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Routes: de multiples pistes d’innovation

Dans les imaginaires, le monde de la route est souvent associé à la voiture individuelle et à la pollution, et opposé au transport ferroviaire. Pourtant, les infrastructures routières sont au cœur de profondes mutations sociétales et n’échappent à aucune d’entre elles. Dans les années à venir, elles devront relever des défis de taille et s’inscrire dans de nouveaux modèles économiques, sociaux, environnementaux, serviciels, partenariaux, techniques et juridiques. Des transformations qu’il faudra mener d’une main de maître pour tenir la route.

Si la voiture individuelle est encore dominante dans les pratiques, elle n’est plus au sommet de la pyramide des modes de déplacement. Elle appartient désormais au même cercle que les transports collectifs, les transports en commun, le vélo, la marche ou les objets de glisse urbaine. Les modes alternatifs à la voiture explosent et la voiture elle-même se transforme à la fois dans sa technique (électrification, autonomisation, connectivité) et dans son usage (de la propriété au partage). Ces transformations sont plutôt une aubaine pour les infrastructures routières car elles appellent de nouveaux aménagements et services. Cela va des stations de recharge électrique, au gaz naturel vert ou à hydrogène, à des systèmes de communication avec les véhicules, en passant par des aménagements qui permettent la circulation de tous les modes. Mais l’heure est encore au tâtonnement.

Dans les villes, on tente de trouver les bonnes formules pour accueillir toujours plus de modes sur des espaces contraints. Entre voies dédiées et espaces partagés, les cœurs balancent. Et que dire du véhicule autonome qui, il faut l’admettre, questionne tant du point de vue de l’usage que de l’espace à lui accorder? Dans les territoires peu denses, on cherche des solutions pour sortir de la dépendance automobile et permettre à tous (adolescents, jeunes adultes, personnes âgées…), y compris les personnes à mobilité réduite, de se déplacer. À l’horizon 2030, on y mise sur le développement du covoiturage mais aussi du vélo moyenne et longue distance et des bus citoyens (des bus gérés par une association, cofinancés par des collectivités et des opérateurs de transport, et conduits par un réseau de bénévoles). Face à la baisse des budgets des collectivités, l’heure est à l’ingéniosité et à la débrouillardise.

Agilité des infrastructures

Quels que soient les territoires, les dirigeants appellent un urbanisme agile, tactique et éphémère. Entendez des aménagements peu coûteux et modulables. Mais encore faut-il que les cadres juridiques et financiers permettent de tester des nouvelles solutions et de réitérer les expériences. De ce côté, une fenêtre s’ouvre avec de nouveaux types de marchés publics: la Délégation de service public sur l’exploitation des services de mobilité au sens large et le marché global de performance pour les travaux publics. L’évolution du Code des marchés publics et la réflexion du Conseil d’État sur l’avenir du droit à l’expérimentation, sont tout aussi encourageantes.

L’impératif écologique est le deuxième changement majeur qui touche les infrastructures routières. À l’horizon 2030, on parle en France d’une augmentation significative des événements climatiques (canicules, vagues de chaleur, inondations, coulées de boue, fortes pluies, vents forts et tempêtes), mais aussi d’une augmentation des prix de l’énergie et des ressources naturelles stratégiques. Premier défi, intégrer pleinement un modèle d’économie circulaire, toujours plus local et qui utilise et génère des matériaux renouvelables et recyclés. Deuxième défi, mettre en place des ouvrages capables de résister à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes climatiques. Troisième défi, développer des systèmes techniques et organisationnels permettant de remettre rapidement les voies en état. Quatrième défi, créer des routes à énergie positive, c’est-à-dire qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment.

Les premiers systèmes géothermiques sont actuellement testés en France et les promesses sont fortes, l’énergie générée permettant d’alimenter les bâtiments alentour, et même certains véhicules. Avec le développement de ces nouveaux services, les infrastructures routières prennent un nouveau virage. Si on y voit encore majoritairement un poste financier conséquent pour l’installation et l’entretien, les routes et les services associés vont aussi permettre de réaliser des économies, voire de générer des recettes. Il reste à s’assurer que les dispositifs mis en œuvre ont un cycle de vie global positif, c’est-à-dire qu’ils répondent vraiment à l’impératif écologique et ne viennent pas alourdir la facture environnementale du transport.

Mieux associer l’ensemble des parties prenantes

Accompagnée par le cabinet Chronos, une étude prospective démarrée au printemps 2019 visait à éclairer les nouveaux usages et les services de mobilité à l’horizon 2030, dans une optique d’anticipation et d’adaptation des infrastructures routières en dégageant les pistes d’évolution et les opportunités pour les acteurs. Une partie de l’étude a déjà fait l’objet d’un dossier publié dans Bus&Car Connexion n° 1076 du 5 au 18 juillet 2019, intitulé « Quand la route questionne son avenir » et éclairé par les propos de Pierre Calvin, président de Routes de France. D’autres enseignements sont présentés ci-dessous, qui rendent compte de quelques idées émises par une trentaine d’acteurs (collectivités territoriales, opérateurs de mobilité et constructeurs routiers) lors d’un atelier de créativité. Si ces idées sont plus ou moins vraisemblables, elles soulignent des enjeux majeurs pour l’avenir, racontent des transformations territoriales et partenariales et permettent d’imager un nouveau monde. Car, en prospective, les projections ont moins vocation à être véritables qu’à éveiller les consciences et engager des actions.

Un réseau de hubs intermodaux en zone rurale

Il s’agit de créer un réseau de hubs pour mailler les territoires peu denses et pour permettre le développement des modes complémentaires à la voiture individuelle: le vélo, les bus à haut niveau de service, le covoiturage, etc. Les hubs s’appuieraient le plus possible sur des infrastructures existantes (zones commerciales, parkings, aires de repos, stations de bus, gares…) et disposeraient d’une signalétique commune.

Les comités de routes et de rues

À l’instar des comités de lignes ferroviaires, les collectivités territoriales pourraient animer des comités de routes et de rues qui rassembleraient l’ensemble des parties prenantes: citoyens, usagers, associations, entreprises locales, institutions, opérateurs de mobilité et constructeurs d’infrastructures routières. Ces comités reposeraient sur des méthodes de concertation et contribueraient à définir les besoins, les usages et les services des routes, des rues et plus largement des espaces publics.

L’observatoire des usages des infrastructures routières

Les participants de l’atelier de créativité ont aussi préconisé le développement d’un observatoire des usages des infrastructures routières géré à une échelle nationale et déployé sur les différents territoires. Cet observatoire permettrait de recenser l’ensemble des projets mis en œuvre, d’en évaluer les impacts, les leviers et les freins, et de favoriser un échange de connaissances pour améliorer les futurs projets. Les données d’usage collectées alimenteraient également les régies de données de mobilité régionales et métropolitaines, promues par la Loi pour la transition énergétique et par la LOM.

Quelques innovations proposées par le secteur

Évolution des revêtements

• Végécol de Colas: un substitut végétal au bitume.

• La route « luminescente » d’Eiffage route et Olykrom: une peinture lumineuse pour éclairer les voies la nuit.

• Plastic road de KWS, Wavin et Total: une route créée à partir de la récupération de gobelets en plastique.

• Life Cool & Now noise Asphalt de la Mairie de Paris, Colas, Eurovia et Bruitparif: un projet de recherche qui vise à diminuer l’impact sonore des infrastructures.

Production d’énergie

• Power Road d’Eurovia: route à énergie positive couplée d’un système géothermique intersaisonnier de stockage et de restitution.

• Wattway de Colas et Inès: route solaire. Des dalles photovoltaïques résistantes sont collées à même les chaussées.

• Hélianthe(r) de Charier: collecte d’énergie thermique produite par la radiation solaire sur les enrobés des routes.

Véhicules autonomes

• A Nantes Métropole, l’entreprise Charier fait partie du consortium qui a expérimenté une navette autonome en 2018 sur un trajet de 650 mètres. L’entreprise Charier apporte la solution de captation de l’énergie photovoltaïque issue des infrastructures.

• En partenariat avec PSA, Vinci Autoroutes a déjà lancé plusieurs expérimentations de véhicules autonomes. Dans ce cadre, Vinci Autoroutes propose une infrastructure connectée qui envoie des informations de contexte à la voiture autonome.

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Auteur

  • Julie Rieg
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