sont tenues à Nantes cette année du 1er au 3 octobre 2019 constituaient donc l’occasion idéale pour le constructeur de présenter la version de série pour la toute première fois.
Constituant le prolongement des quatre prototypes qui ont parcouru les routes de nombreuses agglomérations françaises et européennes au cours des deux dernières années, la version de série intègre les retours d’expérience des passagers et des opérateurs de transport.
Ainsi optimisé, l’Aptis progresse dans de nombreux domaines dont celui de l’insertion dans la circulation. L’angle de braquage des roues atteint désormais 40°. La diminution de 10 % du poids du véhicule, cumulée à l’utilisation de nouvelles batteries plus performantes, renforce substantiellement l’autonomie. Celle-ci peut aller jusqu’à 250 km à présent.
Rendu plus léger, l’Aptis accueille donc davantage de voyageurs (23 passagers de plus par rapport aux prototypes portant, ainsi, leur capacité à 100 voyageurs) et propose plus de fluidité grâce à de nouvelles portes coulissantes larges de 1,30 m.
Les aménagements intérieurs profitent aussi de ces améliorations, avec l’installation d’une nouvelle climatisation via une pompe à chaleur, le rehaussement du salon panoramique arrière et l’implantation de nouvelles suspensions hydrauliques. De fait, Alstom place son premier bus électrique parmi les plus silencieux du marché.
Le premier des 85 véhicules de 12 m commandés sera livré en… proximité. Quittant la nouvelle chaîne d’assemblage de Hangenbieten (Bas-Rhin), il n’aura qu’à rouler une vingtaine de kilomètres pour rejoindre la ville de Strasbourg courant novembre. La capitale régionale en a commandé 12 exemplaires au total. Puis, ce sera La Rochelle qui recevra les premiers de ses quatre véhicules d’ici la fin de l’année. Les livraisons pour les villes de Toulon (12 véhicules), Grenoble (7) et Paris (50) suivront courant 2020, cette dernière recevant son premier exemplaire en juin. Au nombre d’une centaine environ l’année prochaine, ces livraisons se poursuivront en 2021 et au-delà, puisque le constructeur attend de nouvelles commandes tant en France qu’à l’étranger d’ici la fin de l’année 2019.
Les premières villes européennes à commander le véhicule pourraient se situer en Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Italie et Belgique. « Ce sont les cinq marchés que nous identifions aujourd’hui, car les plus enclins à se tourner vers l’électrique », confirme Benjamin Bailly, en charge de la plateforme e-bus au sein d’Alstom.
Sans oublier les 200 exemplaires en option figurant dans la commande de Paris, Alstom pourrait être, ainsi, en mesure d’atteindre son objectif de livraison de 400 véhicules par an à partir de 2022. D’autant que, malgré tous les effets d’annonces, seuls 5 % de la flotte européenne de bus est actuellement électrique. À terme, et selon des ambitions confirmées par le constructeur, Alstom pourrait, ainsi, s’arroger un tiers du marché du bus électrique.
Ces objectifs ne pourront, toutefois, être atteints que si un élargissement de la gamme est réalisé. Alstom joue pour l’heure la carte de la prudence dans ce domaine. Benjamin Bailly indique, en effet, « qu’on ne travaillera pas à un élargissement de la gamme avant d’avoir démontré le succès d’Aptis ».
Pour autant, le constructeur compte beaucoup sur sa flexibilité pour être en mesure d’atteindre ses objectifs commerciaux. Ainsi, le laps de temps s’écoulant entre la commande et la livraison, de l’ordre de 9 à 12 mois, sera progressivement réduit à 6 mois seulement. En outre, les villes se voient donner la possibilité de réduire le coût d’acquisition des véhicules en louant les batteries. C’est l’option qu’a choisie Grenoble, par exemple.
Aux alentours de 2025, une nouvelle génération de batteries pourrait porter l’autonomie des véhicules dans une fourchette comprise entre 300 et 350 km. En attendant, les autres actualités d’Aptis comprennent des essais en Ile-de-France avec RATP pour sa future intégration dans le réseau francilien et des essais également en Espagne avec la solution de recharge par le sol (SRS, lire BCC n° 1082).
Ce système de recharge statique par le sol est dérivé de celui qui sera mis en service sur la nouvelle ligne de tramway de Nice à l’été 2018. Il permet, ainsi, d’embarquer moins de batteries, la masse des batteries lithium-ion étant ramenée à environ une tonne. Cette donnée est à comparer avec les 2 à 2,5 t de batteries embarquées sur les autres véhicules. Le temps de recharge rapide (à l’inverse des recharges lentes réalisées dans les dépôts de nuit ou à mi-journée pour les deux premiers prototypes) pourrait être compris entre 4 et 6 minutes aux terminus des lignes parcourues à la vitesse maximale de 90 km/h. « Il permettra au véhicule de parcourir une distance bien supérieure à 250 km quotidiens et de s’affranchir de la notion d’autonomie. Au-delà de la réduction de la masse des batteries, l’enjeu est bien de fournir au véhicule des compléments d’énergie tout au long de la journée pour assurer une exploitation maximale », résume Chistophe Durand, responsable business développement des bus électriques chez Alstom.
Ainsi, pourraient s’ouvrir de nouveaux marchés pour les 20 % d’opérations dépassant les 250 km quotidiens ou pour les villes où la climatisation fonctionne dans des conditions extrêmes à cause des fortes températures. Les Aptis (tous commandés, pour l’heure, en charge lente) pourraient donc être équipés de batteries de type Li-ion LTO (100 kWh) pour les recharges rapides lorsque le marché l’exigera.
